Quand le passé fait à nouveau surface.
Près de dix ans après L'idéaliste, Francis Ford Coppola est revenu au cinéma avec des films plus modestes, plus personnels et qui ne veulent pas dépendre de la machine Hollywoodienne. Ca a donné au départ L'homme sans âge, catastrophique, puis Tetro, sommet d'ennui, et il continue avec Twixt, qui est plus intéressant que les deux précédents, mais n'est pas dénué de gros défauts.
Ce film raconte en filigrane l'histoire d'un romancier qui ne se remet pas d'une mort, quand il arrive dans une ville aux accents de Twin Peaks. Car oui, le film recèle de plein d'hommages, de clins d'oeils, dont certains sont de la propre oeuvre de Coppola. Je ne vais pas tout citer, mais comme le film est tourné en HD, il se permet désormais, comme dans dans Tetro cela dit, des plans en noir et blanc où surgit un détail en couleur comme dans Rusty James.
D'ailleurs, le passage du 35mm au HD fait que l'image est devenue d'une laideur sidérante, car elle n'est absolument pas naturelle, entre les ciels barbouillés à la palette graphique et les éléments du décors qui sont retouchés pour donner parfois une profondeur de champ dont on n'a pas besoin...
Le personnage du film est Val Kilmer, et ça fait presque mal au coeur de voir ce qu'il est devenu, un mélange entreSteven Seaga et Gérard Depardieu qui fait peine à voir, car il a chopé en plus l'inexpressivité du Saumon Agile. On y aperçoit aussi Edgar Allan Poe, joué par Ben Chaplin, et par pure charité, je n'en dirais rien...
J'attaque quand même le fait qu'il y a Bruce Dern en flic un peu pot-de-colle, et la plus intéressante de tous, Elle Fanning, qui est la clé de l'histoire, car elle a l'air d'être (ou de ne pas être) une âme errante, elle apporte la vraie émotion du film.
Comment souvent, Coppola apporte de sa propre histoire pour composer ses films, et ici, c'est l'accident mortel de son fils, tué d'un accident de bateau dans les années 80, qui est reconstitué à l'identique, car c'est le trauma du personnage de Val Kilmer.
Si on ne connait pas la bio de Coppola, la portée de la scène ne saute pas aux yeux, mais en sachant ça, ça rend le moment très poignant, même si je reste persuadé que le meilleur hommage qu'il lui ait fait reste dans le très beau Les jardins de pierre, sorti peu de temps après l'accident.
Tout cela ne serait pas si grave si Coppola n'avait pas décidé de foutre en l'air le script, car ça part dans tous les sens, ça puise dans ce visuel ridicule, voire Z par moments (peut-être un hommage à Roger Corman, cela dit...), pour aboutir à un grand n'importe quoi, dont le film se serait bien passé.
La vraie grande qualité du film est dans sa musique, composée par Osvaldo Golijov, est qui est vraiment somptueuse, on y retrouve presque les moments lyriques de Dracula, c'est dire !
Mais à la fin du film (qui est assez court), il ne reste qu'un sentiment de gâchis, et venant de la part d'un des cinéastes de chevet (vous ai-je parlé de mon amour pour Le parrain 2 ?), ça me donne vraiment envie de pleurer de le voir aussi bas.