"Entre sa naissance et sa mort, cet enfant n'a fait que mourir"

Arnaud Desplechin, je t'aime, je te hais.

Cet homme a l'art de filmer le drame et l'implosion du noyau familial, les secrets et les tensions régnant au sein d'un groupe social, que dis-je, d'une cellule, avec une infinie justesse, souvent déconcertante.
Bien sûr, on aime Desplechin ou on le hait tout bonnement, bien sûr, on serait tentés de dire qu'il fait toujours les mêmes films, parce que toujours les mêmes acteurs (Mathieu Amalric donc, Emmanuelle Devos, Catherine Deneuve, Hippolyte Girardot, ...), et les mêmes thèmes qui reviennent sur fond d'éclatement familial (le deuil, la folie, la maladie), bien sûr, on retrouve souvent la même mise en scène (la lettre, les face caméra, la narration par un personnage, une caméra furtive), oui, bien sûr.
Mais il a ce savoir, ce talent de nous faire vivre ces scènes-là, de faire exister ses personnages, de les rendre douloureusement, follement humains. Les repas de famille d'"Un Conte de Noël", nous y sommes conviés, Elisabeth pourrait être une tante dépressive, et Henri un cousin excentrique, quant à Paul, Paul... Personne ne préfère aborder le sujet.
La caméra nous déstabilise par sa non-linéarité, ses mouvements un peu brusques parfois, et ses zooms qui n'en finissent plus sur le visage de Mathieu Amalric, lisant sa lettre à la sœur qui l'a banni, en écho à celle que lisait Maurice Garrel à sa fille tant haïe dans "Rois et Reine", sur fond d'un décor sombre et inquiétant, comme le drame qui se prépare.
Une tragédie grecque sur un fond d'air endimanché des grands jours enneigés.

Ca semble trop facile.

Desplechin, je t'aime je te hais.
Percolatrice
7
Écrit par

Créée

le 9 janv. 2011

Critique lue 426 fois

3 j'aime

Percolatrice

Écrit par

Critique lue 426 fois

3

D'autres avis sur Un conte de Noël

Un conte de Noël
Jambalaya
9

Le diner de cons

Gardons-le notre cinéma national, jalousement, même s’il déplait à certains qui le trouvent trop chiant et cérébral, voir incompréhensible et laissons M. Besson se débrouiller seul dans ses...

le 13 sept. 2013

33 j'aime

5

Un conte de Noël
Eiffel_The
6

Critique de Un conte de Noël par Eiffel_The

Peu de films m'ont poussée à réfléchir autant je crois, à tout décortiquer pour m'expliquer cette ambiguïté d'affection - affliction ressentie durant le visionnage. Le film souffre de plusieurs...

le 5 août 2010

24 j'aime

1

Un conte de Noël
ErrolGardner
9

Règlements de comptes à OK.Roubaix

« Je ne t’ai jamais aimé » (Amalric). « Moi non plus je ne t’ai jamais aimé » répond Deneuve, avec la plus simple honnêteté. Du franc-parler franc-maçonnique. Dans cette famille, on se dit les...

le 16 mai 2013

16 j'aime

Du même critique

La Cité de la peur
Percolatrice
8

Monsieur n'est pas une grosse tapette. Monsieur est inspecteur de police.

Parce qu'avec "La classe américaine", ce film est un petit bijou de répliques dont on ne se lasse pas et qu'il fait bon de ressortir au cour d'un dîner très distingué. Quoi de mieux qu'une petite...

le 4 janv. 2011

21 j'aime

3

Sherlock
Percolatrice
8

Quand on a éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela puisse paraître, est forcém

Merci, oui, je dis bien MERCI la BBC pour cette belle adaptation des aventures de mon détective préféré, toutes catégories confondues! J'ai beau adorer Robert Downey Jr, le film de Guy Ritchie...

le 6 janv. 2011

10 j'aime

3