Contrairement à ce que cette traduction française peut laisser sous-entendre, il ne s’agit nullement d’un biopic de Stephen Hawking basé sur son livre « Une brève histoire du temps ». Il s’agit bien d’une adaptation de la biographique de Jane Hawking, sa femme. Il ne faut donc pas s’attendre à une vulgarisation non stop des travaux d’Hawking mais bien de son histoire de couple à travers son handicap avec, en toile de fond, bien évidemment, ses recherches en cosmologie.

Une chose tout d’abord, pour expliquer ma note on ne peut plus enthousiaste : au-delà de ne pas aimer les biopics, je DETESTE les biopics et tente le plus souvent de les éviter comme la gale. Alors quand j’en aime un, cela ne peut pas être qu’un petit peu.
Dans la majeure partie des cas, ce genre de films s’attache à des personnes connues pour ce qu’elles ont fait, ou font, et rarement pour ce qu’elles sont. L’angle d’attaque est très souvent peu délimité et laisse un rendu d’une linéarité affligeante (naissance, vie, décès), invariablement jalonné de petites anecdotes dont on se fout royalement, genre J. Edgar Hoover portait les robes de sa mère. Cela pour tenter vainement de donner du relief à des personnes qui n’en ont pas ou très peu. Un bon documentaire est parfois plus parlant et plus intéressant qu’un film car très souvent, au-delà de ce pourquoi ils sont connus, les personnages de biopics sont ININTERESSANTS comme personnages de films.

Dans The Theory of Everything, on nous parle d’un personnage extraordinaire. Non pas pour ce qu’il a fait (même si ses théories ont contribué à une avancée scientifique certaine), mais comment il l’a fait. Sincèrement, si Hawking n’avait pas subi cette terrible maladie, je doute que le commun des mortels aurait entendu parler de lui. Par ailleurs, je doute également que le film aurait eu une once d’intérêt, voire même je pense qu’il n’y aurait eu aucun film. Tout ce qu’il a vécu l’a transformé, bien malgré lui, en génial personnage de cinéma. J’ai donc vu ce film comme une magnifique histoire et non comme un biopic.

L’angle d’attaque est lui aussi intéressant et nous détache d’un point de vue attendu (celui de Hawking lui-même) car quasiment tout le film est vu au travers du regard de Jane, son épouse. Elle est presque le personnage central du film, ou plus précisément, leur couple en est le sujet principal. Ce film est une histoire d’amour dans un couple dont un membre est un génie handicapé et non pas l’histoire d’un homme brillant qui nous parle de trou noir. La preuve par cette scène dans laquelle Hawking expose ses théories à de grands pontes dans un amphithéâtre. Le dernier plan est celui du visage de Jane qui observe son mari. De même le film occulte tout un tas de choses annexes qu’il passe en accéléré (notamment leurs enfants, ou la célébrité de Hawking).
Bien sûr, tout n’est pas parfait et l’on retrouve inévitablement une chronologie linéaire mais le personnage que l’on voit évoluer sous nos yeux est tellement passionnant que cela n’ôte en rien l’intérêt du film. Quant aux critiques évoquant un film à la réalisation classique, ne visant qu’une course à l’Oscar, je n’ai d’autre réponse qu’une question : est-ce que cela en fait un mauvais métrage ? Il est vrai, par ailleurs, que The Theory of Everything ne brille pas par sa réalisation et l’on peut se demander si justement cette histoire n’aurait pas mérité un traitement un peu plus original.
Dans le fond, ce qui m’a touchée dans ce film c’est cette histoire hors norme d’un personnage brillant qui apprend un jour que toutes ses pensées resteront à jamais coincée dans son corps mais qui parvient à en faire fi, jusqu’à en rire.

Concernant les acteurs, brillants, je ris sous cape en lisant que Redmayne n’est pas crédible ou qu’il se révèle insupportable, qu’il recherche son Oscar à tout prix lui aussi. Comment peut-on reprocher à un acteur de se fendre d’une performance pareille ? Comment aurait-il donc du jouer ce personnage ? Il y a un vrai respect dans son jeu et un travail, je pense, considérable qui mérite vraiment d’être souligné. Sa transformation tout au long du film est un tour de force. Bien sûr qu’il s’agit d’un véritable rôle à statuette dorée (changement physique, handicap, diction) mais là encore : who cares ? Il est acteur après tout.
Mon dernier mot ira, bien évidemment à Felicty Jones qui éclipse tout de même son partenaire par sa présence folle. Elle transmet d’un regard une palette d’émotions d’une grande maturité. Son personnage est un réel bonheur et son jeu est parfait.

Je peux comprendre les gens qui n’ont pas aimé ce film car il reste assez classique dans son traitement et peut être déroutant pour les spectateurs qui s’attendaient à un vrai biopic (bien pourri) où ils apprendraient plus de trucs sur les trous noirs et le voyage dans le temps. Pas de bol : il faut lire les bouquins de Hawking !
Descendre un film parce qu’il ne correspond pas à l’idée que l’on projetait de lui est difficilement valable. En revanche, l’aimer pour cette même raison, c’est assez jouissif !
Before-Sunrise
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le 23 janv. 2015

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