Tout d'abord, je tiens à préciser que la bande-annonce ne reflète ni l'ambiance, ni la chronologie du film. La surprise était donc totale.

Principal intérêt du film, l'interprétation de Romain Duris est impressionnante, toute en subtilité et jamais dans la performance outrancière. Au delà-du mimétisme, il devient réellement femme, retrouvant par intermittence toute sa virilité dans la peau de David. En homme et femme complets, il est en parfaite osmose avec Anaïs Demoustier, particulièrement émouvante en jolie garçonne éternellement dans l'ombre, qui revient dans la lumière grâce à la féminité révélée du mari de sa meilleure amie défunte, amie dont on comprend dès le début qu'elle était secrètement amoureuse.

On pourrait reprocher au film de ne pas être réaliste, mais nous sommes prévenus dès les premières minutes, à la façon dont est présentée la vie de Claire et Laura : nous avons affaire ici à un conte. Celui-ci sert traditionnellement à nous faire rêver tout en révélant des vérités parfois sombres sur notre société et c'est exactement ce que le film fait ici. François Ozon sait varier les tons et perdre le spectateur pour mieux le récupérer à la fin. Toujours sur le fil, toujours à la frontière du ridicule, le film nous rattrape à chaque fois pour nous ramener vers la comédie vaudevillesque, la chronique sociale émouvante ou le thriller glaçant (nous rappelant au passage qu'il s'agit d'une adaptation de Ruth Rendell).

Un conte utopique qui, tout en douceur, explose gentiment tous les codes moraux et familiaux de notre société. Les personnages se réalisent sous nos yeux et nous font profiter de leur liberté progressivement acquise comme d'une évidence qui n'a pas besoin d'être imposée, mais simplement d'être reconnue. Une réalité que l'on souhaiterait pas si lointaine.
JuliaR1
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le 11 nov. 2014

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