Apprécier Upside Down implique de laisser de côté le cerveau analytique du cinéphile pour donner toute la place à l'intelligence émotionnelle. Voilà un film qui part d'une idée particulièrement originale et créatrice qui déroule pendant 1h47 un univers onirique d'une richesse visuelle rare et en exploite jusqu'au bout les possibilités scénaristiques infinies que donne l'idée de départ. Cette idée tient finalement en peu de choses mais est une pure boite à inspiration. Deux mondes (deux planètes) vivent côte à côte, à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, celui du haut et celui du bas. Les deux gravités s'opposent, les uns vivant la tête en haut, les autres la tête en bas, ou le contraire... Le monde de ceux d'en haut (florissant) est fermé à ceux d'en bas (miséreux), pour qui d'en bas s'aventurerait en haut, une loi physique fait qu'il prendrait feu. Mais l'amour ignore et méprise les flammes, un garçon d'en bas tombe amoureux d'une fille d'en haut. Quand on constate qu'il s'agit de Kirsten Dunst, on ne peut que compatir avec le malheureux possédé par l'amour éternel d'une telle beauté.

La beauté occupe d'ailleurs tout le film, tant le travail esthétique est omniprésent, cela commence dès le générique avec une belle recherche graphique associée à une musique présente mais légère qui se retrouvera tout du long. Les images numériques, à travers un joli filtre bleu, sont bien sûr visibles de bout en bout mais sont crédibles et contribuent à la création d'un monde ahurissant, qui donne parfois mal au crâne tant on ne sait pas où donner de la tête. Les trouvailles esthétiques et scénaristiques tirées de cette idée de deux mondes opposés se multiplient et donnent certaines scènes étonnantes et parfois magiques, magnifiques, mélangeant beauté, imagination et grand spectacle. Les décors et les paysages sont somptueux, pour qui sera capable d'oublier leur petit côté « fond d'écran ». Juan Solanas a un œil c'est indéniable, naïf peut-être, touchant certainement, même si ici cet œil est informatique avant tout.

Il a aussi l'oeil pour les seconds rôles qui réjouissent quand il s'agit de retrouver le cabotin Timothy Spall ou James Kidnie en PDG sans scrupules. Aux premiers rôles, Kirsten Dunst belle, rayonnante et touchante éclipse tout le reste du casting, elle survole le film avec la grâce évanescente et le talent qui la définissent et gratifie le spectateur de sourires plus dévastateurs les uns que les autres.

Seul bémol de mise en scène et de narration, la deuxième partie du film donne à plusieurs reprises le sentiment que l'on vient d'en voir la fin, notamment à un moment précieux qui aurait mérité de constituer une fin qui n'aurait été ni triste ni heureuse et aurait évité ce passage obligé que constitue la very happy end qui est celle d'Upside Down. Ceci dit, le fait qu'on est heureux pour nos deux beaux héros montre que cette very happy end, même si un tantinet mièvre, n'est pas si mauvaise et qu'il n'est pas si loin le temps de l'âge d'or d'Hollywood où le spectateur se régalait de baisers langoureux et d'histoires d'amours triomphantes.
Jambalaya
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le 10 mars 2013

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Jambalaya

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