Beaucoup de choses ont été écrites sur ce dernier Pixar. Beaucoup de très bonnes choses, justes et touchantes. Je n'avais pas forcément envie d'en remettre une couche mais j'ai besoin de parler de ce film, du moins de ce qu'il m'a fait ressentir. Je ne peux pas concevoir le fait de l'avoir laissé traverser mon existence sans en dire deux ou trois mots. J'ai besoin de remercier Pete Docter et Pixar, voire Disney, voire même le Cinéma en général.
Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de parler sérieusement de moi. Je ne suis pas adepte des blogs ou autres journaux intimes publics. Je souhaite utiliser comme tribune ce cher SC qui m'accompagne depuis maintenant des années.
Vice Versa est entré dans ma tête. Beaucoup d'entre nous peuvent le dire et le pensent, mais aujourd'hui, je veux parler de moi. Pixar est entré dans ma tête, en a saisi tous les rouages et m'a complètement bouleversée avec son histoires de billes et d'îles.
J'ai passé une Enfance extra. Une Enfance que sans doute beaucoup de gens que je connais m'envie. Je n'ai pas voyagé, je n'ai pas eu beaucoup d'amis, je détestais les filles, je n'avais pas d'animaux de compagnie et mon frère était beaucoup trop âgé pour jouer avec moi. J'ai vécu dans ma tête pendant des années. J'ai joué avec moi-même pendant des heures, c'est sans doute pour cela qu'à l'adolescence je ne me supportais plus, mais bref, ce n'est pas ça le sujet.
Le sujet c'est que chaque jour qui passe, je ne fais que me raccrocher au fait que mon Enfance était extra mais jene peux m'empêcher de penser qu'elle s'éloigne de plus en plus. Il y a un porte-clé Shaun the Sheep sur mes clés de bagnole et un extra-terrestre de Toy Story sur celle de mon appartement. Tout ça pour ne pas oublier que dans le fond, malgré tout, le vie est tellement plus chouette quand on est gamin, mais que moi, je n'ai plus 6 ans. Les gens se demandent parfois pourquoi je n'aime pas les mômes et pourquoi je n'en veux pas. C'est parce que je suis éperdument jalouse d'eux et que j'aurais trop peur de briser l'innocence et l'imaginaire dont ils sont emplis.
J'ai chaque jour conscience de ce que j'oublie de ce temps-là et c'est sans doute l'une des plus grandes souffrances de ma vie. Car il faut bien le dire, la vie sans les souvenirs d'Enfance, c'est totalement à chier.
On appelle ça une putain de nostalgie de trentenaire.
Alors quand Joie apparaît à l'écran avec ces petites billes jaunes et qu'elle fait voir à Riley de la lave entre le canapé et la table basse, j'ai juste envie de hurler. Ce film est à la fois une incommensurable déclaration d'amour à l'Enfance et une terrifiante déchirure pour tous ceux qui se rappellent encore du prénom de leur ami imaginaire. Ce film est tellement prodigieux qu'il vous fait sangloter de rire. Il met en lumière l'une des plus belles périodes de la vie, tout en nous assenant sans ménagement qu'elle ne durera jamais. Jamais. On oublie, on construit autre chose, certes, mais ce ne sera jamais pareil. Je ne vois plus de lave entre mon canapé et la table basse, je ne vois que les poils de mes chats et de la poussière qu'il faudra que j'aspire, encore.
Mais après tout, le film nous dit que la tristesse peut être mère de choses formidables, voire même de bonheur. C'est en effet sans doute cette nostalgie constante que me fais aimer autant le Cinéma. C'est sans doute grâce à ce que j'ai vécu entre 6 et 12 ans que je suis désormais Before-Sunrise, avec son inébranlable Top1 qui n'est autre qu'une grosse peluche qui vole.
La nostalgie ce n'est finalement peut-être qu'un peu de joie à la valeur inestimable dans un fatras de tristesse dispensable. La vie ne vaut d'être vécue qu'à travers les souvenirs vu que le futur nous est inconnu mais qu'il se construit grâce à eux.
Voilà, tout ça pour dire que Vice Versa est un film d'animation extraordinaire, poignant et absolument vrai de début à la fin. Tout est là, il ne nous ment jamais. Même si ça fait un peu mal.
Merci d'avoir lu jusque là. Promis ma prochaine critique en sera vraiment une.