C'est Jules Verne, Stevenson, Conan Doyle et Swift qui entrent dans un bar et...

Second opus de la saga Voyage au centre de la terre, L'Île mystérieuse prend plus clairement le parti de faire des romans de Jules Verne un guide vers des réalités ignorés et inimaginables. On déplore néanmoins le tristement absurde titre du film: Voyage au centre de la terre 2. Ce n'était pas nécessaire et montrent que cette saga eût eu un peu plus de crédibilité en s'intitulant La Famille Anderson et les secrets verniens.

Il possède néanmoins un charme supérieur à son prédécesseur, adaptant trois Jules Verne L'Île mystérieuse et L'Oncle Robinson et Cinq semaines en ballon (pour la montagne d'or) en les mélangeant avec les univers de Stevenson (L'Île au trésor), Conan Doyle (Le Monde perdu) et Swift (Gulliver). Partant de ce double constat, on peut aisément lui pardonner des erreurs graves dans l'adaptation du livre homonyme: le Nautilus est déjà enfoncé sous l'île et constitue le tombeau de Némo (qui donc se trouve à l'intérieur et non à l'extérieur avec son journal de bord), l'île Lincoln à laquelle réfère le titre n'est pas

puisque Némo la montre à Aronnax dans Vingt mille lieues sous les mers mais bien une île déserte sans rapport avec celle-ci, il n'y a pas d'abeilles géantes chez Verne et les lézards sont empruntés.... au Voyage au centre de la terre...

Le film s'impose donc en véritable hommage à l'univers vernien tout entier, quitte à adapter librement certains aspects pour en faire des fictions qui recèle une vérité plus incroyable encore.
Fort de cet hommage, il l'associe aux univers d'une des sources et de deux des continuateurs de Jules Verne.
Le film est à l'image des cartes rassemblées en début de film pour faire des îles de Stevenson, Verne et Swift une seule et même île: une idée extrêmement intéressante mais qui pose des problèmes de logique.

Pourtant, ce film acquiert cet aspect verniana qui sonne comme un cri de ralliement de toutes les générations à la passion vernienne (qui plus est, par un américain: so, cocorico!).
Trois générations sont en effet représentées là, ayant chacune un personnage en qui se retrouver.
Pour les plus vieux ou les plus old-school, c'est le délicieusement railleur et flegmatique Michael Caine (Le Limier, Inception, Batman) qui joue les oncles Robinson, ou pour mieux dire les grand-pères, vieux sages, pleins d'un savoir à transmettre.
Pour les plus jeunes ou les plus new-school, c'est Dwayne Johnson alias the Rock (Le Retour de la Momie, Max la menace, Fast & Furious) qui joue les beau-pères soldats, plus crédible sans doute que ne l'est Brendan Fraser dans le premier opus et nanti d'un comique plus enlevé (on notera les conseils hilarants de séduction donnés à son beau-fils)

Tout cela donne un bon divertissement doublé d'un bel hommage aux romans d'aventures et robinsonades et avant tout à l'univers de Jules Verne.
Dommage que certaines libertés aient été prises et que les univers de Verne et Swift, bien qu'en total intertextualité en général, s'entre-coquent si mal...

Verniens, ce film est fait pour nous!