Cinq ans après la massue Love Exposure, Sion Sono abat Why don't you play in hell. Même s'il fait jubiler un public toujours plus large et a maintenant sa place dans les festivals les plus prestigieux, le cinéaste japonais semble toujours opérer dans l'underground (en France la sortie est DTV) – la signature reste en ce sens. Dans cet opus, l'énergie délirante des V-videos se trouve canalisée par l'ambiance des super héros vulgaires et juvéniles typique du tournant 2010.


WDYPH est loin d'être aussi agressif et déviant que beaucoup de productions inscrites dans le même registre ultra désinhibé. Contrairement à Cold Fish ou Suicide Club, cet opus n'est jamais remuant par son contenu ou déroutant par les perversions affichées. La quantité fait le malaise. WDYPH est dans la profusion à chaque instants ; le ton et l'inspiration uniques, l'inventivité de Siono, se font sentir avec force. Cependant, progressivement la séance ne contient plus qu'un déferlement de violence extrême. Les déjections sanguinolentes sont le seul repère dans la bouillie. C'est la parade du gore festif, chaperonné par une Miley Cirus asiat.


Tarantinesque en diable, Sono galvaude sa singularité. Il se laisser gagner par un cancer du cinéma post-moderne, soit la parodie méta' sans le moindre fondement (et sans aspiration réelle), légitimant par là sa diarhée de couleurs et d'action, laissant le soin à ceux qui voudront de sur-interpréter quand il s'agit surtout d'apprécier le 'trip'. S'il atteint la hype décisive (dont il se contrefout probablement), Sono y perd et s'approche de la fosse où rayonne Kick-ass. Le collectif des Fuck Bombers et son ambition de révolutionner le septième art ne sont que le gimmick d'un happening tapageur mais dépouillé, vidé, nihiliste par sa fatuité plus que par son intelligence. La capacité à ébranler propre à Guilty of Romance est absente, l'exaltation est là mais soutenue par des élans éphémères et aucun esprit.


https://zogarok.wordpress.com/2015/07/08/why-dont-you-play-in-hell/

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le 8 juil. 2015

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