Quand un film sort du pieu, forcément ça fait jaser.

Polémique ou pas polémique?
C'est la question que semble s'être posé un vieil auteur anglais de la fin de son seizième siècle poussiéreux et dont la relecture de nos jours laissent tantôt froids quelques zigues dont l'aigreur commence à suinter sous leurs yeux perfides jusqu'à en former de délicates plaies d'âge plus communément appelées rides (ô Perfide Albion), car oui ceux-là ont perdu leurs beaux jours madame; tantôt enorgueillis quelques jeunes loups dont la seule appréciation de ce document les classera à tout jamais sous l'étiquette de la culpabilité, de l'infâmie, de la vacillante "Hype" (remarquez qu'écrire hype ne l'est pas mais que taper sur la hype l'est: le monde est insolite parfois) allant jusqu'à les insulter de "hipster" (ces gens qui se la pètent tellement avec leurs looks délurés mais étudiés, glanés de Londres ou Berlin) quand bien même ils s'extasieraient devant des canulards sans grande prétention et dont la seule force est d'arriver à un point plus avancé dans le ouattedafeuc que le précédent sur fond de "mais c'est géniaaal" et autres inepties drolatiques.

En vérité je vous le dis mes agneaux et aieux: il est de bon ton aujourd'hui de faire la fine bouche et d'estimer que la large majorité des films sortis en salle ces cinq dernières années sont des bouses dont quelques critiques autoproclamés trouvent assez de plaisir et de patience à brosser leur égo afin de les démonter sans rougir d'un effort devant vos yeux émerveillés. C'est qu'ils ont eu le temps de se préparer les bougres aussi. Seulement, il est également de bon ton de remettre les pendules à l'heure quand certains se prennent à remplir la soupe de mollards tout aussi dégueulasses que leurs top 10 (qui en soit ne sont qu'une appréciation de leurs goûts respectifs - et respectables dans une moindre mesure) ou que la barque tangue trop fort vers les critiques écrites en bout de papier de toilette (faute de place), ignares, incompréhensibles et présomptueuses lorsqu'il s'agit d'établir les motifs d'inculpation d'un tel film à la barre des daubasses réchauffées pseudo-intello.

Wrong -et venons-en au sujet de ce post- est un film qui met du soleil là où il n'y en a plus. N'en déplaise à ces vampires de Senscritique que vous avez lu avec plaisir ou patience, c'est un film réjouissant tout comme l'était, si j'ose la comparaison, Weerasethakul quand je le découvrais (mais là, je saborde moi-même mon discours). Ici et là, je retrouve les mêmes griefs, interrogations laissées en suspens par des encéphales devenus mou de paresse et retrouve des notes désastreuses parce que pauvre Dudule, tu n'as rien pané de tes deux heures passées sur un siège où que ça t'a fait mal d'y aller parce que c'était cher, après tout, les deux heures perdues de la sorte. Non, je persiste et je signe, le sens n'est pas en amont du film ou lors de sa création. Sa valeur analytique, lecteur, celle qui nous intéresse ici, c'est vous qui la lui donnez. Ainsi bon nombre d'entre vous n'ont peut-être pas simplement fait l'effort d'entrevoir par ce métrage un petit bout de lande abandonnée chère à quelques cinéastes qui veulent dire des choses. On retrouve les thématiques de la perte d'identité, l'illustration cocasse de l'état des rapports actuels que peuvent avoir deux êtres humains, de la posséssion, du matérialisme; bref, Wrong est un film qui ne paye pas de mine mais qui en dit pourtant long sur son temps. Bien entendu, il ne s'agit pas d'un chef d'oeuvre qui avec pour grandes lignes scénaristiques mais non moins risibles "un homme qui paume son chien", rejoindra les classiques du Hall of Flame du cinéma mais c'est là tout simplement un film surprenant et déroutant (il n'en fallait pas plus pour une levée de boucliers réac'), à l'instar de Rubber (qui lui traite du...? cinéma, très bien Dudule - déroutant/rubber: un pouce vert pour celui qui a ri à ce jeu de mots simplet), bien filmé (ce qui n'est plus une mince affaire aujourd'hui, tout le monde en conviendra), pince-sans-rire et qui mérite bien plus que ces notes et appréciations catastrophiques, le regard de spectateurs avertis, le vôtre, mesdames et messieurs.
Albion
8
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le 3 sept. 2012

Modifiée

le 4 sept. 2012

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Albion

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