Il est probable que Quentin Dupieux soit fan absolu des frères Coen et plus particulièrement de leur chef d'oeuvre absurde 'A Serious Man'.

En tout cas, c'est ce que laisse paraître 'Wrong'. D'un point de vue scénaristique en tout cas : des situations complètement improbables, des dialogues décalés, une irrévérence totale pour le sens du réalisme. La liste est longue.

Malheureusement, le cinéma des frères Coen étant pas loin de ce qu'il se fait de mieux actuellement, la comparaison est forcément en la défaveur du réalisateur français.

L'humour des 30 premières minutes, véritablement mémorables, se perd une fois que l'intrigue prend le pas et que le film passe en mode automatique. Bien sûr, il n'en demeure pas moins que tout est globalement plus absurde que ce dont on nous a habitué, mais à un degré bien inférieur par rapport à ce qu'offre le premier acte.

Plus mainstream que 'Rubber', 'Wrong' est néanmoins plus assumé. Pas de grand discours indiquant le sens (ou non sens) de ce que l'on voit. Mais dans un cas comme dans l'autre, ces films souffrent d'une durée trop longue. Le concept est bon mais il ne devrait aboutir qu'à un moyen métrage ne dépassant pas une heure. Ceci est d'autant plus vrai lorsque certaines situations, au départ amusantes, sont répétées 3-4 fois. La première fois fonctionne parfaitement, mais c'est tout.

D'un point de vue technique, Dupieux vénère vraisemblablement Steven Soderbergh : il gère aussi bien la photo que la réal mais aussi le montage. Mais là encore, la différence vient l'expérience relative de ces deux réalisateurs. Autant Soderbergh maîtrise tous les éléments de ses films, autant il n'en est pas tout à fait de même avec Dupieux. La réalisation est très plate, alors que le sujet se prête justement à quelque chose d'assez fou ; la photo pêche un peu avec pas mal de plans bizarrement sur-exposés, un focus pas toujours bon (le début est assez affreux et le feeling général du film rappelle celui des pubs filmées à l'appareil photo en mode "je crée la plus petite profondeur de champ possible") et des mouvements de caméra très répétitifs (le tilt au début de chaque nouvelle scène).

Pour développer sur cette comparaison des réalisateurs, j'ai le sentiment que la carrière de Quentin Dupieux pourrait suivre celle de Soderbergh : un début très "arty" et loufoque, pas forcément super maîtrisé, puis un rapprochement vers le mainstream avec plus de collaborations extérieures dans l'écriture (ce qui permettra de prendre plus de recul sur ses productions). Ou alors, pas du tout. Je me trompe complètement et le mec va continuer dans son trip du "no reason" et c'est tout. Pourquoi pas, après tout…

En somme, rigolo mais pas fou. Il y a mieux dans le genre mais c'est assez frais. Ni vraiment bon ni vraiment mauvais. Encore 2 ou 3 films et je pense que je pourrai réellement apprécier un film de Quentin Dupieux…

PS : Le choix de casting d'Eric Judor est une erreur monumentale ! Heureusement que son personnage meurt. Puis revient à la vie. Puis re-meurt. Puis… Oh et puis merde !
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le 21 sept. 2012

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