Encore raté. Pourtant il y a des choses sympas dans ce X-Men: First Class.

Un reboot des films, je dis pourquoi pas. Les 4 premiers volets sont globalement lamentables (si on excepte quelques scènes par ci par là comme cette magnifique intrusion de Kurt Wagner dans le Pentagone dans le 2) : choix étrange des personnages (quand ils ne sont pas tout bonnement massacrés comme Deadpool dans X-Men Origins: Wolverine), relecture de leurs rapports un peu trop soucieuse de faire plaisir au public (Wolvie remplace Cyke dans le coeur de Jean Grey), casting discutable, FX en mousse...
Sur papier, je suis assez client des univers parallèles, des "What If" et autres variations alternatives qui permettent aux auteurs d'explorer des pistes fermées par d'autres équipes créatives. C'est pas toujours irréprochable (loin de là) et souvent c'est un peu redondant (l'univers apocalyptique et les X-Men à la fac, deux grands classiques) mais j'arrive à y trouver mon compte. Ce n'était pas trop le cas dans la version papier de "X-Men: First Class" mais le film de Matthew Vaughn n'en garde finalement que les costumes, l'équipe étant totalement remaniée.

D'ailleurs, c'est un peu là que le bas commence à blesser pour ce First Class. Pas de Jean Grey (ce qui nous évite une énième histoire avec le Phénix, pas plus mal), de Cyclope, d'Iceberg ou d'Angel, ni même de Colossus, Wolverine, Diablo ou Storm... A la manière des eXilés, on récupère plutôt différents personnages issus de différentes époques ou même versions de l'univers Marvel.
Ainsi, le Pr. X sera cabotin et intrusif comme celui de Ultimate X-Men (pas sur d'être totalement convaincu par James McAvoy dans le rôle, difficile de passer après Patrick Stewart qui était le comédien parfait) et ne pourra visiblement utiliser son pouvoir télépathique que s'il s'appuie sur la tempe... Grotesque. Emma Frost (la Queen Bitch par excellence) est campée par une January Jones (vu dans Mad Men) mal à l'aise dans ses soutifs rembourrés. Mais la palme du ridicule revient à Jennifer Lawrence et sa tronche de real doll botoxée pour jouer la sulfureuse et (normalement) ô combien dangereuse Mystique. Elle ressemble finalement beaucoup plus à la Malicia de Brian Synger (une gamine perdue sans grand intérêt). Quant à Kevin Bacon en Sebastian Shaw, erreur de casting manifeste alliée à une relecture du personnage facile (un méchant a forcément un passé nazi visiblement) et pas très excitante.

Il y a des choix que j'ai un peu de mal à m'expliquer dans les personnages choisis. Si Azazel est une excellente idée (confirmée par le choix final de Mystique), pourquoi avoir choisi Darwin ? Le personnage est apparu récemment dans les pages du comic book mais aucun scénariste n'a vraiment su l'utiliser, preuve une fois de plus qu'il est très difficile d'écrire pour un personnage trop puissant. Encore une fois, le pauvre Darwin ne sera pas gâté et ne sera utilisé que pour rendre un hommage vibrant au sort réservé aux Afro-Américains dans les films des années 80. Choix surprenant également concernant Angel (la strip teaseuse ailée) que je ne savais pas si populaire...
Encore une fois, on tombe dans le travers des autres films X-Men : les mutants secondaires sont des coquilles vides. Que ce soit Sabretooth dans le premier ou Azazel et Riptide dans celui-ci, les acolytes des méchants sont inintéressants au possible. Du coté des gentils, c'est à peine mieux, il faudra vraiment attendre le dernier tiers du film pour qu'ils soient enfin mis un peu à l'honneur.

Dernière interrogation de fan circonspect : pourquoi choisir d'appeler un personnage Alex Summers/Havok si c'est pour vider littéralement le personnage de tout ce qu'il est. Son pouvoir se manifeste au milieu de katas biomanesques jamais vus, exit le rayon "solaire", il récupère des rayons rouges (ça doit être plus funky ?). Le personnage repose sur sa jalousie envers son frère Scott alias Cyclope. Là, c'est juste un rebelle sorti tout droit de 90210 qui fait un clin d'oeil à la bédé via un plastron catalyseur. Quelintérêt ?!
Alors qu'à coté de ça, la relecture de Sean Cassidy est plutôt sympathique. Rien à voir avec le vieil agent secret irlandais et toujours plus ou moins à la retraire (voire même mort), Sean est un petit rouquin jovial qui hérite surement des scènes d'action mutante les plus réussies (autant que faire se peut avec des FX en mousse).

Heureusement, Michael Fassbender est très bon dans le rôle d'Erik Lensherr : grand, charismatique, puissant, torturé et complexe, le comédien allemand est le bon choix casting de cet épisode et permet de donner à Magneto la dimension qu'il mérite. Il a de plus la chance d'être le seul à avoir un rôle à peu près bien écrit (sans doute des restes de X-Men Origins: Magneto finalement annulé) : on suit ses traumatismes et ses hésitations entre le rêve de Xavier et les conséquences des exactions nazies, le sentant régulièrement vaciller. Il ne peut se raccrocher qu'à la foi inébranlable de Charles en l'espoir d'un futur où humains et mutants pourront vivre ensemble. Dommage que ces moments de complicité et de virile camaraderie soient gâchés par les bavardages premier degré du prof ni chauve ni handicapé.

Matthew Vaughn devait bosser dans le BTP avant de prendre une caméra. Section gros oeuvre, pas là pour le style. Subtilité, émotion ? Connait pas. Quand il s'y essaie, on frise le grand guignol comme cette scène en Argentine sur la trace d'anciens tortionnaires nazis ou le retour d'Hank McCoy sur fond de fumée (les Ewoks en rigolent encore).
Quant à la bande son, c'est un pur cauchemar. Entre les thèmes pompeux et kitch et les compositions pas adaptées à la situation, on souffre. Déjà que la mise en scène n'aidait pas à s'impliquer, le peu de chance qu'il restait est balayée par une BO cauchemardesque.

Quand on aligne les bons et les mauvais points, X-Men: First Class n'en sort pas grandi. A chaque fois que quelque chose commence bien, il faut que Vaughn vienne tout foutre par terre (la mort de la mère de Magneto par exemple). Pour le fan, après quelques hochements de tête validatoires (oui oui carrément) en appréciation de clins d'oeil (l'apparition éclair de Rebecca Romijn ou le caméo de Hugh Jackman) ou de relectures intéressantes, le festival des "non non non non mais non putain" fera ses débuts pour ne plus le quitter jusqu'à l'écran final (Xavier qui se masse la tempe pour utiliser son pouvoir, je m'en fous de l'hommage, ça fait pitié). Encore raté.

PS : Rose Byrne <3
NicoBax
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le 11 juil. 2011

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NicoBax

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