Avant de devenir une légende, faut bien passer par le stade boulet
An 1368, côte des épées, durant la crise du métal, une charmante demoiselle d'une vingtaine d'années enfermée pendant des années dans une forteresse, sorte de Rapunzel badass, la principauté et les longs cheveux en moins, aborde un ermite et lui déclame avec la délicatesse qui la caractérise :
"Ok, I've just about had my FILL of riddle asking, quest assigning, insult throwing, pun hurling, hostage taking, iron mongering, smart arsed fools, freaks, and felons that continually test my will, mettle, strength, intelligence, and most of all, patience! If you've got a straight answer ANYWHERE in that bent little head of yours, I want to hear it pretty damn quick or I'm going to take a large blunt object roughly the size of Elminster AND his hat, and stuff it lengthwise into a crevice of your being so seldom seen that even the denizens of the nine hells themselves wouldn't touch it with a twenty-foot rusty halberd! Have I MADE myself perfectly CLEAR?!"
Ça fait certes environ vingt fois que j'édite cette critique, mais je ne pouvais résister à l'envie de vous faire partager cette magnifique tirade.
BG1 a été un genre de révélation. Une des plus grandes frustrations de mon existence fut, en effet, de n'avoir jamais joué au premier volet d'un de mes RPG de prédilection. Y remédier fut un pur bonheur. Donjons et Dragons sur PC c'est le bien. Le BIEN.
Le jeu est vieux mais n'a pas pris beaucoup de rides. Les graphismes sont superbes (si, si, question direction artistique ça claque, regardez-moi cette belle porte de Baldur !), servis d'une bande-son envoûtante et immersive - quand je suis entrée dans la porte de Baldur, je pouvais limite voir l'air émerveillé de mon personnage rat-de-bibliothèque-qui-découvre-une-grande-ville grâce à la musique de Michael Hoenig.
Le gameplay est trippant et addictif (même s'il est beaucoup moins pratique que celui de son successeur), la faute aux règles D&D. Côté roleplay, même si le jeu est limité de ce côté-là, ce fut un plaisir de retrouver les personnages que j'avais déjà rencontrés dans le deux, de rencontrer Khalid et Dynaheir, etc : certaines répliques sont légendaires.
J'ai juste l'impression que ce jeu se prend légèrement et encore moins au sérieux que le second, ce qui est rafraîchissant. En même temps, il faut dire que le perso principal est complètement paumé pendant les trois quarts de l'intrigue. Tellement paumé que c'en devient attendrissant.
Il y a un point que j'adore particulièrement dans cet opus. Le héros/l'héroïne (oui, je lutte pour la parité dans les jeux vidéo) et ses compagnons sont de véritables boulets. Qui touchent leur adversaire une fois sur quatre. Qui se font rétamer par une boule de feu ou un coup de masse d'ogre berserker ou tuer par un magicien.
Heureusement pour eux, leur statut de boulet s'étend aussi à leurs adversaires (sauf Sarevok qui, je dois l'admettre, m'a réduite à l'état de charpie une demi-douzaine de fois. Ah, et les types de la tour de Durlag.).
Pour le scénar, je n'ai pas grand-chose à dire vu que le 2 m'a spoilée à grands coups de latte. Je suis juste contente que la "révélation" n'ait pas été faite à la sauce Star Wars (alias: "Je suis ton frère..." "NOOOON"). J'aime aussi le fait que l'on n'apprenne le nom de notre adversaire qu'assez tard dans le jeu - et qu'il arrive à nous faire passer pour un idiot quand on arrive pas à deviner son alias.
A défaut de pouvoir juger la portée émotionnelle des rebondissements, je trouve l'intrigue bien menée.
On peut faire à BG1 les mêmes reproches qu'au second quant à la possibilité de ne pas vraiment pouvoir jouer de méchants. Je n'aime vraiment pas le système de réputation de Baldur's Gate I et II qui rend limite impossible l'interaction avec les marchands quand vous êtes un pur salaud, au vu de prix EXTRÊMEMENT élevés dans les boutiques. En plus il est parfaitement possible de vouloir se planquer derrière un masque de vertu quand on est un sombre enfoiré, chose que les coéquipiers maléfiques ne semblent pas vouloir comprendre puisqu'ils se barrent en te traitant de tous les noms.
Le méchant principal joue les saints, pourquoi pas nous ?
C'est à peu près le seul reproche que je lui ferais... aah, je n'aime pas beaucoup le respawn des monstres non plus, ça peut plonger dans des états de rage relativement critiques. Mais ça, c'est purement personnel.
Et la VF... nous dirons que je suis contente d'avoir pris la version Mindscape qui permet d'installer la VO.
("C'est bon de vous revooooiiiir !" Go. Die. In. A. Fire.)
Je vous laisse, j'y retourne.