Quelle belle surprise que ce Bastion ! Petit jeu estampillé indé qui avait pas mal fait parler de lui l'été dernier, j'ai fini par me l'offrir en solde après avoir lu de nombreuses critiques élogieuses, notamment sur SC.

Et j'ai bien fait de céder, tant ce jeu est bourré de qualités. Bastion nous place dans la peau d'un jeune homme à la tignasse blanche, simplement surnommé The Kid. Réveillé par une chaude voix off, il entreprend de parcourir un paysage désintégré qui se reforme au fur et à mesure de ses pas. Sans entrer dans les détails, il s'agira ensuite de retrouver des artefacts, appelés les Noyaux, pour reconstruire le Bastion, une plateforme qui a échappé au mystérieux cataclysme et qui est seul capable de reconstituer ce monde déchiré en milliers de fragments.

Vu comme ça, on ne peut pas vraiment dire que Bastion brille par son scénario. La plupart du temps, le but sera de traverser des zones remplies d'ennemi pour récupérer un noyau et ainsi améliorer le Bastion, qui sert de base tout au long du jeu. Non, ce qui fait la force du jeu, c'est sa narration atypique. Tout au long du jeu, une voix off suit le Kid et ne se prive pas de commenter ses déboires, souvent de façon humoristique. Que ce soit ses chutes dans le vide, la rencontre d'un nouvel ennemi ou une anecdote sur les bouts de terrains qui jadis étaient des régions, cette voix chaude accompagne le joueur en permanence. Alors oui, on est loin de la révolution annoncée, mais incontestablement la narration joue un rôle majeur dans l'immersion et l'ambiance particulière du jeu. Sans recourir à des dialogues fastidieux ou à des écrits éparpillés un peu partout à la manière d'un RPG, cette voix permet d'en apprendre plus sur le monde qui nous entoure.
Le jeu garde ainsi le dynamisme typique des jeux d'action tout en nous présentant l'histoire d'un monde dévasté par la bien nommé Calamité, et celle de ses rares survivants.

Car Bast(i)on est avant tout un jeu d'action. Le Kid est équipé en conséquence et peut trimbaler 2 armes et une aptitude spéciale dévastatrice pour faire face à ses très nombreux ennemis. Bastion possède un gameplay solide et très classique, qui se rapproche du BTA (parenté qui inclut hélas une certaine répétitivité, contrebalancé en partie par la brièveté des niveaux et le bestiaire), alors que les derniers tableaux auront vite tendance à se remplir de boulettes façon manic shooter.
Bastion est malgré tout plutôt simple. Pour les mordus de challenge, la difficulté a la particularité d'être totalement paramétrable, chose assez rare pour être souligné. Grâce à l'ingénieux système des idoles, qui chacune affectent différemment les ennemis, ces derniers peuvent acquérir de nouvelles et redoutables caractéristiques (plus puissant, plus résistant, etc ...). L'éventail des possibilité est large, et il est même possible de combiner différentes idoles. Chacun devrait donc y trouver son compte.
Ce côté personnalisable se retrouve dans plusieurs aspects du jeu. Dans l'inventaire, avec les armes et aptitudes à choisir selon notre style de jeu, dans les buffs permanents sous la forme de boisson, ou encore dans les différentes armes à améliorer grâce à des objets récupérés durant notre périple (ou acheter à la boutique du Bastion). Il y a même un système de niveaux. Un petit côté RPG appréciable, qui complète le jeu sans l'alourdir inutilement.

Il n'y a pas grand chose à dire sur l'aspect graphique du jeu, qui a largement contribué à son succès : c'est magnifique. La 2D isométrique est superbe, colorée, chatoyante, et l'effet qui accompagne chaque déplacement dans les niveaux est plus que réussi. Le monde prend littéralement vie sous nos pas, alors qu'une abîme insondable s'étend à perte de vue. On nous vantait à la sortie du jeu des décors "peints à la main", et ben je suis tenté de les croire tellement c'est convaincant. Les environnements sont variés et tous superbes, de la ville en ruine à la jungle étouffante, en passant par les montagnes enneigées. La patte artistique quant à elle adopte un petit côté "mignon" du meilleur effet, contraste saisissant avec la situation désespérée décrite par le jeu.

Quand je pense à Bastion, le premier adjectif qui me vient à l'esprit, c'est "attachant". Il n'a rien de vraiment original c'est vrai, mais on sent que les développeurs ont pris du plaisir dans sa création, à tel point que cette passion devient communicative. Graphiquement irréprochable, la présence du narrateur ajoute une densité et une profondeur au background rare pour un jeu d'action. Servi par un gameplay simple, le jeu est également constellé de bonnes idées, notamment la customisation de l'équipement, de la difficulté, les "succès" récompensé en monnaie du jeu ou les défis qui accompagnent la découverte de chaque nouvelles armes. Détail qui en dit long sur le soin apporté au background, il est possible de récupérer de petits objets a priori inutiles au cours de nos pérégrinations qui, une fois ramené au Bastion, permettent d'en apprendre plus sur l'histoire ou la culture de ce monde passé.

Des détails qui contribuent à créer cette ambiance mélancolique touchante, entre nostalgie d'un monde perdu, souvenirs douloureux de civilisations trop arrogantes pour empêcher ce cataclysme et l'espoir insensé qui accompagne le périple du Kid. Un périple qu'on aurait aimé plus long (7 à 8h environ), mais qui a le mérite de s'achever par l'une des plus belles fins qu'il m'ait été donné de voir depuis un moment dans un jeu vidéo, rien que ça.
Jadenor
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le 6 mars 2012

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Jadenor

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