Alors que l'ère de la PS360 est en train d'agoniser, à peine alimentée par quelques titres, il n'est pas trop tôt pour faire un bilan de cette génération, et de ses jeux. Quelques licences ont émergé, telles que Assassin's Creed ou Gears of War, et certaines des références de ces années écoulées viennent de loin. Qui aurait pu se douter que Batman : Arkham Asylum marquerait autant les esprits ?


Rocksteady est devenue célèbre avec ce jeu. Pourtant, ce studio est encore jeune, même s'il bénéficie de l'expérience de rescapés des cendres d'Argonaut Games. Leur premier jeu, Urban Chaos, est assez bon, et se distingue du lot par une ambiance que ne renierait pas Paul Verhoeven. Mais il passe inaperçu.


Leur confier la licence de Batman pouvait donc sembler risqué. Mais le studio réussit à convaincre les décisionnaires. Et, s'il est vrai que Batman en jeux vidéo avait déjà connu quelques belles réussites, depuis dix ans, rien de bien remarquable n'en était ressorti.


Rocksteady va alors s'écarter d'un modèle aujourd'hui désuet : le jeu n'est pas l'adaptation d'un film ou d'une série animée. Tout au plus le jeu s'inspire d'une des plus célèbres aventures dessinées du Chevalier noir. Mais Batman : Arkham Asylum va se créer son propre univers, sa propre mythologie, en reprenant les fondamentaux de l'univers de la chauve souris. Pour cela, les développeurs ont défini ce que devait être l'univers de Batman : sombre, corrompu, et même violent. Les contours du personnage ont été aussi fixés : un justicier bien sûr, mais qui agit dans l'ombre, combat s'il le faut et résout les problèmes. Trois facettes, qui se retrouvent dans différents gameplays.


Si la résolution des différentes énigmes est anecdotique, pour ne pas dire ennuyeuse, les différentes possibilités pour se défaire des ennemis discrètement sont variées, et s'enrichissent des nouveaux gadgets débloqués. Quant aux affrontements, le système de combats est hérité d'une précédente version s'apparentant à un jeu de rythme, et cela se ressent. Il faudra utiliser les bonnes actions dans un ordre qui tient à la fois de l'observation et de l’anticipation pour se défaire avec le plus de panache des ennemis.


Il a donc été décidé de proposer une aventure riche, avec différentes couches de gameplay. Mais Batman : Arkham Asylum est aussi un jeu un peu trop gonflé, qui aurait gagné à miser sur l'épure. Les possibilités ne s'enrichissent pas, elles se cannibalisent. Certaines démarches pour utiliser des gadgets sont rébarbatives. Certains mouvements de combats sont rapidement oubliés, la faute à des combinaisons de touches complexes. Rocksteady donne l'impression de ne pas réussir à se contenter des boutons de la manette, il lui en faudrait plus.


Si l'histoire du jeu est agréable (L'épouvantail), à défaut d'être captivante (courir après le Joker, bof), le déroulement du jeu est bien trop linéaire. Il ressemble à un Zelda, la parcelle d'inventivité en moins : un nouveau gadget ouvre une nouvelle zone, et ainsi de suite. Tandis que le jeu prend bien soin d'alterner ses différentes phases (infiltrations, combats et enquêtes) pour tenter de déjouer l'ennui de joueurs peu attentifs, mais de manière bien trop schématique. Oui, il est possible de flâner un peu, à la recherche de défis Nigma qui enrichissent l'univers. Mais puisque la plupart s'obtiennent une fois le bon objet obtenu, le joueur préférera attendre la fin du jeu pour éviter des allers-retours inutiles. Il y avait pourtant quelquechose à construire, pour mieux mettre en valeur l'île d'Arkham, qui possède une identité certaine, qui possède des secrets que ne renieraient pas Bioshock, mais que l'on parcourt d'un point à l'autre sans trop de motivation.


Batman : Arkham Asylum est un bel essai, qui a su comprendre l'univers de Batman, qui ne se contente pas de n'être qu'un bête jeu d'action. La réflexion est là, mais l'application est encore branlante. Indigeste dans ses possibilités de gameplay et terriblement fade dans son déroulement, le jeu peine à convaincre, manette en mains. J'ose espérer que sa suite saura mieux me convaincre.

SimplySmackkk
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le 29 sept. 2015

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SimplySmackkk

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