Le vide sidéral.

Alors que la série Battlefield fait un retour fracassant dans le passé avec pour toile de fond la Première Guerre Mondiale, son concurrent direct, Call of Duty pour ne pas le nommer, va encore plus loin dans le futur que ne le faisait Advanced Warfare en proposant un FPS de science fiction. Est-ce que la recette bien huilée de la franchise aura su garder toute sa fraîcheur dans ce nouveau registre ou bien cela va-t-il tourner au vinaigre?

Le zéro absolu.

Difficile d'écrire un résumé de l'histoire tant tout est creux, ennuyeux et maladroitement raconté. En gros, l’Humanité a conquis le système solaire et deux camps ont fait sécession entre la Terre et ses colonies. Quelles sont les raisons de cette guerre? Les motivations des «méchants»? En quelle année l'action se déroule-t-elle? Il n'existe aucune réponse à ces questions. On se retrouve plongé dans un ersatz de Killzone du pauvre (jusqu'à reprendre les acteurs principaux de Shadow Fall) où il est difficile de s'identifier et de s'attacher aux protagonistes de l'histoire. Ce qui est paradoxale avec l'écriture des dialogues de nos coéquipiers qui sonne juste et naturel, le tout avec une VF inspirée. On a l'impression de faire partie de l'équipage.

Le joueur incarne le Capitaine Reyes qui aura en charge le commandement du vaisseau de guerre Retribution. A partir de là, libre au joueur de choisir la trame principale ou les missions secondaires afin de débloquer de nouvelles armes. Ce qui n'est pas synonyme de variété pour autant. Les missions se résument souvent à tirer dans le tas que ça en devient vite répétitif à la longue. Les combats spatiaux sont du même acabit. Et puis ce manque de cohérence à tous les niveaux gâche l'immersion; comme par exemple tous ces bruitages d'explosions ou ces flammes dans l'espace sans compter des Marines qui se baladent en tee-shirt sur Mars. Pas trop frileux les gars. Bref vous l'aurez compris, ce n'est pas avec Infinite Warfare que vous aurez le droit à un bon FPS mâtiné de SF. Ici c'est comme voir un film en commençant par le milieu et en partant avant la fin.

Futur au scope.

Nul besoin d'expliquer en détail le gameplay de Call of Duty depuis le temps qu'il a fait ses preuves, alors voyons plus en détail ses nouveautés. Et au final il n'en existe pas tant que ça. Les combats spatiaux pour commencer sont répétitifs. Ils se jouent toujours de la même manière: il faut verrouiller un vaisseau et le pilotage deviendra automatique. Il n'y a plus qu'à traquer la cible en lui tirant dessus. Ces passages ne donnent aucune sensation et possèdent un intérêt très limité. Les Jackals disposent du même armement que les avions de chasse actuels avec des mitrailleuses et des missiles. Pour un jeu dont l'action se situe dans un futur éloigné, ça ne fait pas très moderne et ça manque de puissance de feu.

Et ça vaut aussi pour les fantassins. Certaines armes ressemblent à des prototypes avec des câbles qui pendouillent mais ces dernières ne procurent pas de sensations différentes qu'un flingue contemporain. Elles ont quasiment toutes les mêmes caractéristiques que le choix de l'armement en début de mission devient rapidement facultatif. Qu'importe le flacon, on obtient toujours la même ivresse. Seul les gadgets font dans l'original proposant des grenades anti-gravité, la possibilité de créer un mur de protection ou de pirater un robot ennemi pour en prendre le contrôle afin de faire un carnage dans les rangs adverses avant de l’auto-détruire. Vu que le joueur possède en permanence un booster sur son dos, servant de jet pack, il pourra franchir des hauteurs autrement inaccessibles ou de glisser sur les murs. Le level design a été étudié en conséquence et incite le joueur à se déplacer de façon dynamique afin de contourner les ennemis autant que possible. L'intelligence artificielle fait son travail et réagit en conséquence de manière convaincante.

J'entends comme une Echo.

Pour sauver une réalisation passable visuellement, les développeurs peuvent se rattraper en misant sur une direction artistique de qualité. Malheureusement ça ne sera pas le cas pour Infinite Warfare. En plus de disposer de graphismes peu flatteurs pour la rétine, l'univers de ce Call of Duty est pauvre en inspiration. Le tout fait très générique et seul la modélisation des personnages est réussie. En plus de proposer des textures grossières en arrière plan, ce qui est préjudiciable pour un jeu se déroulant dans l'espace, le rendu est accompagné par une espèce de flou permanent.

Comme mentionné plus haut, les doublages sont de très bonnes factures et les bruitages sont efficaces. On ne peut pas en dire autant des musiques difficilement aguicheuses pour les oreilles tant elles se révèlent quelconques. Il faudra compter sur dix heures de jeu pour boucler la campagne solo avec toutes les quêtes secondaires ce qui ne fait pas beaucoup. Pour rentabiliser l'achat, il existe le mode multijoueur avec tout plein de contenu pour passer quelques semaines de plus. Là aussi ça sent le manque d'inspiration et la concurrence fait tellement mieux dans le domaine qu'il serait temps pour Activision de revoir leur formule et de se remettre en question.

Les PLUS:

• VF et dialogues.


• Level design.


• C'est parfaitement fluide.

Les MOINS:

• Scénario fade.


• Direction artistique peu inspirée.


• Ultra répétitif.


• Réalisation moyenne.


• Online réchauffé.

Hormis être un fan pur et dur ou un collectionneur ayant tous les épisodes précédents de la franchise, difficile de recommander le jeu d'Infinity Ward tant il dispose d'un intérêt limité. Vous voulez le Call of Duty Infinite Warfare parfait? Achetez Killzone Shadow Fall pour son solo et Titanfall 2 pour son multijoueur.