Après avoir refait Deus Ex pour me mettre dans le bain, vient le tour de Deus Ex : Human Revolution, ou, appelons le plutôt Deus Ex 3 (voir Deus Ex 2 pour certains). Après toute ces années à attendre une suite digne de ce nom, on peut se demander ce que Deus Ex 3 va garder et ce qu'il va moderniser. C'est d'autant plus vrai lorsqu'on sait que l'équipe de développement est différente de l'originale. Futur déception en vu ? Pas si sûr, car les développeurs on été à l'écoute des fans. Et aussi curieusement que ça puisse paraitre, c'est justement sur ce point que Deus Ex : HR se loupe un peu.


L'histoire de Deus Ex : HR prend place avant le premier épisode, en 2027, dans un monde à la fois étrangement plus futuriste et envahit de cabine téléphonique. La recherche scientifique a permit de donner aux gens la possibilité de remplacer leurs membres naturelles par des membres mécaniques, afin de devenir plus fort, plus puissant. On appelle ça les augmentations. Etant un phénomène de mode aussi important que d'avoir le dernier Ipad, les méchantes entreprises pleines de patrons crapuleux sont désormais plus puissantes que l'Etat. Adam Jensen, ancien policier devenu spécialiste de la sécurité pour l'entreprise Sarif, se retrouve, suite à une attaque terroriste, entre la vie et la mort. Tel un Robocop, il est remis sur pieds grâces aux augmentations. Bien entendu, Adam veut savoir qui est le responsable de cette attaque. Et c'est là que commence vraiment notre histoire. Deus Ex : HR est toujours un fps mélangeant aventure et jeu de rôle dont le leitmotiv est d'avoir le choix. Eidos l'a très bien compris. On retrouve presque tout ce qui a fait le charme du premier épisode : des décisions à prendre avec des conséquences, des améliorations, pirater des ordinateurs, être discret, gérer son inventaire... Human Revolution en a tout de même profité pour changer quelques trucs. Les portes, par exemple, ne se déverrouillent plus grâce à des passepartouts ou des télécommandes bizarres, mais via le piratage, comme pour les ordinateurs. Heureusement alors, le piratage ne consiste plus à seulement cliquer sur un bouton mais à une sorte de mini jeu où on doit atteindre une cible. Ce mini jeu rappelle un peu le hacking de réseau dans Uplink, mais en beaucoup, beaucoup plus simple. Si l'inventaire se gère de la même façon, en revanche, on est beaucoup moins encombré à cause de petits trucs, car il n'est plus question par exemple d'avoir des kits de soin, (la vie remontant toute seule), ni de passe partout, ni de bouffe, ni de paquet de clope... En fait, on a juste à gérer nos armes, nos munitions, et quelques programmes informatiques. En somme, l'inventaire est le même que dans le premier Deus Ex, hormis qu'il est beaucoup plus simple, car il y a beaucoup moins d'objets à gérer. D'ailleurs, il n'y a pas non plus d'implants à récupérer, juste des améliorations. Notre montée en puissance ne se fait qu'en gagnant des points (assommer un ennemi, découvrir une zone secrète, pirater un ordinateur, résoudre une quête, etc.) ou des kits de dynamisations.


D'autres choses plus modernes font aussi leur apparition. Le fait est déjà que le jeu est plus orienté infiltration que son ainée. Notamment grâce à l'ajout d'un système de couverture, bien connu de nombreux TPS, mais qui sert ici de la même manière qu'un Metal Gear Solid. Oui, ce n'est pas de la grande infiltration, mais ça fait l'affaire, surtout pour un Deus Ex. Aussi, c'est tout l'aspect RPG qui est d'avantage plus présent. On sent une petite influence des RPG américain, avec notamment des choix de dialogues bien plus orienté vers un style bon/neutre/méchant que Deus Ex premier du nom. J'ai aussi trouvé qu'il y a plus de missions secondaires dans HR que dans Deus Ex 1. L'ambiance a aussi beaucoup changé. C'est certes toujours de la science fiction à la Blade Runner, mais l'univers n'est juste pas tout à fait le même. Déjà, comme tout le monde l'a bien remarqué, l'aspect visuel du jeu, avec sa surabondance de couleurs or, marron et gris. Aspect Renaissance pour Eidos, aspect pipi-caca pour les aigris. Quoi qu'il en soit, Human Revolution fait beaucoup plus hollywoodien, pompeux et sérieux que son grand maitre, qui passe désormais pour un truc de nerd. L'histoire est d'ailleurs beaucoup centrée sur l'aspect moral ou non des augmentations, comme si le jeu voulait nous faire réfléchir sur un avenir incertain. Pourquoi pas ? Ca peut donner encore plus de consistance à l'univers de la série, et c'est un plus appréciable.


Pas bourrin pour un sou, réfléchit, respectueux de l'univers et du gameplay, Human Revolution a tout de la suite qu'on espère tous. Eidos a été à l'écoute des fans, et à su inscrire sur son cahier des charges « le joueur doit avoir le choix ». Il l'a sans doute écrit en gros d'ailleurs, sur la couverture. En fait, comme je le disais, c'est là que Deus Ex : Human Revolution se plante un peu. Il a en effet suivi les attentes des fans comme si il s'agissait d'un cahier des charges à suivre. Est-ce que je veux résoudre cette situation par le dialogue ? Par la violence ? Par la discrétion ? Dans Human revolution, je sais que tout ça est toujours possible car les développeurs ont tout prévu... Au point parfois que ça tourne un peu au ridicule. Si une porte est fermée par exemple, et que je dois absolument aller dans cette pièce, je sais que de toute façon, une autre solution est possible, comme par exemple, un conduit d'aération. Ha, ça, en 2027, c'est fou ce qu'on en a. Il faudrait tout de même un jour que les développeurs se rendent compte que l'idée que l'infiltration=se balader dans des conduits d'aérations, c'est devenu terriblement cliché. Un autre cas par exemple, une mission où je dois infiltrer une base ennemi. Dans Deus Ex 1, j'ai alors un fort avec des tours où des snipers sont postés, il faut que je fasse attention, que je trouve une issue... Dans Human Revolution, je m'avance vers l'entrée, je constate qu'il y a des gardes, alors je fais quelques mètres de plus, et ho, ça alors ! Une caisse ! Et que se cache-t-il derrière cette caisse qui n'a aucune raison d'être là ? Je crois bien que je vais la pousser ! Surprise ! Il y a un trou dans le grillage ! En fait, non, aucune surprise, car, comme je le disais, dans Human Revolution, tout a été fait selon un cahier des charges. Alors, lorsque j'ai vu que l'entrée principale de la base était gardé, je SAVAIS qu'il allait y avoir une autre « entrée ». Et vu qu'Eidos ne s'est pas foulé la nénette, il s'est juste contenté d'un trou dans le grillage « caché » par une caisse comme excuse. Car c'est sûr que les militaires d'une base top secrète du futur vont laisser un trou dans le grillage qui fait office de « mur », et qu'ils vont alors se contenter de cacher ce trou avec une caisse en bois.


Le problème est effectivement qu'Eidos a suivit son cahier des charges à l'extrême au point d'oublier toute crédibilité de l'univers ou vraisemblance. Le jeu n'est pas forcément plus facile que Deus Ex 1, mais il a beaucoup perdu du naturel qu'il pouvait avoir, qui rend justement l'aspect « j'ai le choix » grisant. Idem d'ailleurs pour l'aspect scénaristique, où lorsque les discussions des citoyens vont toujours tourner autours des augmentations, ou sur quelque chose qui va nous intéresser. Il y a bien quelque e-mails rigolos histoire de détendre un peu l'atmosphère, mais c'est bien peu. Human Revolution est une version plus propre, mais terriblement lissé de Deus Ex. C'est un peu pour ça que je vais préférer, et de loin, un Vampire Bloodline qu'un Human Revolution : ce grain de folie, quitte à ce que ça bug un peu.

Deus Ex : Human Revolution est donc un bon jeu et un bon Deus Ex. Son unique problème à mon goût est d'avoir pris un peu trop à cœur les attentes des fans, au point d'en faire une véritable lubie, même lorsqu'Eidos n'a pas eu d'idée pour mettre en place ces « choix ». Avoir plusieurs possibilités, plusieurs chemins, c'est bien, mais il ne faut oublier pour autant la crédibilité ou la vraisemblance. Il ne faut pas non plus que ça se transforme en automatisme pour le joueur, au point qu'il se dise « ho, mais de toute façon, je ne vais pas me faire chier à passer par là, je sais que je vais trouver un autre chemin probablement caché derrière une boite en carton ». Deus Ex : Human Revolution est en somme... Un peu trop propre sur soi.
leo03emu
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Jeux Cyberpunk et Steam Starter pack

Créée

le 10 déc. 2011

Critique lue 614 fois

5 j'aime

leo03emu

Écrit par

Critique lue 614 fois

5

D'autres avis sur Deus Ex: Human Revolution

Deus Ex: Human Revolution
Vnr-Herzog
8

Sarif, fais-moi peur !

En 2027 l'humanité n'a pas tellement changé que ça, tout ce qui l'intéresse ce sont les augmentations. Mais on ne parle pas de salaire, on parle d'améliorations biomécaniques permettant aux gens...

le 5 sept. 2011

71 j'aime

15

Deus Ex: Human Revolution
Erwan
8

« Deus Ex », machine à choix

Une balle dans la tête, ce serait tellement plus simple. Ou une bonne vieille grenade à fragmentation, ça, c'est radical. Au lieu de quoi, bien planqué derrière la palissade, Adam Jensen observe,...

le 15 sept. 2011

61 j'aime

1

Deus Ex: Human Revolution
Pipomantis
9

Adam et crève

Mes chères amies, mes chers amis – puisque l'on peut maintenant arrêter les simagrées et assumer la proximité de nos relations – il n'est pas facile, mais alors pas facile du tout d'écrire...

le 2 sept. 2011

41 j'aime

3

Du même critique

BioShock
leo03emu
5

Critique de BioShock par leo03emu

Haaaa, Bioshock. Sans doute le jeu le plus hypée de 2007. Fausse suite de System Shock 2 (sortie en 1999), jeu dont seul d'irréductibles vétérans se souvenaient alors, Bioshock a lui au contraire...

le 14 nov. 2010

42 j'aime

7

Mass Effect
leo03emu
5

Critique de Mass Effect par leo03emu

Avant toute chose, je tiens à préciser que c'est mon premier jeu Bioware, donc je ne ferais aucune comparaison avec des Baldur's gate ou des kotor. Toujours est il que Bioware est réputé pour ses RPG...

le 16 nov. 2010

31 j'aime

7

Civilization IV
leo03emu
10

Critique de Civilization IV par leo03emu

Civilization, c'est un peu un genre à part. Mais si on doit le définir, alors, disons que c'est un jeu de gestion au tour par tour avec une dimension stratégique importante. Civilization, c'est aussi...

le 23 déc. 2010

28 j'aime