Dishonored
7.6
Dishonored

Jeu de Arkane Studios et Bethesda Softworks (2012PC)

On voyait en Dishonored la tuerie du siècle, aux confluents de tout ce qui se fait de mieux en matière de RPG occidental dans un univers open-world, matiné d'un chouïa de FPS, s'inspirant allègrement de Deus Ex, de Thief, Bioshock... Dans l'absolu, on aura vu pire, comme modèles. Techniquement, le contrat est respecté, et le pari plutôt bien relevé... L'ensemble est même clairement plaisant à jouer, étant donné la liberté d'action quand même monumentale qui nous est offerte, à travers les différents pouvoirs permettant chacun une approche bien personnelle des niveaux, et un level design de grand malade, permettant toutes les éventualités, et ne laissant jamais le joueur sur le carreau, peu importe la façon dont il a choisi de construire son personnage.

Mais dans les faits, et même si techniquement, toutes les approches sont viables, elles ne se valent pas forcément. Le sort de téléportation à courte portée (améliorable comme il faut, de surcroît... auquel cas, ça devient vraiment n'importe quoi) étant complètement over craqué pour peu qu'on ne le spamme pas : Il est gratuit, permet de passer une énorme majorité des obstacles auxquels on est confronté tout au long de la progression, et donne la possibilité de se jouer des ennemis avec une aisance déconcertante. Là où la possession d'animaux, par exemple, reste assez circonstancielle, moins rapide, et n'offre au final que la possibilité de passer par des petits conduits, mais rend en contrepartie extrêmement vulnérable aux ennemis qui n'ont qu'à nous écraser du talon pour être débarrassés de nous, et se paye le luxe de coûter une blinde en mana.

Les mêmes ennemis qui, dans Dishonored, n'ont pas la présence d'esprit d'aller chez un opticien alors qu'ils ne voient clairement pas à trois mètres devant eux. Dishonored a ce souci, assez redhibitoire, ridicule, mais en même temps nécessaire, qui fait que les ennemis n'ont pas le champ de vision d'un être humain normal (environ 120°, si je ne m'abuse... Et ce, si l'on considère qu'ils ont la tête vissé sur le cou, et sont incapables de la tourner pour regarder un peu plus à gauche ou à droite). Dans Dishonored, un garde ne voit que ce qui se passe juste devant lui, et encore, à une distance ne dépassant pas les 5 mètres (même si je tiens à signaler qu'il m'est arrivé de tomber sur 2 ou 3 ennemis aux sens bioniques capables de me toper derrière des portes en fer alors que j'étais immobile et accroupi...). Il ne faut pas abuser. Alors, certes, on imagine très bien que si l'on avait des ennemis avec un champ de vision proche d'un être humain, le jeu serait vite intordable, car on serait systématiquement gaulés, et obligés de faire avaler leurs extraits de naissance à chacun des types vaguement hostiles que l'on croiserait... Il n'empêche que l'immersion en prend un coup, quand on voit à quel point on peut se cacher derrière un rien, se jouer des gardes qui ne remarquent pas qu'une double porte de 3 mètres sur 5 s'ouvre juste à côté d'eux, ou qui passent leur temps à fixer le sol au lieu de lever les yeux, et peut-être voir des mouvements suspects, comme si la menace pouvait surgir de sous la route pavée...

L'univers, en lui-même, est vraiment impressionnant, avec cette ville de Dunwall, rongée par une épidémie meurtrière, et ressemblant sacrément à un Londres du XVIIIème siècle.
Le background est énormément étoffé à l'aide de notes disséminées partout.

On regrettera néanmoins que le jeu se torche aussi vite (une dizaine d'heures en y allant bien piano...), avec un twist arrivant aux 3/4 du jeu tellement téléphoné que ça en serait presque navrant, et un dernier niveau qui fait quand même sacrément tâche, tellement on serait en droit d'espérer avoir besoin de réfléchir intensément pour abattre notre dernière cible... Mais il n'en sera rien, car il s'agira bel et bien de la plus simple, le degré 0 de la préméditation.

Dire que le jeu me déçoit serait peut-être abusif : Il reste quand même très bon, et même si l'on sent que toutes les approches et éventualités ont été pensées, vérifiées, et validées par Arkane, l'impression de liberté d'action, de choix, et de déplacement dans ce simili-Open World est bien là. L'impression d'être un prédateur qui décide de qui meurt (et si oui, comment) et qui vit est aussi là. Il n'empêche que le jeu cumule énormément de tares qui laissent penser qu'on n'a pas en face de nous des êtres humains normalement constitués, mais des êtres un peu neuneus, formatés pour penser de la façon qui arrange bien le joueur et lui permet d'avancer sans trop se fouler, ce qui démolit quand même sauvagement la tentative du développeur de nous immerger dans ce monde, à la fois sombre et intriguant.

à faire, sans l'ombre d'un doute, mais directement en Very Hard, en s'imposant de ne pas tuer à tire-larigot et de ne pas abuser du Blink.
Quessou
7
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le 1 nov. 2012

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Quessou

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