A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire

Cette critique est la meilleure critique qu'on puisse trouver de ce jeu sur ce site.

Dishonored n'est pas le jeu de l'année. Ce n'est pas le GOTY tout simplement parce qu'il n'y a pas de mérite à être le premier quand en face il n'y a pas de concurrence.

Le milieu du jeu vidéo se repose depuis quelques années seulement sur des recettes faciles et exploite le même filon encore et encore pour vendre ses jeux. Dishonored n'est pas dans cette veine là et propose enfin de la nouveauté mais ça ne veut pas dire qu'il est exceptionnel pour autant. Si tous les développeurs se sortaient les doigts du cul pour enfin innover plutôt que de ressortir du pan-pan boum-boum à Kévin, 13 ans, Dishonored aurait eu 3 points de moins sur JV.com.

Car il faut le dire, si Dishonored apparait si frais et novateur c'est parce qu'en face, il n'y a RIEN pour lui faire de l'ombre.

Le jeu en lui-même n'est pas mauvais, il est même plutôt bon. Les mécaniques de jeu sont intéressantes, riches et multiples. Les possibilités sont diverses et variées et il est possible de faire le jeu au moins trois fois de manière différente sans avoir l'impression de faire la même chose.

Mais encore une fois, le fait de pouvoir regarder au travers d'une serrure ou de devoir faire gaffe à son nombre de munitions ou de potions, ce n'est pas une qualité intrinsèque à Dishonored, tous les jeux devraient pouvoir proposer cette liberté d'action et cette utilisation rigoureuse des objets.

Dishonored n'est finalement que le symptome d'une industrie qui semble avoir quelques difficultés à se renouveler et qui doit désormais chercher autre chose que le simple spectaculaire et la mise en scène tonitruante pour vendre ses jeux.

Sur le plan technique, le jeu est tout à fait banal. Textures ni moches ni belles, graphismes globalement bons, animations correctes. Le point positif du jeu c'est évidemment son ambiance et son design général. La recherche des détails et la richesse de l'univers. Mais paradoxalement, on regrettera que les personnages eux-mêmes ne soient pas plus travaillés, plus poussés. Il manque quelque chose de ce côté là. Le scénario est tout de même convenu. Ce qui se passe au milieu du jeu est repérable à 30 kilomètres et seuls les variations selon nos actions sont vraiment intéressantes.

Le choix d'approche entre tuer tout le monde ou tuer personne est également sympa mais je trouve qu'il y a un problème dans le dosage de la difficulté. J'ai fait deux fois le jeu, difficulté normal, la première en furtif, la seconde en bourrin. La première fois, le jeu était globalement trop simple. Prendre son temps, attendre et finalement réussir l'objectif sans aucun rythme, aucun punch dans l'avancée de l'action, ça pose problème. D'un autre coté, quand on le fait à la sauce Rambo, on a les exécutions mises en scène, c'est sympa, ça envoie du pâté mais là ça devient trop difficile. Pas assez de potions, trop d'ennemis qui débarquent en même temps, nous obligeant à les tuer tous d'un coup puis à ne plus voir personne durant 5 minutes.
Donc deux extrêmes qui ne sont pas utlra bien dosés je trouve. Si vous souhaitez faire le jeu, en mode infiltration, faites-le directement en difficile. Sinon en bourrin, le mode normal suffira.

Pour moi, Dishonored n'est clairement pas le GOTY. Cette année je ne vois pas qui pourrait prétendre à ce titre. On ne peut vraiment pas le présenter comme tel et donc le présenter comme l'équivalent de Skyrim pour l'an passé. Toutefois, ça n'est pas un mauvais jeu pour autant et on passe tout de même un bon moment dessus.