Dragon Age II
5.5
Dragon Age II

Jeu de BioWare Corp et Electronic Arts (2011Xbox 360)

Bioware nous avait promis un Dragon Age 2 épique. Ben, effectivement, y pique un peu, le jeu.

L’histoire commence dans un village de Ferelden, qui est en train de se faire submerger par les engeances. Village qui, par ailleurs, vient techniquement d’être visité par notre héros garde des ombres de Origins. Mais on s’en fout. Nous on joue Hawke. Hawke, qui fuit tant bien que mal les engeances avec sa petite famille et qui va se retrouver dans une cité-état joyeusement baptisée Kirkwall « the city of chains ». Sympa, non ? L’histoire va se dérouler sur plusieurs années, nous montrer l’ascension de notre brave Hawke et nous est promise comme épique au possible. Voyons voir ça.

D’abords les graphismes. Pas de doute possible, c’est beaucoup plus beau qu’Origins. Mieux vaut arrêter là la comparaison. Le jeu ne rivalise pas avec d’autres jeux sortis au même moment. Disons que si on s’isole dans un monde où l’on ne joue qu’à Dragon Age, c’est magnifique. L’univers se résume à une ville et quelques zones-couloirs que l’on va écumer, écumer, écumer. Ben ouais. On est coincé pendant 10 ans dans la même ville. Les concepteurs ont-ils voulu nous montrer à quel point on peut se faire chier à déambuler sans cesse dans les mêmes rues pour aller aux mêmes endroits afin de nous ramener à notre propre existence monotone ? Peut-être. Quand aux quelques espaces que l’on visite en dehors de cette même ville, on se rend compte qu’on explore toujours les mêmes caves – même si elles se sont pas aux mêmes endroits. La seule différence réside dans le sens dans lequel on aborde la cave et une ou deux allées qui seront ouvertes ou fermées, histoire de dire que bon, on s’est pas foulés mais c’est pas la même, regarde là y’a une porte et là non.
C’est dommage. Le côté couloirs était déjà un défaut du premier, mais il était moins pesant. Sans doute parce que l’on parcourrait moins souvent chaque zone et que l’univers paraissait moins fermé. On ne pouvait pas accéder à certains endroits mais on avait l’impression qu’on pouvait. C’est con mais moi, dans une maison, si on me met une fenêtre, même si elle est blindée, j’ai moins l’impression d’être enfermée. Dans Dragon Age 2, y’a pas de fenêtres.

L’univers n’est donc pas très vaste. Bon. On va se dire que le jeu s’est centré sur le côté histoire, alors. J’ai trouvé dommage de ne pas pouvoir choisir la race de mon personnage. Je trouvais que c’était un gros point fort de Origins, de nous proposer 6 débuts différents qui finissaient par se rejoindre au bout d’1 petite heure de jeu. Il était tout à fait imaginable de faire 2-3 prologues, sans parler de 6, qui se rejoignaient eux aussi à Kirkwall pour faire la suite de l’histoire. A côté de ça, on peut quand même choisir le sexe, l’apparence physique et la classe de Hawke. Et Hawke parle avec une vraie voix. C’est quand même un gros plus, même si c’est aux dépens du nombre d’options de dialogue. J’ai même eu la bonne surprise se découvrir que les membres de ma famille changeaient de physique en fonction du mien, histoire de vaguement me ressembler. Et ça, c’est plutôt classe, même si c’est un détail.
Les personnages que l’on rencontre sont relativement complexes si l’on prend la peine de s’y intéresser. Quand on se promène avec eux dans notre équipe, ils bavardent entre eux et racontent des conneries généralement amusantes. Malheureusement, ils parlent très souvent au début puis plus du tout parce qu’ils n’ont plus rien à se dire. Heureusement, en avançant dans le jeu ils re-parlent. Merveilleux, non ?

Passons à l’histoire. J’ai beaucoup aimé la narration. L’histoire est racontée par Varric, un personnage qui subit un interrogatoire étrange au sujet de Hawke. On suppose donc que l’histoire est racontée de son point de vue. Cela permet de résumer rapidement Origins et de faire passer les ellipses de façon relativement digeste. Parce que oui, il y a des ellipses. Quand on dit que l’histoire se passe sur une dizaine d’années, elle se passe en fait sur 3 périodes relativement courtes chacune espacées de plusieurs années. Déjà, ça ne fait pas le même effet. Parce qu’on ne voit pas le temps passer. On retrouve subitement un de nos potes qui nous dit « ouais, ben on s’est pas trop vus depuis 3 ans, mais ça va » alors que nous on l’a vu à peine 5 minutes avant. Niveau immersion, c’est moyen. Pareil au niveau des romances – parce que je suis une éternelle romantique qui aime flirter avec mes compagnons de route – on a du mal à croire à la façon dont elles s’établissent, à la fois trop lentement – si l’on tient compte des ellipses – et trop brutalement – en temps de jeu réel, on se fait sauter dessus sans comprendre ce qui nous arrive.
On regrettera de constater que malgré ce que le jeu tente de nous faite croire, Hawke subit plus qu’il/elle n’a d’influence sur les événements. Il pourra dire ce qu’il veut à tel ou tel compagnon, ça ne l’empêchera pas toujours de faire ce qu’il a envie de faire – pardon, ce qu’il doit faire parce que c’est écrit dans le scénario statique hein, on allait pas se faire chier à en faire plusieurs. Au final, les choix toujours présents n’ont qu’un impact limité sur le cours des choses. Alors c’est peut-être plus proche de la vraie vie, mais pour un truc présenté comme épique et comparé à Origins, c’est très frustrant.

Parlons-en, de Origins. On ne peut pas importer son personnage puisque l’on joue Hawke, mais l’on peut importer les événements. Cool, ça va influer sur l’univers. Ouais. Mais non. Déjà parce qu’on ne rencontre pratiquement aucun personnage du premier. Ensuite parce que ceux que l’on rencontre sont là et font ce qu’ils ont à faire même si on les avait tués dans le premier opus. Moi je dis, s’ils en avaient vraiment besoin pour la suite, il ne fallait tout simplement pas nous autoriser à les tuer dans le premier. Parce que du coup, la cohérence en prend un coup. Alors oui, ce sont des choix « annexes », un peu cachés ou bizarres, probablement pas suivis par la majorité des joueurs – suivis pour ma part au 3e ou 4e run en me disant « tiens et si je fais ça, ça fait quoi, ça tue machin, ah ok bon. » - mais s’ils existent, il est dommage de ne pas en tenir compte pour la suite.

Le gameplay. Il est beaucoup plus dynamique que dans Origins. Là où il suffisait d’appuyer une fois sur un bouton pour locker la cibler et la taper automatiquement – je ne parle pas des pouvoirs spéciaux – on doit maintenant mitrailler nos boutons pour taper les méchants. C’est assez sympa. Pour ma part, j’avais déjà tendance à mitrailler le bouton même si c’était inutile. Au moins, dans le 2, je ne le fais plus pour rien. Toutefois, le côté plus dynamique du jeu laisse moins de place au côté stratégique. D’une part parce que quand on est occupé à matraquer un bouton on a moins le temps de s’occuper de ce que font nos potes, d’autre part parce que les combats se déroulent dans des espaces beaucoup plus fermés et que l’on n’a donc pas le loisir de placer ses compagnons en fonction des ennemis. Enfin parce que j’ai trouvé que les compagnons de route étaient plus ou moins équivalents et que tant qu’on avait au moins un « healer », on pouvait bien construire une équipe de bras cassés que ça passait quand même. Ca, dans le premier, c’était juste impossible.

Et pourtant, j’ai adoré ce jeu. Je l’ai fait, refait, rerefait. La plupart des défauts que je cite, je les ai pourtant repérés dès le départ. Je ne saurais expliquer pourquoi, pour moi, ce n’était pas grave. Je les ai notés, je trouve le jeu imparfait sans doute à cause d’un délai de réalisation beaucoup trop court et pourtant j’ai pris beaucoup de plaisir à y jouer. Je me suis prise dans l’histoire, dans l’univers, j’avais envie de faire avancer ma petite Hawke. Et aussi bizarre que ça puisse paraître, alors que je lui trouve plein de défauts, je le recommande si vous avez apprécié Origins, parce que je l’ai beaucoup aimé.

Créée

le 30 oct. 2012

Critique lue 840 fois

14 j'aime

4 commentaires

Nomenale

Écrit par

Critique lue 840 fois

14
4

D'autres avis sur Dragon Age II

Dragon Age II
Karrie
4

J'ai ri.

Je me dois de refaire cette critique. Non pas que je trouve que Dragon Age 2 soit un bon jeu, loin de là. Il y a pire aussi, mais après Dragon Age Origins, il fait carrément pitié. Et qu'on ne vienne...

le 13 juil. 2011

30 j'aime

15

Dragon Age II
Gautoz
4

Balladur's Gate

Considérons un guitariste. Appellons le Jean-Luc. Jean-Luc Bioware. Jean-Luc a passé ces dix dernières années à tenter de reproduire le son vintage de... disons... Santana, ce dans le seul but de...

le 21 avr. 2011

26 j'aime

Dragon Age II
Unefillegeniale
5

Critique de Dragon Age II par Unefillegeniale

Bon, je n'en suis qu'au début de l'acte 3 mais ce jeu est une gigantesque blague. Je ne peux pas critiquer l'histoire en elle-même, tout simplement parce qu'il n'y en a pas. Ce jeu est un immense...

le 24 sept. 2013

15 j'aime

3

Du même critique

Only God Forgives
Nomenale
6

De deux choses l'une

- soit j'ai rien compris, soit il y a des risques de spoil - soit l'esthétisme est impeccable et sans aucun raté, soit il est rouge. Très rouge. Trop rouge; - soit le scénario est d'une complexité...

le 26 mai 2013

73 j'aime

26

Downton Abbey
Nomenale
8

Dear Lady Sybil,

Comme j'ai aimé être une petite souris et me glisser dans cet immense demeure que vous partagez seulement avec quatre autres membres de votre famille. Comme j'ai aimé voir la vie des domestiques qui...

le 21 juin 2013

70 j'aime

23

Six pieds sous terre
Nomenale
9

"I wish that just once people wouldn't act like the clichés that they are"

La mort, je la côtoie tous les jours. J’ai grandi dedans. Et pourtant, celle-ci fait mal. La mort ne fait pas mal, d’habitude. La mort ce sont ces corps dans la salle en bas. Ce sont ces familles...

le 6 août 2013

62 j'aime

23