Final Fantasy XIII
5.9
Final Fantasy XIII

Jeu de Square Enix et Motomu Toriyama (2009Xbox 360)

S'il y a une saga vidéoludique qui a fait exploser un genre c'est bien Final Fantasy. La découverte massive du 7ème (et excellent) épisode à permis au J-RPG (le jeu de rôle japonais, dont les spécificités esthétiques et ludiques s'éloignent de celles de son pendant occidentale) de conquérir un large publique de part le monde. Les sorties se sont multipliés et des licences jusque là réservées aux japonais ont pu arriver dans nos vertes contrées.
Étant à la base de ce mouvement, la série de Square-Enix a toujours eu le privilège des joueurs et chaque nouvel épisode devient un événement. Annoncé de longue date, cet opus "next gen" portait en lui les promesses les plus folles.


A l'arrivé on ne peut qu'être déçu par le résultat. Peut être pas visuellement puisque le titre reste dans la moyenne haute des productions actuelles et japonaises en particuliers. On pourra toujours pester contre le design flashy, bordélique et légèrement repoussant signé Tetsuya Nomura mais le fait est que techniquement le jeu tient plutôt bien la route.
Cependant on s'aperçoit vite que cette qualité graphique à un prix, au delà des ralentissements gênants de la version Xbox. Un prix fort puisque c'est la structure même du jeu qui le paye.


En effet les environnements de FF XIII sont tout étriqués, bien sûr l'illusion est péniblement entretenue par des toiles de fond gigantesque et complexe mais le fait est que le joueur n'évoluera pas ailleurs que dans un couloir étroit et aux embranchements rares. Oublier tout notions d'exploration, de découverte, d'aventure. Toute velléité d'initiative ou d'improvisation est étouffée par la fuite en avant permanente, mais dont il ne se dégage pas de réelle tension, imposée par l'histoire et la structure des niveaux. Mais Ici on vous prend par la main du début à la fin.
Bien sûr on a "Pulse", seul niveau ouvert du jeu mais qui est, en fait, une gigantesque plaine vide avec 3/4 animaux qui spawnent à proximité. En plus les quêtes que l'on peut y faire se déclenchent dans un ordre précis et toujours à côté de l'endroit où vous finirez la précédente. Où comment retracer un couloir invisible.


Ce choix à le don de rendre le monde de FF XIII complètement vide et artificiel, on ne croit pas un seul instant à ce qu'il y ait une vie là dedans. Surtout lorsque la narration vous fait passer d'un niveau à un autre par des transitions pas très soignées. A plusieurs endroits on ne sait plus du tout où on est exactement ni comment on est arrivé là. Tout parait segmenté et l'attachement que l'on pourrait porté au contexte ne va qu'en s'affaiblissant au long de l'aventure. De là à dire qu'on n'en a un peu rien à foutre de le sauver, ce monde, il n'y a qu'un pas.


Ce qui est dommage puisqu'à côté le scénario propose des thèmes et réflexions pas si bêtes sur la manipulation des masses et les mécanisme du racismes. Mais le tout est traité avec une lourdeur d'éléphant.
Il faut dire aussi que certains personnages n'aident pas vraiment non plus. Certaines relation ne sont pas inintéressantes (Sazh et son fils, Lightning et Fang ou même Snow et Hope) mais d'autres personnages sont tellement creux (Au pif l'insupportable Vanilla ou la dégoulinante histoire entre Snow et Serah ) que la débilité de leurs phrases toutes faites ou leurs manières de poseurs occupent toute l'attention.


Mais alors que faisons-nous dans ces couloirs ? Et bien on bastonne tout ce qu'on croise. Afin de ne pas se tirer complètement une balle dans le pied Square à soigner son système de combat. Il se base sur un principe de rôle à endosser selon la situation puisque chaque rôle offre des techniques différentes d'un autre. On jonglera ainsi entre ces aptitudes selon les tactiques ou les faiblesses de son adversaire.
Un choix qui se révèle fort sympathique et qui maintient sous perfusion l'intérêt que l'on peut porter au titre.
Cependant là encore tout n'est pas rose puisque ce système est largement bridé. Sans doute dans un but d'accessibilité, on ne contrôle qu'un seul personnage et les actions de nos partenaires sont gérés par l'IA. Cette IA étant tellement bien programmée qu'on n'a pas trop de soucis à se faire.


Mais le vrai problème est que le jeu encourage fortement (de part le rythme des combats et la lisibilité relative de l'action) le joueur à utiliser la fonction "attaque automatique" elle aussi programmée remarquablement. Tellement bien en fait qu'on se demande pourquoi on se ferait chier à fouiller les menus alors que l'ordinateur le fait très bien tout seul. Résultat des courses on passe une grande majorité des combats (les boss appellent heureusement à plus d'initiative de notre part) à bourriner la commande "attaque automatique" puisque les tentatives de se caser un peu le cul ne sont pas récompensées, ou alors par la mort.


Entre un univers pas crédible, une histoire peu motivante, un système de combat sympathique mais lassant et un enrobage qui frôle trop souvent le ridicule (les invocations-véhicule, sans doute la pire invention de l'année!) on ne peut pas dire que le tableau soit idyllique.
Final Fantasy XIII a fait le choix de renoncer aux bases du RPG, un choix déjà discutable en soit mais qui le devient encore plus lorsque l'on s'aperçoit qu'il ne propose rien de concluant à la place. Tout au plus une poignée d'idées agglutinées pêle-mêle, sans véritable soucis de cohésion ou de sens.
Indigeste est sans doute l'adjectif qui convient le mieux à ce Final Fantasy XIII.

Vnr-Herzog
5
Écrit par

Créée

le 6 mai 2010

Critique lue 2.5K fois

32 j'aime

11 commentaires

Critique lue 2.5K fois

32
11

D'autres avis sur Final Fantasy XIII

Final Fantasy XIII
hillson
6

Finalement...

Un jeu qui vous emporte pendant plus de 60 heures à travers une aventure à la fois épique et profonde, dotée de plusieurs niveaux de lecture et d'une critique de la société moderne n'est pas une...

le 12 avr. 2010

29 j'aime

11

Final Fantasy XIII
Ray
7

Faut-il crier au loup quand ce dernier n’est pas présent ?

FF est mort, vive FF ! Combien de fois aurais-je entendu ça de la part des fans qui se sentent violés et qui se rendent compte qu’une série ne leur appartient pas ? Trop à mon gout surtout quand...

Par

le 16 avr. 2014

26 j'aime

13

Final Fantasy XIII
M9aouedd
4

Ah quelle était belle la chèvre de monsieur Seuguin...

Qui dit Final Fantasy, pense automatiquement au monument du RPG japonais, ou le RPG en général. Sauf que... ce n'est apparemment plus le cas. Plusieurs raisons peuvent être citées, mais le fait est...

le 15 mars 2010

22 j'aime

Du même critique

Le Bon, la Brute et le Truand
Vnr-Herzog
10

Citizen Kane ? Mon Cul !

Pourquoi ce titre provocateur ? Tout simplement parce que le film de Welles arrive systématiquement en tête de n'importe quel classement des meilleurs films de l'histoire du Cinéma lorsqu'ils sont...

le 12 déc. 2010

503 j'aime

86

Cowboy Bebop
Vnr-Herzog
10

Doux, dur et dingue

Oubliez tout ce que vous savez sur la japanimation (surtout si vous vous appelez Éric Zemmour), oubliez tout ce que vous savez des dessins-animés en général car "Cowboy Bebop" est une série tout à...

le 9 janv. 2011

407 j'aime

37