C’est ce qui définit peut être le mieux la team Rockstar, qui n’a cessé de faire évoluer ses productions au fil des années. Si la Septième génération de consoles n’avait pas trouvé grand nombre d’acheteurs à son lancement, fort est de constater que les studios auront mis ces supports à l’honneur, en enchainant les hits. "GTA IV" était déjà une claque de part son impressionnante transition graphique (de même que "GTA III" l’avait été sur PS2 et PC). "Red Dead Redemption" était une exécution remarquable témoignant d’une grande richesse narrative et esthétique. "Max Payne 3" est dans la même lignée. Et voici enfin le Saint Graal marquant la fin de la Current Gen.

"GTA V", c’est avant tout une campagne de communication gigantesque. Le poids du marketing n’est plus un secret aujourd’hui dans le secteur vidéoludique, au vu des budgets illimités pour le lancement des nouvelles consoles de salon. Toutefois, il faut avouer que "Grand Theft Auto" est une licence emblématique qui s’est construire une véritable communauté de fans. A tel point que la diffusion d’un simple screenshot suffit pour faire bouillir cette communauté de fidèles, tout en les poussant dans des analyses les plus complexes.
Le premier trailer du jeu est sorti en novembre 2011, soit près de deux ans avant la commercialisation du titre. Deux ans d’attente à coup de diffusion partielle d’images, d’infos exclusives, de trailers et de vidéos documentaires (dont Rockstar a le secret). Un buzz formidablement bien orchestré, ce qui a permis une explosion des ventes planifiées le jour de sa sortie officielle.

Il faut dire que "GTA V" a promis beaucoup de choses : taille gigantesque de la map, narration singulière, trois personnages jouables, évolutions techniques et graphiques, de multiples ajouts ludiques, etc. Bref, Rockstar a vendu son titre comme le jeu le plus exigeant et le plus ambitieux de tous les temps.

Une promesse prétentieuse, il faut l’avouer… Mais il faut dire aussi que les studios Rockstar ont fondé leur réputation sur un travail d’orfèvre et sur un sens du détail. Des qualités artistiques directement appliquées sur leur licence emblématique. De fait, on ne pouvait qu’être confiant.

Au lancement du jeu et après seulement quelques heures de pratique, on ne peut qu’acquiescer. Oui, "GTA V" est le résultat d’un travail de titan, laissant place à une map complexe et étonnamment vivante, jonglant d’une atmosphère à une autre de façon fluide et naturelle. Ce premier point central suffit à justifier le talent notable des créateurs : rendre un monde à la fois crédible et immersif, où nous sommes sans arrêt en train de nous écarter des objectifs centraux, afin de scruter ce qui se passe autour. C’est une force propre à la licence "Grand Theft Auto" et ce cinquième volet est là pour sublimer d'avantage cet atout.

Afin de synthétiser au maximum mon propos et pour être sûr d’aborder tous les points techniques du jeu, je présente cela sous forme de liste, avec un pan "positif" et un pan "négatif".

Points positifs :

1/ Un évolution graphique notable, entre une netteté plus prononcée de l’ensemble des décors, un travail sur les variations climatiques, une profondeur de champ parfois bluffante et des textures plus agréables (surtout auprès du milieu aquatique). En résumé, un transfert habile des qualités graphiques de "Red Dead Redemption" au sein la licence "Grand Theft Auto".

2/ Un grand nombre d’ajouts ludiques : véhicules diversifiés (voitures ; bateaux ; avions ; motos ; vélos ; jet ski ; etc.), activités annexes ancrées dans les problématiques sociétales actuelles (bourse ; achat immobilier ; réseaux sociaux ; sport), ajout de personnalisations (vêtements ; coiffures ; tuning). Bref, un système de jeu plus au moins proche du très gourmand "GTA : San Andreas", réadapté pour une version 2013.

3/ Une narration autour de trois personnages, avec un système de switch très efficace et stylisé. De fait c’est un plaisir de pouvoir jongler d’un personnage à un autre, tout en les découvrant dans leur "quotidien" (les switchs sur Trevor restent les plus improbables). D’autre part, ce dispositif permet d’amener une autre lecture ludique des missions scénarisées, en permettant d’adopter plusieurs pistes d’action.

4/ Des missions de braquage rares mais bien ficelées, où le joueur doit opter pour une stratégie d’attaque, tout en composant sa propre équipe et en accomplissant plusieurs étapes de préparation.

5/ Un VRAI Open World, joli, fluide, habité et dynamique, permettant une vraie immersion et un fort plaisir de jeu.

Points négatifs :

1/ Des missions un peu anecdotiques par moment, même s’il faut noter un réel travail de mise en scène. Mais justement, le script abusif tue parfois le plaisir, car trop convenu ou trop guidé (ce qui rend le niveau de difficulté assez simple finalement). D’autre part, la durée de vie du solo n’est pas folle, même en prenant le temps de faire les missions annexes au fur et à mesure de l’avancement du récit. Enfin, la fin du jeu la plus convenue est assez fade… De fait, il faut choisir l’une des deux fins trash pour éprouver un ressenti particulier.

2/ Seul le personnage de Michael bénéficie d’un réel travail d’écriture. Son évolution est bien amenée, contrairement aux deux autres compères. En effet, Franklin est cool mais assez lisse finalement (malgré ses origines gangsta). Quant à Trevor, le perso’ est certes jouissif, car complètement barré, mais il s’enferme justement assez rapidement dans ce schéma psychotique, ce qui en fait finalement un personnage plutôt à l’écart dans le récit global. Et pour revenir à Franklin, il est d'ailleurs regrettable que le milieu "banlieue" ne prenne pas d'avantage de place dans le récit et dans la construction de la map.

3/ Les compétences spéciales des personnages sont très mal gérées : on ne sent aucune progression, malgré un effet de jeu sympa.

4/ Les dégâts des véhicules et la conduite sont moins réalistes que dans "GTA IV". Toutefois, il faut avouer que la conduite arcade se prend facilement en main et qu’elle est tout à fait adaptée à la grande superficie de la map. Mais impossible de ne pas bouder le bâclage des véhicules à deux roues (les quads font un bruit de tondeuse à gazon).

5/ Une fois le jeu fini, on commence à très vite sentir l’ennui malgré une map riche et travaillée. A vrai dire, on peut toujours dépenser la grosse somme d’argent gagnée en fin de jeu pour l’achat de propriétés ou de véhicules spéciaux. Mais cela aurait eu plus d’intérêt au cœur de l’aventure solo.


Il faut toutefois noter que le Online est sorti quelques semaines après, ce qui offre une réelle extension de jeu. Je n’ai pas encore pu mettre la main dessus, ce qui me permettra de faire une deuxième critique spécialisée.

En conclusion, "GTA V" est un joli cadeau pour la fin de la Current Gen et une démonstration directe du travail colossal achevé par les équipes de Rockstar. Si la commercialisation de ce titre a été vécue comme un événement vidéoludique, c’est que son contenu nous a réservé son lot de surprises et d’amusements.
Chapeau bas.
Théo-C
8
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Créée

le 4 déc. 2013

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Théo-C

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