C'est avec une certaine nostalgie que je vais évoquer cette soirée du 18 septembre 2013, ce moment d'émotion où j'ai inséré pour la première fois le disque de GTA V dans ma console. La frustration de la précédente soirée passée à écumer les boutiques de jeu vidéo, sans succès, s'éffaçait pour laisser place à l'émerveillement des premières virées en voiture dans cet immense univers. Ces premiers instants où la majorité de la carte est encore un territoire inconnu, ces moments où l'on pense encore que la joie passée à arpenter les premières rues ne seront que décupler par l'immensité de la carte, ces instants sont clairement les meilleurs. On découvre les boutiques de vêtements, puis les coiffeurs, puis les carrossiers et les tatoueurs, à ce moment on se dit que les possibilités sont infinies. Je peux aller où je veux, quand je veux, je tue qui je veux, je m'habille comme je veux, la montagne là-bas ? Boarf, j'y suis dans la minute, le gratte-ciel là ? Laisse-moi prendre mon hélicopter, oh non tiens, laisse-moi tenter un saut en parachute de mon avion et je pourrai tranquillement contempler la ville du haut de son point culminant.

Puis le drame est arrivé. Une sorte de crise de la quarantaine vidéoludique. Je regardais la carte et je me rendais compte que les terres inconnues devenaient bien rares. Pire encore, chaque extrémité de la carte était visible et cette illusion de monde ouvert et de liberté infinie venait de disparaître pour laisser place à l'implaccable vérité d'un monde fermé qui se refermait encore un peu plus à chaque instant jusqu'à provoquer cette impression presque claustrophobique d'une absence de découverte et de sensations de jeu non renouvelées. J'avais tout fait, j'avais tout vu, et ce ne sont pas ces mini-jeux sans intérêt ou ces courses de rue répétitives qui vont relancer mon entrain, ni même ce scénario divertissant mais cousu de fils blancs. Non, je devais me faire une raison, mes meilleurs moments sur ce GTA étaient derrière moi.

Réaliser cela aura été difficile, une épreuve à surmonter car ces premiers instants sur ce GTA m'avaient ramené à mon enfance, quand quelques bouts de plastique et de métal que j'appelais "Lego" ou "petites voitures" me permettait de créer des histoires incroyables faites de voitures volantes, de villes futuristes et de courses poursuites endiablées à faire pâlir tout Hollywood. A cette époque, je ne m'ennuyais pas sur GTA, c'était même la concrétisation de tous mes rêves, un immense terrain de jeu où tout est possible, où toute liberté est exacerbée au point d'en assumer une certaine violence. Le terme bac-à-sable pour désigner les mondes ouverts portait vraiment bien son nom car je n'en étais pas si loin.

Aujourd'hui, je ne mets plus les pieds dans un bac-à-sable, cela salit mes chaussures. Minecraft m'ennuie et je me lasse de GTA.

Je vieillis.

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le 30 oct. 2013

Modifiée

le 30 oct. 2013

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Adrien Antoine

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