Tu es lumière et tu redeviendras lumière

Un désert infini à perte de vue, sous un soleil voilé. Et puis la découverte d'un chemin. Par instinct (ou presque), on se dirige immédiatement, sans vraiment réfléchir, vers ces rubans qui dénotent dans cet univers beau et vide. Peut-être pour se débarrasser de cette solitude naissante. On grimpe sur une petite colline de sable et une vue panoramique superbe s'enclenche. Des tas de silhouettes droites et élancées. On glisse vers elles, mais il n'y a personne. Juste un étrange cimetière perdu dans cet océan orangé, brillant, sans vie. On passe son chemin et on suit la lumière, encore et encore, cette lumière qui deviendra notre guide jusqu'à devenir soi-même lumière.

Cette musique magnifique, lointaine mais toujours présente. Ces sonorités un peu sombres, un peu vagues, qui vous envoûtent inconsciemment, ces douces mélodies des grands espaces solitaires qui, parfois se réveillent dramatiquement dans des situations difficiles, parfois s'apaisent le temps d'admirer un morceau de paysage. Quelques notes de violon viennent se glisser langoureusement à travers le chemin et ne peuvent s'empêcher de sublimer la magnificence ainsi que toutes les sensations émanant de cet étrange voyage.

Mais ce qui est encore plus magique, c'est la possibilité de rencontrer aléatoirement d'autres joueurs, solitaires comme nous. Le premier que j'ai rencontré m'a accompagnée tout au long du chemin. Il m'a tourné autour en produisant des sons pour me faire comprendre qu'il voulait faire le voyage avec moi. Car le concept clé, c'est qu'on ne peut pas vraiment communiquer. Le principe, c'est de deviner. D'interpréter l'attitude de l'autre. Et lorsqu'on marche côte à côte, dans le même but, la sensation de compréhension et de solidarité n'en est que plus grande. Lorsqu'on se frôle, qu'on se réchauffe et qu'on s'accompagne mutuellement jusqu'au terrible sommet, c'est une sensation difficile à décrire. On se fait confiance et on se suit, c'est tout. Et puis au moment de se quitter, on ressent un petit pincement au cœur pour ce compagnon qu'on n'a connu qu'une heure et qu'on ne reverra plus jamais, dont on se sait rien, dont on ne saura jamais rien, mais à qui on s'est tout de même attaché.

Inutile de trop en dire, Journey est une expérience à part entière, courte et intense. Il suffit de s'y plonger et de découvrir par soi-même tout ce que ce jeu peut apporter d'incroyable dans les émotions, le ressenti, la réflexion. Une étoile filante traverse le ciel et le cycle suit son cours, inlassablement.
Misskatonic
8
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le 11 sept. 2014

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