Le degré zéro du jeu

Curieux, j'ai décidé de tester ce truc qui a tant fait vibrer les gens et quelqu'uns de mes éclaireurs que je ne dénoncerai pas. Après tout je n'ai pas détesté Walking Dead et Wolf among Us, c'est pas mal parfois de débrancher son cerveau le temps de bouquiner une BD interactive.

Je me suis fait violence pour aller au bout, ça a été l'horreur pure. Life is Strange propose encore moins de gameplay que Walking Dead (pas une petite performance). Si l'essentiel du jeu consiste ici aussi à parler avec des gens et cliquer sur des objets dans de minuscules zones, on perd les QTE et réponses au timing serré qui rythmaient le jeu Telltale, forçaient les choix et donnaient ce côté haletant à la série.
A la place on se retrouve avec cet affreux pouvoir de retour dans le temps. Dans la majeure partie des cas il ne sert qu'à explorer à volonté (pas de limites d'utilisation) l'intégralité des choix d'une roue de dialogue. C'est un peu l'équivalent de lire toutes les pages d'un livre dont vous êtes le héros, ça n'a aucun intérêt. Si les fans semblent ravis d'explorer le champ des possibles plus rapidement qu'avec une sauvegarde rapide, j'ai trouvé l'idée détestable, une des pires mécanique de jeu de l'histoire du jeu vidéo moderne. Je préfère largement jouer rôleplay et assumer mes choix, même si ce ne sont pas les bons. De toute façon, ces choix se révèlent être des impostures comme dans les jeux Telltale, DONTNOD atteint alors des sommets de cynisme en nous offrant la possibilité de les rejouer. Ces choix ne sont que des illusions, ils n'ont aucun impact sur une histoire qui déroule comme prévu, annulant de fait toute possibilité de rejouabilité du titre.

A ce gameplay abominable s'ajoute une histoire d'une aberrante nullité dont la filiation se situe entre un téléfilm M6 et Plus belle la vie, à la fois sans aucune surprise et totalement improbable. J'ai trouvé la gamine pénible avec son mal-être d'ado gâtée, je n'ai jamais pu m'identifier à cette greluche. Bref, ces quelques heures auront été une expérience extrême d'ennui vidéoludique, je n'hésiterai pas désormais à qualifier ce jeu de "jeu le plus chiant de la terre" à égalité avec Gone Home.