Portal
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Portal

Jeu de Valve (2007PC)

GLaDOS ou mon premier syndrôme de Stockolm

Trois jours que j'ai fini Portal, et ma critique révèle un état proche de l'extatique. Mais je me rends compte que je tenais à parler d'un sujet en particulier, et que je ne l'ai pas fait. Ce sujet, c'est GLaDOS. Ci-dessous donc, ma critique originelle élaguée, et encore plus bas, un galimatias plus ou moins structuré sur l'une des méchantes les plus adorables de mon (restreint) panthéon vidéoludique.

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P'tain, vous aviez raison, bordel, les mecs, vous aviez grave raison ! J'hallucine. C'était génial. Quatre heures de bonheur en barres.

Première chose : l'humour. Peu de jeux arrivent à combiner une ambiance aussi malsaine à un humour aussi franchement hilarant. Je n'ai pu m'empêcher de me projeter la vidéo d'intro de Fallout 2 ("extreme eye damage could result!") au fur et à mesure des commentaires de mon unique interlocutrice , lorsque sa voix ne se met pas à bugguer, naturellement. Brrr...

A noter que la VF et la VO se valent. GLaDOS est génialissime dans toutes les langues.

Quatre heures, c'est court, oui, mais il n'en fallait pas plus : si le jeu s'était prolongé, le rythme se serait sûrement essoufflé et le plaisir de jeu aurait diminué.

Niveau visuel, vous êtes un rat de laboratoire, et on vous le fait sentir. J'ai particulièrement aimé les contrastes entre les salles blanches et les salles pleines de "rouille" avec les inscriptions au mur. Et les zolis portails bleus et oranges.

Pour les hérétiques qui seraient encore plus à la bourre que moi, je me contenterai de dire : foncez. Maintenant.
Et pour ceux qui ont chanté les louanges de Portal, merci. Vous m'avez offert des heures de jeu délicieuses.

Merci également à Valve.

Prochaine étape, Portal 2...
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Bon, je n'ai pas du tout joué à Portal 2 (pour l'instant) et je veux éviter au maximum de me faire spoiler (je sais déjà que *SPOILER* elle serait issue de la personnalité d'une dénommée Caroline *FIN SPOILER*, et le découvrir m'a déjà un peu plombée). Ce que je sais de GLaDOS se cantonne exclusivement à Portal 1. Spoilers Portal 1 donc.

Parce que GLaDOS constitue 75 % du bonheur que j'ai ressenti en jouant à Portal.

Voir que GLaDOS passe progressivement d'une simple voix robotique, certes bugguée, mais destinée à première vue à nous aider à progresser dans les salles de tests, à un ennemi mortel qu'il nous faut éliminer, est déjà intéressant en soi : en lançant Portal pour la première fois, on ne sait rien d'Aperture Science (pas plus qu'à la fin me direz-vous), de cette étrange samba à la radio, ni de la voix robotique qui nous accueille.

Elle buggue, ouais, quelque chose ne tourne pas rond dès le départ : peut-être, en arrivant au bout des salles de test, va-t-on déboucher sur les "vrais" locaux d'Aperture Science et découvrir d'autres gens ? Voir ce qui cloche ?

Mais non, seul nous attend l'incinérateur. Nous, Chell, sommes seule face à GLaDOS, un robot psychopathe foutrement humanisé qui ne nous a guidée que pour mieux nous cuire.
Lorsqu'apparaît cet incinérateur, tout bascule : la nature de GLaDOS, la raison de la présence de Chell dans ces salles, notre objectif. On ne veut plus arriver au bout, on doit se sortir de là et survivre. Le ton de GLaDOS change, s'humanise de plus en plus : de pragmatique, froid, assuré, elle commence à s'inquiéter ("Que faites-vous ? Arrêtez ! Je... Nous...") et nous interpelle d'une toute autre manière. Pas forcément confrontationnelle, d'ailleurs. Elle commence par tenter de nous raisonner ("Je ne suis pas fâchée. Vous feriez mieux de revenir." ; "où croyez-vous aller ?" ; "un jour nous rirons de tout cela."), et puis elle s'énerve ("c'est de votre faute, vous savez ?!" "Il n'y a plus de gâteau. Vous vous en moquez, c'est ça ?!"). Elle n'est plus un simple débiteur d'instructions, elle a une conscience bien à elle. On n'y fait jamais référence en disant "ça" ou "it". Toujours "elle" ou "she". (D'ailleurs, à la fin, je me suis tourné vers mon pote et j'ai fait : "j'ai battu Gladys ! ... euh, GLaDOS...". J'ai eu honte.)

Et elle est délicieusement schtarbée, narcissique, psychopathe, cruelle, you name it.
Presque toutes les répliques de GLaDOS sont à se damner.

Le summum, c'est le combat final, volontairement facile pour ne pas perdre une miette des propos de GLaDOS tentant de détruire aussi bien physiquement que psychologiquement notre pauvre petite Chell. Sitôt son processeur de moralité (!!) détruit, sa dernière muselière en somme, sa voix perd encore davantage de son aspect robotique (!!!) : elle devient suave, sarcastique, puis agressive, carrément méchante. Ce petit rire machiavélique qu'elle a sitôt son processeur détruit m'a carrément fait bondir.

GLaDOS n'est pas le premier robot à jouir d'une personnalité. GLaDOS n'est pas le premier robot à péter les plombs et à tout démolir pour devenir le nouveau maître des lieux. Mais GLaDOS est le boss final que j'ai peut-être eu le plus de mal à tuer, non pas parce qu'elle est dure à battre (elle ne l'est pas) mais parce que je ne voulais pas, tout simplement. Je voulais qu'on soit potes.
GLaDOS, c'est la vie, c'est "Still alive", c'est l'humanisation de la technologie jusqu'à la folie la plus pure. GLaDOS est un incinérateur. GLaDOS est un gâteau.
GLaDOS est mon premier syndrôme de Stockolm.

"Don't believe me?! Here, I'll put you on: "Hellooooo". THAT'S YOU. THAT'S HOW DUMB YOU SOUND."

GLaDOS, je t'aime, j'ai hâte de te retrouver. A très vite. Bisous.

Si vous avez lu mon pavé, vous êtes quelqu'un de fort sympathique et je vais vous donner du gâteau.
Karrie
10
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Le méchant déchire sa race !, Merci Boulon !, Eh, moi aussi j'ai Steam !, Pas fâchée d'avoir rattrapé mon retard... et

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le 8 juin 2011

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Karrie

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