L’avantage d’avoir un oncle savant fou ? Les vacances que vous passez dans son manoir sont l’occasion d’essayer toutes sortes d’inventions qui feraient crever d’envie tous vos copains. Mais cette fois, il y a eu un problème. Votre arrivée impromptue a distrait le professeur au milieu d’une expérience et une erreur de manipulation l’a envoyé dans un continuum parallèle d’où il ne peut ressortir sans votre aide… Grâce à sa dernière invention, un gant permettant de manipuler plusieurs dimensions, vous devez le tirer de là.

La notion d’univers parallèle ouvre le champ des possibles vers des considérations pour le moins vertigineuses : ces dimensions alternatives peuvent en effet se différencier de la nôtre par des lois physiques totalement différentes de celles que nous connaissons ; parmi diverses possibilités, on peut citer une vitesse de la lumière supérieure, ou bien une force de gravité moindre, ou encore un écoulement du temps plus lent, avec pour corolaire de chacune de ces modifications de paramètres une réalité toute entière sans plus aucun rapport avec la nôtre. Si la science se trouve encore dans l’impossibilité d’observer un ou plusieurs de ces continuums, la science-fiction en décrit depuis longtemps, notamment à travers des récits de voyages dans le temps où le passé se trouve modifié de telle manière que, une fois de retour à son époque, le voyageur trouve un monde parfois radicalement différent de celui qu’il connaissait – on peut parler dans ce cas précis d’uchronie.

Quantum Conundrum repose tout entier sur la possibilité donnée au joueur de manipuler de tels mondes parallèles afin de pouvoir modifier certains éléments des différents niveaux du jeu de manière à résoudre divers puzzles et autres casse-têtes. Chaque épreuve remportée permet de passer à la suivante, dans le but ultime de parvenir à remettre en marche une série de générateurs installés dans les souterrains du manoir de votre oncle qui, une fois relancés, permettront au vieux savant excentrique de revenir dans notre monde.

Un exemple ? Vous devez utiliser un objet très lourd comme une sorte de levier afin de déplacer un élément, mais le seul pouvant jouer ce rôle est un coffre-fort bien trop lourd pour votre musculature ; en passant dans la dimension appropriée, il vous sera possible d’alléger l’objet de manière à pouvoir le transporter jusqu’où vous pourrez l’utiliser une fois que vous lui aurez rendu son poids initial en revenant dans le continuum normal. Un autre exemple ? Le seul moyen d’ouvrir une porte consiste à appuyer sur un bouton disposé bien trop loin de celle-ci, de sorte que vous ne pouvez passer la porte avant que celle-ci se referme d’elle-même quelques instants à peine après que vous ayez activé l’interrupteur ; en utilisant la dimension capable de freiner le temps, la porte se refermera au ralenti et votre problème sera vite résolu. Les deux autres possibilités qu’offre Quantum… consiste à rendre les objets plus lourds – et aussi indestructibles aux lasers présents ici et là dans les diverses zones du manoir – ou bien, tout le contraire du précédent, à inverser la force de gravité – pour faire « monter » les objets au plafond au lieu de les laisser tomber au sol.

Si dans un premier temps vous ne pourrez choisir quelle dimension utiliser, ni quand, vous mettrez vite la main sur le gant dimensionnel mentionné dans le synopsis ci-dessus qui vous permettra d’activer et de désactiver à loisir les différentes réalités et leurs propriétés physiques respectives. Quoi qu’il en soit, vous ne pourrez utiliser qu’un seul continuum à la fois, de sorte que la résolution de certains puzzles demandera parfois une certaine rapidité d’exécution pour passer d’un univers à l’autre, puis à un éventuel troisième, le plus vite possible afin de vous servir de la situation permise par la première dimension comme d’une base à partir de laquelle exploiter la seconde. Par exemple, alléger un coffre-fort afin de le lancer dans une direction précise avant de ralentir le temps pour pouvoir sauter dessus et enfin d’inverser la gravité de façon à s’en servir comme d’une sorte d’ascenseur qui permettra de rejoindre une zone située très en hauteur.

Les possibilités se montrent donc très variées, et le jeu devient vite prétexte à toutes sortes d’expérimentations qui peuvent non seulement devenir très amusantes mais aussi fournir des solutions toutes personnelles pour la résolution de différents puzzles du jeu – Quantum… plaît donc d’autant plus qu’il ressemble au joueur, ce qui surprend somme toute assez peu… Pour cette raison, vous vous verrez bien inspiré de réfléchir, et parfois même longuement, avant de vous lancer vers la solution qui vous semble la plus évidente ; sur ce point, d’ailleurs, les conseils de votre oncle se montreront souvent importants. Pour la même raison, évitez de suivre trop à la lettre les différentes soluces disponibles : elles ne vous correspondront pas forcément et, pis, vous feront perdre du temps.

On regrette beaucoup, par contre, le parti-pris des développeurs à orienter le titre vers une variante du jeu de plateforme dans la première moitié de son dernier tiers, car si les mécaniques de jeu principales restent bien sûr les mêmes elles se combinent à des exigences de réflexes et de dextérité qui cadrent mal avec cette réflexion constituant pourtant l’essence même du titre.

Enfin, le dernier aspect tout à fait appréciable de Quantum… réside dans ses visuels à l’aspect cartoon typique des productions américaines contemporaines mais où on distingue d’assez nettes influences des pères fondateurs de ce média tels que Tex Avery (1908-1980) ou Chuck Jones (1912-2002). On peut évoquer en particulier ces architectures aux perspectives folles couvertes de tapisseries en motifs et dont le mobilier semble sorti en droite ligne du XIXe siècle, mais où pointent ici et là des appareils prodigieusement sophistiqués aux formes tarabiscotées et desquels jaillissent toutes sortes de tuyaux et de tubes. L’identité de Quantum… trouve aussi ses racines dans ce paradoxe visuel où le classicisme d’antan côtoie l’hypermodernisme technologique, avec le style cartoon servant à lier ces deux extrêmes en un tout étonnamment cohérent.

Pour son orientation « bac à sable » couplée à des mécaniques de jeu extrêmement variées, Quantum… puise toute sa force dans l’imagination et la créativité de ses joueurs au lieu de placer ceux-ci sur un rail dont ils ne peuvent s’écarter sous peine d’échouer. Voilà pourquoi ce titre ne s’adresse pas à tout le monde, car il reste le plus abouti dans son genre à l’heure actuelle en raison de sa jouabilité exceptionnelle pour sa diversité sans pareille.

Notes :

Quantum Conundrum propose deux DLC qui permettent d’explorer de nouvelles zones du manoir : The Desmond Debacle sortit en juillet, et IKE-aramba! le mois suivant.

Une campagne publicitaire sous forme de parodie de jeu télévisé et intitulée The Super Dimensional Quantum Learning’s Problems and Solutions Gametime Spectacular!! présente des joueurs dans divers scénarios basés sur les différentes dimensions du jeu. Il y a en tout quatre épisodes.
LeDinoBleu
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le 6 janv. 2013

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