SOMA
7.5
SOMA

Jeu de Frictional Games et Mikael Hedberg (2015PC)

Le contexte est le suivant : Frictional est un petit studio 'spécialisé' dans l'angoisse avec Penumbra puis Amnesia. Amnesia, si ça ne vous dis rien : c'est vraisemblablement la référence moderne (des 10 dernières années disons) pour le genre nommé 'survival-horror', reprenant un panel d'émotions variés : peur, sursaut, suspense, angoisse, cauchemar, des représentations crues de la mort...


Amnesia, a fait date, même si Outlast a fait forte impression, il ne l'a jamais destitué... son égal dans le meilleur des cas.
Là-dessus, Frictional Games annonce un titre tourné sur la science-fiction 'SOMA', un thème plutôt en retrait lorsque décliné sur le mode 'horreur' (Dead Space). Il était également clair que le studio n'était pas là pour faire les choses à moitiés. Longue phase de production, marketing viral, des inconnues bien définies sur le scénario*. Mais il n'y a pas eu de promesses stricto sensu sur une surenchère éventuelle dans la peur ou la volonté de faire 'plus' qu'Amnesia. Tant mieux, vraiment !


Aujourd'hui, SOMA est là, il s'écarte de la ligne directrice qui menait Dark Descent. SOMA ne cherche pas à vous paralyser de peur, à vous mettre à ce point sous pression que l'on en pleurerait*. Qu'est ce que SOMA ? Que cherche le titre ?
L'histoire. Simplement. SOMA est un titre orienté narration autant que les ténors que nous connaissons déjà (Gone Home). De plus, il offre l'expérience la plus longue et la plus soutenue du domaine. Plus de 10h, à progresser dans un environnement certe linéaire mais maitrisé et très complet, une délectation. Cette histoire est parmi les plus originale que la science-fiction ai connu récemment dans le jeu vidéo, de plus, elle sort de l'ordinaire et dans le genre "divertissement" elle surpasse nombre d'autre production sur le plan scénaristique. Des monstruosités c'est banal, en effet, mais elles ont bien plus à dire et à montrer qu'à l'habitude... Vous devez déjà vous doutez des tenants et aboutissants, mais SOMA saura épaissir l'ensemble sans retenue.


Si je n'ai pas le sentiment d'avoir jouer un survival-horror (ce qui n'engage que moi donc), l'atmosphère, l'humeur du jeu est très sombre, aussi sombre que peut l'être une station sous-marine 100 ans dans le futur. La mécanique de la peur dans SOMA ne s'appuie quasiment pas sur le "sursaut" ('jump scare').
Abordons la mécanique. Frictional donne un lieu relativement fermé, et "averti" le joueur qu'il y a une "chose". A ce dernier de travailler contre cette chose. Se cacher, mais ce n'est ni Alien Isolation, ni Outlast, pas d'armoir, de casier, de dessous de lit. Cachez-vous en évoluant atour de l'élément problèmatique. Frictional mise aussi sur l'ignorance de la nature du "monstre", vous ne verrez pas vite sa forme complète, de toute manière il y en a de plusieurs sortes.


À vous de juger, si vous vous connaissez ou savez précisément ce qui vous fait paniquer. À titre personnel, j'ai le souvenir d'un sentiment plus oppressant venant de Dead Space que de SOMA. Cependant même Dead Space ne vous entraine dans son histoire et ses horreurs comme parvient à le faire SOMA.
[ Dès lors qu'un niveau a une complexité limitée (peu ouvert) et que l'ennemi est seul et perceptible ouïe/vue, ça me relâche beaucoup. ] Mais de toute manière avec ou sans terreur l'histoire vaut à elle seule le détour.


Dans la version précédente de mon texte, je parlais de l'aspect visuel et audio. SOMA est un bijoux sonore, ça ne change pas. Parfois cet aspect est le parent pauvre d'une création, passant très loin après les graphismes et racheté uniquement par de la musique originale. Ici il y a une 'petite' B.O. mais la majorité du temps c'est l'ambiance sonore qui est là, ne faiblit pas et en donne plein les oreilles. Le son a beaucoup à dire : spatialisation, mouvement, étouffement, des dizaines de sources qui viennent caresser vos tympans. Même les choses les plus cachées ont des propriétés sonores lorsqu'on les approche, les bouscules...
Visuellement, je me corrige, il n'y a pas de reproches 'francs' que je puisse formuler. J'avais eu le malheur de ne pas réévaluer la 'calibration' des options en jeu, tout mettre 'au maximum' m'a beaucoup déçu (la profondeur de champ surtout). Une fois réajuster plus à mon goût, SOMA existe très bien, un grand soin est bien ostensible durant la totalité du jeu. Je ne renie pas tous mes griefs initiaux : luisance, réflection, bord tranchant sur certains polygones, j'aurai voulu que cela soit plus marqué mais là, je m'aventure très loin dans le subjectif. Pour ceux qui comme moi s'amuse avec ReShade et co., SOMA crache des couleurs justes, parfaites même, j'en avais rarement vu de telles dans une version non "modifiée". Le HPL3 Engine est frais, unique et éloigné des classiques (UE, CryE., Unity...) pour mon/notre plus grand bonheur.
Flickr (qualité oblige), voici un 'échantillon' UHD non retouché
https://www.flickr.com/photos/smithfield01/21633744502


Je finis par le point qui m'a le plus déçu et qui ne semble pas aussi relatif que ça, entre ses vidéos virales, live action, etc. J'attendais plus d'identité de SOMA (vous savez, ces choses qui restent après avoir quitté le jeu, le Jardin des Glaneuses de Bioshock, l'entreprise Hyperion de Borderlands, etc.) Frictional a pourtant tout fait , je le reconnais. Marques, video 'corporate', affiches, log, journaux... mais ça ne prend pas. Si vous y avez joué et que je vous dis Pathos 2, Fournitures Carthage, Ostreiker, Gel Structurel... des images vous reviennent à vous ?


https://www.flickr.com/photos/smithfield01/21485721819



SOMA est traduit en français. Des sous-titres donc, mais pas
seulement. Il y a des dizaines de moniteurs et d'interfaces
directement traduites sans s'encombrer de sous-titres. Mais d'un autre
côté, narration oblige, il y a vraiment beaucoup de communications
orales, un voice acting à la hauteur, c'est certain mais qui se limite
aux sous-titres.



Encore une remarque sur les influence nombreuses et assumées, Bioshock donc, Lost c'est certain, mais aussi The Thing de John Carpenter (pas le remake !) ou bien le cinéma de David Cronenberg en général (pour les aberrations organiques)... Pour une fois, ce ne sont pas des hommage directs, super-appuyés, c'est plus constant et plus agréable.


Frictional n'efface pas la légende qu'il a imposée avec Amnesia The Dark Descent. Mais entre avec force dans le monde des titre narratifs et vous fera plus que certainement trembler de peur. SOMA est une belle et franche réussite, un renouvellement certain dans le monde un trop stérile des jeux à angoisse.

smithfield01
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le 23 sept. 2015

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smithfield01

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