Shadow Hearts: Covenant
8.3
Shadow Hearts: Covenant

Jeu de Nautilus et Midway Games (2004PlayStation 2)

J'ose le 10.

J'ai pour habitude de "juger" un jeu, un film ou un livre sur le ressenti, plutôt que sur tout autre aspect. Et sur ce point, ce Shadow Hearts fait mouche.

Je ne connaissais que vaguement la série de nom, quand au détour d'un revendeur d'occasion, n'ayant plus grand chose à me mettre sous la dent, je trouve ce jeu pour une bouchée de pain.

Une fois commencé, plus moyen de lâcher.

Covenant est la suite directe de Shadow Hearts premier du nom, lui-même héritier assumé de Koudelka.

Ne connaissant pas le premier ni des lèvres ni des dents, j'ai été emporté en un instant par le scénario.

L'histoire prends place dans une Europe alternative en 1915, soit en pleine guerre mondiale. Le lieutenant allemand Karin Koening est envoyée avec ses troupes dans le petit village de Domremi, en France. Dans l'église de l'étrange village, ils se font attaquer par un énorme démon, qui reprend forme humaine juste avant que Karin ne s'évanouisse. Alerté, le Vatican renvoie Karin dans le village, accompagnée cette fois par le cardinal Nicolai Konrad... mais les choses ne sont-elles qu'une simple histoire de démon ?

Pour ceux ayant touché juste avant au premier opus, ils sont en terrain connu. Ce n'était pas mon cas. C'est donc avec une énorme curiosité que je fais connaissance avec Yuri Hyuga, Gepetto et Blanca. De prime abord, Yuri est un jeune adulte aussi tourmenté par son passé que moqueur. Railleur, il n'hésite jamais à piquer là où ça déstabilise, peut paraître bougon, mais possède un grand coeur... ainsi qu'une belle part d'ombre.

En effet, Yuri est un Harmonixeur, et a la capacité de "fusionner" avec ses démons intérieurs. Si les fusions acquises dans le premier sont disponibles dés le début, ce n'est pas pour longtemps, car elles seront vite scellées.

Chaque personnage a ainsi ses propres capacités, et les débloquer font l'objet de quêtes annexes spécifiques à chacun, mais toujours amusantes ou passionnantes.

Ainsi, si il suffira de troquer de âmes contre les fusions (qui évoluent elles-mêmes) dans son "cimetière intérieur", il faudra upgrader la poupée de Gepetto, combattre des loups pour Blanca, trouver des partition pour Karin, etc...

Le système de combat est l'un des meilleur auquel j'ai pu jouer dans un RPG. Si il se déroule au tour par tour, il n'en est pas moins dynamique et stressant. en effet, toutes vos actions sont déterminées par la Roue du Jugement (modifiable aussi), où il faudra appuyer au bon moment dans les bonnes zones pour y stopper l'aiguille et ainsi porter vos attaques. Les zones "frappables" sont différentes suivant les attaques et les personnages, et différents équipements peuvent augmenter la taille ou le nombre de ces zones, ou ralentir le rythme de l'aiguille. Plus vous frappez tard dans la bonne zone, plus le coup est puissant. Ratez votre coup et vous passez votre tour ! Des attaques ennemis peuvent en sus rendre les zones frappables invisibles, ou accélérer l'aiguille.

Comme ça ne suffisait pas, il y a aussi une jauge de "santé mentale". En effet, le jeu oscille entre le RPG et l'ambiance horrifique d'une Survival. Vos personnages sont donc soumis à une certaine pression, et plus le combat se rallonge, plus cette jauge décroit. Une fois en négatif (car elle peut descendre sous 0), votre personnage est incontrôlable, et attaque n'importe qui. Certaines fusions ou attaques font perdre des points de santé mentale plus vite que d'autres, il est donc primordiale de bien surveiller sa vie, sa magie ET sa santé mentale. Pour les longs combats, éviter par exemple de sortir les fusions dés le débuts...

Le jeu oscille donc entre S-Horror et humour, entre légèreté et drame, mais en restant toujours passionnant. Que ça soit pour son scénario qui vous fera voyager en France, au Pays de Galle ou en Russie, pour ses personnages haut en couleur et tout ce qui se rapporte à eux, pour sa mythologie bien exploitée, ou juste pour son ambiance unique et glauque (voire aussi pour l'humour ravageur de certaines situations... voir Yuri parler et décontenancer la Roue du Jugement est très drôle).

Le jeu réserve aussi de magnifiques moments poignants, où il est presque impossible de retenir une petite larme, tant la souffrance est représentée de façon juste, sans excès, et pour des raisons légitimes.

Il y a bien entendu une petite histoire d'amour, mais traitée également de façon discrète et surtout très triste.

Les héros sont tous géniaux, tant qu'il sera difficile de faire votre petite équipe. Mais les "méchants" ne sont pas en reste. En effet, si Raspoutine est un peu classique, les autres sont passionnants à suivre, et - sans spoiler - le boss de fin mérite tout le respect possible. Le rush final n'est pas celui du bien contre le mal, mais celui de deux personnes qui se respectent énormément, mais donc les idéologies sont différentes. Pour peu, on affronterait se boss à contrecœur.

On termine ce jeu une boule dans gorge. D'abord parce qu'on aurait voulu que ça continue, ensuite parce que ce boss de fin, on n'arrive pas vraiment à lui en vouloir mais qu'il faut quand même l'affronter, et enfin, parce qu'on sait qu'il n'y aura pas de Happy End. Deux fins sont disponibles, une "bonne" et une "mauvaise". La bonne ne faisant que ramener un peu d'espoir, mais en demi-teinte.

De bout en bout, ce jeu est une réussite, traduite en français en plus. Je n'ai vraiment pas trouvé de défaut.

J'ai pu trouver sa préquelle peu après qui, tout en restant un excellent jeu, n'atteint pas la puissance de cette suite. Je le recommande cependant très fortement. D'abord pour suivre l'histoire dans l'ordre, ensuite parce qu'il est atypique et bourré de bonnes idées. Ceux qui ont joué à Koudleka y trouverons aussi quelques sucreries en plus.
Malheureusement, Shadow Hearts From the New World, le troisième épisode, tout en restant aussi un bon jeu, est loin en en-dessous des deux premiers.
XavHen
10
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le 11 août 2010

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