Silent Hill
8.1
Silent Hill

Jeu de KCET, Keiichiro Toyama, Akira Yamaoka, Team Silent et Konami (1999PlayStation)

J'ai détesté jouer à Silent Hill. L'ambiance glauque-dégueulasse y est pour beaucoup, mais le fait est que c'est tout de même bien plus subtil. Silent Hill, ce n'est pas juste bizarre et dérangeant, c'est surtout une torture.

Au début, ce sont les commandes archaïques qui déroutent, heureusement, on prend vite le pli, et contrôler le héros devient rapidement évident, même malgré les changements intempestifs de caméra. Le héros est fragile, trop, les ennemis font très mal et sont très résistants, les balles se font rares et il en faudra beaucoup. Heureusement, très vite, on débloque la hache-marteau qui est salvatrice. L'essentiel n'est de toutes façons pas là.

On se fait rapidement vite à l'ambiance ville fantôme, on fini même par se plaire à explorer la ville sous la brume, au début, on explore chaque recoin et on se rend vite compte que tout ça est bien linéaire car rempli de cul de sac. Au final, on prends l'habitude de tracer direct jusqu'à l'objectif en se disant que de toute façons, tout sera soit fermé, soit bouché.

Le jeu est tel Pavlov avec son chien, il t'habitue, sans cesse. Ici, au pire. Le son de la radio qui grésille est inévitablement suivi d'un long frisson glacé le long des bras et du dos. Partant de ce postulat, le jeu fait sonner cette alarme chaque fois que le joueur pénètre une pièce avec une ennemi à l'intérieur, pièce où, par un jeu d'éclairage ou par un mouvement de caméra, il est impossible de repérer ce dit ennemi du premier coup d'oeil.

La structure du jeu force l'exploration, elle l'exige même. Durant tout le jeu, il faudra fouiller chaque recoins d'un univers qui n'a absolument rien d'hospitalier. Les énigmes également relèveront de logiques douteuses (celle avec les savons, j'ai toujours pas compris comment je l'ai réussi)

Tout ceci est suffisamment puissant pour nous faire traverser le jeu la boule au ventre et les mains moites. Mais le jeu ne s'arrête pas là.

Sans cesse, il joue avec nos nerfs, les mettant à rude épreuve. Habitué à entendre la radio grésiller, elle nous sera retirée quelque fois, ou bien l'ennemi détecté sera inoffensif. Habitué à l'absence de musique, un thème oppressant se déclenchera aléatoirement dans des pièces le plus souvent vides. Habitué à l'exploration obligatoire, de nombreuses pièces remplies d'ennemis seront vides et inutiles. Habitué à tracer du point A au point B sans détours, on rate les éléments annexes et on se paie la bad end ++.

Le jeu a un pouvoir hypnotisant, il est impossible d'en sortir, il nous absorbe en son sein et nous imbibe de son ambiance cruellement dérangeante mais absolument immersive. Torturé et affaibli on peine à continuer le jeu, on déteste chaque nouveau pas dans cet univers mais impossible d'en décrocher, une expérience pour ma part inédite.

C'était mon premier survival horror. Sur la fin, j'étais déjà habitué à cette ambiance, et mes mains ne transpiraient plus autant, mes frissons étaient moins intenses. L'école à été l'expérience vidéoludique la plus éprouvante que j'ai eu à faire, et dès l'hôpital, l'inquiétude était moins grande, même en ayant oublié la map.

J'ai peur de m'habituer à l'horreur, je n'en ai pas envie, je veux garder cette naïveté, cette innocence qui permet de pousser des cris dans mon canapé à la rencontre des petites filles fantômes de l'école, et revivre une expérience similaire, avec peut-être, Silent Hill 2, un jour.
moumoute
8
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le 23 mars 2012

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moumoute

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