Tales of Xillia 2
6.9
Tales of Xillia 2

Jeu de Bandai Namco Games (2014PlayStation 3)

Accusant un retard de deux ans sur la sortie japonaise, Tales of Xillia 2 succède au premier épisode sorti chez nous l’année dernière. Ce dernier, si vous l’aviez manqué, nous raconte principalement l’histoire de Milla Maxwell, le Seigneur des Esprits bien décidé à remettre de l’ordre dans le monde. Trouvant sans doute qu’il y avait moyen de moyenner sur l’univers sympathique dépeint dans ce jeu, Tales of Xillia 2 est, à l’instar de Final Fantasy X-2, une suite inattendue dans une licence qui n’en compte habituellement jamais (exception faite jusqu’ici de Tales of Destiny 2 et de Tales of Symphonia Dawn of the New World). Les Tales of étant en effet, comme leurs petits copains de chez Square-Enix, des jeux qui se suffisent à eux-mêmes bien que réutilisant de nombreuses mécaniques similaires, notamment en matière de combat. A l’heure où le RPG japonais stagne dangereusement et se cherche encore, Tales of Xillia 2 pourrait bien être celui qui maintient en activité la flamme du genre, à défaut de la raviver pleinement.


« Je suis autiste et je le reste »… ou presque.
Pour mal commencer, Xillia 2 nous propose un paradoxe. A savoir un nouveau héros plein de bonne volonté qui, étrangement, n’a que trois mots en stock qu’il lâchera de temps à autres dans un élan de générosité inattendue. Si pour certains joueurs ça n’est qu’un détail mais que pour vous ça veut dire beaucoup, c’est non seulement surprenant mais également relativement inacceptable de nos jours de devoir encore se coltiner des demeurés incapables d’articuler la moindre phrase alors que tout le monde autour raconte sa vie, sort vannes sur vannes (comme quoi ils avaient du budget à cramer), et rigole autour d’un feu de camp les longues soirées d’hiver. On reprend donc l’aventure un an après les évènements du premier opus, dans la peau de Ludger Kresnik (dit l’Autiste d’Elympios), un jeune homme dont le but premier dans la vie est de marcher sur les traces de son frère Lucius et d’intégrer la société Spirius Corporation afin d’en devenir un agent émérite. De fil en aiguille, pour ne pas trop bousculer l’ordre établi dans le monde du JRPG, on comprend que des enjeux bien plus importants se trament et qu’au final, on aura pour but de sauver le monde (bah tiens)… en détruisant d’autres mondes (oh ? chiche ?). Ludger découvrira vite que son patrimoine génétique lui donne accès à des dimensions paradoxales qu’il faut justement détruire pour que seul le monde originel survive. Mais est-ce que le vrai ne serait pas le faux ? Et qui pourrait dire que le faux vrai n’est pas un vrai vrai et qu’inversement le vrai faux ne serait pas un faux faux ? Hein ?


Les habitués du premier Xillia sont en terrain connu dès le départ car la quasi-totalité des lieux visités sont issus du premier voyage. Bien entendu, il y a de nouvelles zones à explorer ça et là, de nouvelles bourgades que l’on découvre pour la première fois, mais dans l’ensemble on est plus proche d’un DLC que d’un nouveau jeu. Le déroulement sera par ailleurs assez linéaire, conditionnant l’exploration du monde à notre avancée dans l’histoire principale. Avancée qui sera elle-même contrôlée par le remboursement d’une dette de 20 millions que Ludger aura contracté bien malgré lui. Cette astuce un brin grossière semble surtout avoir été pensée pour nous forcer à accomplir tout un tas de quêtes annexes car sans elles, impossible d’atteindre rapidement le palier de remboursement suivant et donc de débloquer dans la foulée le chapitre suivant de l’histoire. On en sera donc quitte pour enquiller des quêtes à la banalité surprenante, alternant entre la récolte d’ingrédients et la chasse aux monstres / boss uniques. Plus vicieux encore, ces quêtes secondaires sont elles-mêmes verrouillées par un système de badges à débloquer pour pouvoir accepter et valider d’autres quêtes. Vous aurez beau avoir les ingrédients recherchés par un client, impossible d’accepter la quête correspondante si votre badge est de niveau inférieur. Tout est donc fait pour gratter un maximum de temps aux joueurs. Fort heureusement, on aura aussi ponctuellement accès à des quêtes optionnelles qui renforceront nos liens avec chaque membre de notre équipe, et nous permettront d’en apprendre plus sur eux.


Ma vie pour des combats… plein plein plein de combats. Plein.
Lors de nos balades hors des villes, on aura tout loisir de constater que visuellement rien n’a changé. Xillia 2 reste un jeu agréable à regarder mais complètement à la ramasse si l’on commence à le comparer à ce qui se fait chez la concurrence. Non seulement l’on ne voit toujours que notre personnage actif sur les quatre qui composent notre équipe du moment (sur un total de neuf membres), mais les décors sont toujours aussi simplistes et vides, les ennemis apparaissent toujours à trente mètres, le monde n’est toujours qu’une succession de couloirs et zones plus ouvertes, et les villes sont toujours composées de trois ou quatres quartiers avec relativement peu de choses à visiter. Etait-ce trop demandé que de faire un semblant d’effort sur la partie technique ? Il faut croire que oui. La grande force de Xillia 2 vient essentiellement de son système de combat qui est l’un des meilleurs du genre existant à ce jour, pour peu que vous aimiez les Action RPG. Améliorant et poussant encore les possibilités du premier épisode, on atteint un niveau de plaisir proche d’un jeu de combat avec un résultat modulable qui devrait convenir à tous les joueurs. A commencer par ceux qui justement n’aiment pas les combats, puisqu’il existe un mode facile et qu’il est possible de passer le tout en mode automatique pour n’avoir qu’à profiter du feu d’artifice. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça pète pas mal à l’écran.


Le plus gros changement viendra de Ludger lui-même car non content d’être le personnage (muet) central de l’histoire, il est aussi celui qui dispose du plus d’options quand il s’agit de se battre. Ludger est le seul à pouvoir changer d’arme en cours de combats, passant ainsi de ses double épées à ses doubles guns ou à son gros maillet. Ce changement implique évidemment des attaques différentes que l’on pourra comme d’habitude configurer à notre guise pour avoir à notre disposition celles qui nous intéressent le plus. A cela s’ajoute les classiques liaisons entre deux personnages qui apportent divers avantages, eux-mêmes fonction de ces duo éphémères. Et comme si cela ne suffisait pas, Ludger dispose également d’une furie qui s’appelle ici le Chromatus ; une transformation qui possède 4 niveaux de puissance et vous rend complètement invulnérable. Pour votre culture, retenez que la Nhandu Chromatus est une tarentule du Brésil dont les couleurs ravissent les arachnophiles, et qu’il est amusant de voir que Ludger, une fois transformé, revêt une sorte d’armure dont le look à des airs de famille avec cette grosse araignée. Lorsque l’on mélange le tout, on obtient une terrifiante machine à démontrer du monstre à la chaîne et cela rend Ludger relativement indispensable, au moins contre les divers boss du jeu. Notre autiste devient du coup le personnage le plus paradoxalement intéressant à jouer en combat alors qu’il est plus ennuyeux à suivre dans les dialogues puisque ne pipant pas grand chose en général.


Du presque tout neuf avec plein de tout vieux.
Si la plus grosse amélioration sera surtout visible lors des combats, il sera difficile de passer à côté des autres changements opérés çà et là. Les dialogues principaux de Ludger nous feront régulièrement choisir entre deux options même si globalement cela n’affecte que ses affinités avec les autres membres de l’équipe et l’apparition ou non de scénettes supplémentaires. Ne vous attendez toutefois pas à un système cent pour cent limpide, certains choix ne se résumant pas à « blanc » ou « noir », ni « gentil » ou « méchant », cela serait trop simple. Le système de progression du premier épisode est quant à lui remplacé par les Orbes d’Allium que l’on doit affecter à chaque membre afin qu’il puisse apprendre diverses compétences et les améliorer. Il faudra donc régulièrement changer d’orbe pour ne pas stagner et toujours penser à assigner les compétences que l’on souhaite avoir pour chaque personnage. Sans quoi, il ne faudra pas s’étonner qu’au level 50 votre équipe soit à peine plus efficace qu’au premier jour. L’équipement joue néanmoins toujours un rôle prépondérant et il ne faut jamais négliger une mise à jour, surtout que les diverses missions secondaires du jeu imposent des personnages précis qu’il est préférable de ne jamais avoir complètement oublié.


Le crafting, qui avait été délaissé dans Xillia premier du nom, reprend du poil de la bête et donne tout son sens aux chats qu’il faudra retrouver un peu partout, puis envoyer en expédition chercher des ingrédients aux quatre coins du monde. Sans ces petits félidés, impossible de réunir de quoi fabriquer certaines armes puissantes. On sera par ailleurs tiraillé en permanence entre l’achat de nouveau matériel et la baisse de notre dette qui nous empêche de progresser dans le jeu. On se consolera d’avoir lâché quelques gros billets en contactant notre douce banquière Nova, amie d’enfance de Ludger qui est chargée de lui rappeler que sa monstrueuse dette ne fondra jamais comme neige au soleil et qu’il va falloir régulièrement passer à la caisse. Si toutes les banquières étaient aussi déjantées et amusantes que Nova, jamais avare en blagues et imitations pourries, nulle doute que l’on aimerait autrement plus notre banque. Nova rivalise sans mal avec Muzèt dont les sous-entendu graveleux ou les échanges avec sa sœur Milla Maxwell ne sont pas en reste. L’humour est une force de la licence, et on se délecte souvent de scènes improbables dont l’une n’évitera pas l’éternel cliché de la main posée sur la poitrine avantageuse du Seigneur des Esprits, même si cela partait d’un bon sentiment (coquinou de Ludger).


CONCLUSION
Reposant sur les bases solides d’un premier épisode réussi, Tales of Xillia 2 se vautre néanmoins dans une débauche paresseuse en nous renvoyant visiter des lieux déjà connus en quasi totalité. De même, il met en scène tous les personnages du premier épisode auxquels s'ajoutent néanmoins de nouveaux venus très agréables. La mise à jour du système de combat apporte par ailleurs un sacré coup de fouet aux affrontements et les possibilités toujours plus étendues de ce dernier en font assurément un mètre étalon du genre. A l'instar d'un Ludger souvent hésitant, on se retrouve alors à se demander s'il faut plutôt voir Tales of Xillia 2 comme un vulgaire DLC à la durée de vie très confortable, ou plutôt comme une suite qui fait honneur à un premier épisode réussi. La réponse ne sera pas aussi manichéenne que l'on pourrait le croire, mais si vous rêviez ne serait-ce que de retrouver la sublime Milla Maxwell, vous êtes d’ores et déjà exaucé.

Dark_Inquisitor
7
Écrit par

Créée

le 1 juil. 2016

Critique lue 509 fois

1 j'aime

Dark_Inquisitor

Écrit par

Critique lue 509 fois

1

D'autres avis sur Tales of Xillia 2

Tales of Xillia 2
Ray
6

La VRAIE définition de la suite 1.5

Dernièrement j’ai joué à Far Cry 4 et lors de la critique je disais que ce n’était qu’un Far Cry 3.5, mais j’avais tort. Par rapport à Tales of Xillia 2, Far Cry 4 aurait même pu s’appeler Far Cry 5...

Par

le 2 févr. 2015

9 j'aime

1

Tales of Xillia 2
KaguraShiro
8

Back to Rieze Maxia !

Ayant beaucoup aimé Tales of Xillia, j’attendais avec beaucoup d’impatience ce ToX 2. Autant le dire d’emblée, ce second épisode fait à mon avis parti des meilleurs de la série. Les nouveaux venus...

le 14 sept. 2014

9 j'aime

6

Tales of Xillia 2
ClishClash
8

L'épisode du renouveau ?

Tales of Xillia 1 avait bien rempli son cahier des charges, m'ayant laissé un agréable souvenir malgré son manque d'innovation marquante et c'est tout naturellement que je me suis procuré sa suite...

le 26 oct. 2014

5 j'aime

4

Du même critique

Shadow of the Colossus
Dark_Inquisitor
4

Treize années qui ne portent pas bonheur.

..// OVERVIEW //.. Développé/édité par Sony et remasterisé par Bluepoint Games. Temps de jeu : 6h pour cette version (30h pour l'original, terminé plusieurs fois en 2005). ..// PROS aka "Tu peux...

le 18 mars 2018

11 j'aime

4

Black Desert Online
Dark_Inquisitor
5

The New Adventures of Priscilla, Queen of the Black Desert

..// OVERVIEW //.. Développé par Pearl Abyss et édité par Kakao Games. Temps de jeu : 133h. Build joué : Sorcière niveau 56,07418 (pour le pourcentage de progression du niveau suivant, à 7.418%...

le 21 oct. 2018

10 j'aime

1

Final Fantasy XII: The Zodiac Age
Dark_Inquisitor
8

"With sword in hand, she aids her allies, sword in hand she lays to rest her foes."

..// OVERVIEW //.. Développé et édité par Square Enix en 2006, puis remasterisé en 2017. Temps de jeu : 43h Equipe Finale : Trio « girly » aux niveaux 59/59/57, et les trois mâles aux niveaux...

le 7 août 2017

9 j'aime

5