Remontons un peu le temps. Nous sommes en 1998, ou 1999, quelque chose comme ça. Enfant de la génération Gameboy et NES / Super NES, n'ayant cependant encore jamais mis les mains sur un Zelda de ma vie (j'étais plutôt Mario), j'assiste avec un pote à l'avènement de la 3D sur les consoles de salon. Ensemble, nous écumons déjà pas mal d'heures sur Mario 64 et Goldeneye sur sa Nintendo 64, ou encore Crash Bandicoot sur ma Playstation. C'est alors qu'un beau jour, ce pote m'annonce qu'il va bientôt acquérir un nouveau jeu qu'il me décrit comme "le meilleur jeu de rôle de tous les temps". Vous devinez de quel jeu il s'agit ?
Quelques jours après, manette en main, nous découvrons ensemble le monde de Zelda. En réalité, c'est surtout lui qui avait la manette en main, pendant que je jouais le rôle de spectateur et assistant. J'ai ainsi découvert une histoire féérique et épique, dont le gameplay n'a eu de cesse de m'impressionner tout le long du jeu. Habitué aux simples jeux de plateforme, de Mario à Crash, je découvrais avec étonnement un mode de jeu très différent, intelligent, où les interactions avec l'environnement à l'aide d'objets de l'inventaire permettaient de résoudre des énigmes et d'avancer. J'admirais également avec émerveillement un monde où le jour et la nuit se succèdent, du jamais vu de mes yeux de modeste et jeune joueur (je vous le rappelle, nous sommes en 1998). Et lorsque je pensais que le jeu ne pouvait pas me surprendre encore d'avantage, voilà que le héros devenait adulte, avait accès à un nouveau panel d'armes et évoluait dans une version (un peu) modifiée de son environnement que l'on avait appris à connaître. Et qu'il se mettait à galoper à cheval aussi. Ce jeu cessera-t-il de me surprendre et de m'émerveiller ? S'enchaînent alors de nouveaux donjons, et de nouvelles ambiances. Le Temple de la Forêt avec sa musique et ses couloirs distordus, le Temple de l'Ombre et le Puits, flippants ; le désert, avec sa musique hispanisante et ses très fatales Gerudos ; le Temple de l'Esprit et ses énigmes de lumière et de miroir... Wow !
C'est pourquoi il fallait que je me fasse ma propre partie. Regarder mon pote jouer n'était plus suffisant. Je me devais de vivre moi aussi ce rêve éveillé. J'ai donc entamé ma propre partie avec bonheur et ne manquais pas de prendre les manettes dès que j'avais l'occasion de venir. Jusqu'au jour où, catastrophe... Plus de Zelda. Plus de console. Mais où sont-ils passés ??? Réponse de l'intéressé : "Oh, je les ai vendus". Frustration.
Eh bien puisque c'est comme ça, oublions la Playstation. Je me mets en quête d'une N64 ; ou plutôt je charge ma chère maman de le faire. Et c'est ainsi que quelques temps après, à l'occasion d'un anniversaire, la plaie béante fut réparée. Avec ma N64 et mon Zelda, je suis prêt à battre à nouveau les terres d'Hyrule et Ganondorf pour mon plus grand plaisir.
Retour en 2015. Après deux versions GameCube, une version 3DS et plusieurs parties terminées à 100%, je n'en démords pas. Ocarina of Time reste ce même jeu qui me fait toujours autant rêver. Il reste même un des rares jeux – et à fortiori un des rares Zelda, qui me donne encore autant envie d’y jouer et d'y rejouer, indéfiniment. Le jeu qui a forgé le (toujours modeste) gamer que je suis, en m’introduisant à cette saga mythique qui est devenue ma référence vidéoludique n°1. Ocarina of Time est donc mon premier Zelda (et certainement pas le dernier), et c'est celui qui m'a fait devenir fan de la saga. Et en cela, il gardera toujours une place sentimentale particulière et fera sûrement toujours partie de mes Zelda préférés, et même de mes jeux-vidéos préférés.
Avec le recul, pour son époque, je lui trouve vraiment très peu de défauts. Les donjons restent probablement ceux que je préfère dans toute la saga ; les quêtes annexes ne m’ont jamais ennuyées, obtenir un quart de cœur m’a toujours paru excitant, zigouiller une Skulltula et découvrir quel cadeau on va obtenir à chaque dizaine, grisant. Ajoutez à cela des peuples et des personnages charismatiques, un scénario simple mais efficace, et toute cette aura mystique entourant encore aujourd’hui ce jeu, tous les secrets, tous les fantasmes des joueurs (oui, qui n’a pas essayé de lâcher le feu de Din dans l’enclos des cocottes pour faire apparaître la légendaire 101ème Skulltula d’Or ? Qui n’a pas cherché à dégeler le Domaine Zora et à voir ce que cachait cette étrange cavité sous l’eau ? Qui n’a pas essayé de gagner la course contre le marathonien errant ?), Ocarina of Time est vraiment un jeu qui a su s’entourer de mystères, et ce grâce à ses nombreux passages secrets, ses quêtes annexes pas forcément faciles à trouver, ses salles mystérieuses, et même ses bugs et ses glitchs qui permettent encore aujourd’hui de redécouvrir le jeu autrement. Bref, vraiment beaucoup d’ingrédients (voulus ou non par les créateurs) qui en font encore pour moi aujourd'hui un jeu magique et mythique.