23 monuments qui ont tué le rock et tracé ses contours...

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Les marges du rock sont vastes, et là où des guignols aux cheveux créteux et colorés paradaient sur scène, un mouvement plus sombre, autrement plus novateur et important voyait le jour, autour d'un groupe inégalé aujourd'hui, sans équivalent. Si révolution il y a eu en Angleterre en 1977, ce n'est pas du coté des Sex Pistols ou des Clash qu'il faut la chercher. Influence occulte de toute la musique électronique créée depuis, peut être le groupe le plus important de sa décennie, ce n'est pas rien. Industrial Music, c'est devenu un terme branché, fachouillisant pour certains, arty pour d'autres (à tort et à raison dans les deux cas, suivant les groupes), mais Throbbing Gristle a sur danser sur le fil du rasoir et rester pur dans une approche viscérale, organique du son, puis dans le détournement des méthodes de propagandes.
A ma découverte de ce groupe (tardive), je saoulais toute le monde avec ça, et Pater Michel, guide devant l'éternel, s'est contenté de répondre à chacune de mes tentatives de dialogue un flegmatique "moi, à part le Second Annual Report, tu sais..."

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Une des plus grosses usine à samples de la scène électronique, Silver Apple crée un genre qui n'appartient qu'à eux. La rudesse du rock, une voix hors du temps évoquant des mélopées druidiques, une batterie riche, rigoureuse, carrée et souple à la fois, et un son de synthé qui influence autant Portishead que Pere Ubu. Un groupe qui crée la légende et tue le rock pour le faire renaitre. Le second album est plus accessible, mais les deux méritent une place égale ici.

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Indigeste de prime abord, l'album de Cpt Beefheart qui crée la légende. Intense, déconstruit au point du vertige, composé avec une rigueur extrême, chaque note, coup de cymbale, a une raison d'être dans la folie ambiante de cet album habité par les racines du rock, hanté par elles. Le destin du rock est de mourir des mains de génies pour renaitre sous une forme différente. Cpt Beefheart a apporté une contribution majeure au processus. (tentez Safe as Milk pour commencer, puis plongez...)
Et si vous êtes un petit joueur, ou que, comme tous les tristes sires de nos générations, vous avez la triste malchance de choper l'album en CD ou autre, repensez au fait que c'était un double vinyle à l'origine, soit un béhémoth, certes, mais scindé en 4. Et ça change tout. Focaliser sur une face, la digérer, l'assimiler, distinguer une dissonance d'une autre...etc.
N'hésitez pas, si l'aventure Captain Beefheart vous tente, de tâter de Lick My Decals Off Baby, dans la même veine que Trout Mask Replica, mais plus court, et de fait, plus digeste.

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Après avoir créé, ridiculisé et détruit le punk anglais en un groupe, Johnny Rotten redevient John Lydon, s'entoure de musiciens qui créeront la légende, chacun de leur coté, et décide sciemment de tuer le rock. Avec ce second album, l'arrogance ultime de Lydon danse avec un génie dont on ne l'imaginait pas capable, et trace une des limites externes du rock, une influence indéniable pour tout ce qui vient après, tellement singulière qu'elle en devient implagiable. Tous les stigmates d'une légende. On ne peut pas faire du PIL après PIL.
De l'ouverture lancinante Albatros dont l'implacable ligne de basse hante les inconscients à Memories, tube absolu aux audace de mix empruntées au dub et au cut up, en passant par la ballade faussement mélancolique Poptones à la noirceur à peine cachée pour qui gratte un peu la surface,

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Choisir un CAN est chose difficile, car bon nombre d'albums du groupe disposent d'un morceau ou deux qui s'imposent d'eux mêmes ici (Mushroom, par exemple, Butterfly, Oh Yeah, Father cannot Yell, entre nombreux autres). Mais ce second (et demi) album offre quelque chose d'incontournable, et est un des seuls (avec Monster Movie, mon premier choix en fait) à offrir un album entier de révolutions locales, de folie créatrice, entre minimalisme, sensualité, brutalité, un des monuments du Krautrock, une influence majeure sur 40 ans de musiques, plus si affinité, et d'offrir toutes les facettes de Can à ses débuts, dont la voix de Malcom Mooney ET celle de son successeur Damo Suzuki.
Une porte d'entrée parfaite.

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La singularité du krautrock à l'état pur, cet album va à l'essentiel. Faust accepte son rôle de poète, ne dénigre pas la mélodie, garde son sens de l'humour et sa folie intacts dans le plus accessible de leurs albums, sans avoir sacrifié une once d'intégrité ou de génie. Certains groupes, certains mouvements n'existeraient littéralement pas sans cet album, mais personne n'a osé s'aventurer directement dans la voix difficile que trace FAUST, et à raison. Que les septiques jettent une oreille attentive.
Et on parlait de porte d'entrée plus haut ?

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Pieuse tricherie que d'inclure une vraie fausse compilation, mais c'est parce que je ne trouvais pas l'album de MARS. La No Wave est un mouvements des plus extrêmes et les plus riches du rock toute époque confondue, révolutionnant à la fois le dance floor et la scène la plus rude. Sans Mars (et en particulier Helen Forthdale), Sonic Youth n'existerait pas. Chaque titre est un condensé brut de génie. Et n'oubliez pas DNA! No New York écrit fait partie intégrante de l'autopsie du rock.

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Choisir le premier ou le second des Stooges ici ? Difficile, mais au final, Fun House force d'un cran supplémentaire le respect dès l'ouverture de l'album jusqu'à son titre phare. une décennie avant le punk anglais, les Stooges font péter les canons du rock aux coutures, débordant d'énergie brute, de provocation, de rage primale, et ayant du génie à revendre. Fun House continue à dire des choses aujourd'hui, à ébranler l'univers du rock à chaque diffusion, en direct de la Mo Town.

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Influence majeure dans la scène expérimentale japonaise, ce groupe est un OVNI qui préfigure pourtant (à mon humble avis) la No Wave. Un groupe de frangines, un papa enthousiaste qui achète un enregistreur pour capturer l'innocence du moment (ou tyran voulant imposer son rêve à ses filles dépassées par les attentes de leur père ?), ainsi naissent les Shaggs, d'une émouvante maladresse, et faisant naître malgré elles un monument fragile et extrême sans lequel le monde cesserait de tourner.
En écoutant la force de My Little Sportscar, comment considérer ce groupe comme une bête blague ?!

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Malgré leur reconnaissance sans appel aujourd'hui, cette liste ne serait pas complète sans la sombre sensualité de Joy Division, le chaînon manquant entre Silver Apples, Kraftwerk, le punk anglais, la scène industrielle, et tout ce qui se passe après dans la musique populaire.

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Neu! réussit là où Kraftwerk a abandonné après le second album, à savoir inventer la musique electronique en faisant du rock. L'album majeur du Krautrock, peut-être, dont les ramifications ne peuvent être tracées tant elles sont importantes. Rien moins que du pur génie, une virtuosité minimale sans appel, leur place dans le panthéon est assurée d'office, et si vous avez eu la malchance de ne pas croiser Neu!, corrigez vite ça!!

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1977. Un anti héros charismatique se faisant casser la gueule à chaque concert au chant faussement Elvissien, un monolithe caché derrière ses lunettes noires fantaisistes aux synthés, une légende en mouvement qui change à jamais la face de la musique. Pas de batterie à l'ère du punk, ça choque, ça traumatise, ça rend violent. Une musique acérée, viscérale, ne reniant ni le tube, ni l'extrême, essayez d'écouter la musique de la même oreille après...

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(les erreurs de date commencent à me foutre en boule!! C'est 1968, pas 93!!) Si les USA subissent une avalanche de rock psychédélique à cette époque bénie, Red Krayola réussit à se démarquer, à détourner les archétypes en vigueur, et à s'imposer comme maître-étalon de génie musical dans une scène saturée, avec un sens de l'autodérision qui touche. God bless them!!

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Le Velvet condense toute l'ambiance dépravée de la Factory de Wharhol avec leur premier album. Sur un fond quasiment pop se greffe une violence sombre, une sexualité débridée, John Cale et Sterling Morrison amènent un souffle d'expérimentation sauvage, et la magistrale Nico impose son charisme vocal. Lou Reed n'aura de cesse que de courir après cet album le restant de sa carrière.

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Le premier album surprend et rallie, révolutionne. Le second divise. Généralement il faut faire un choix entre les deux, on adore l'un et renie l'autre. La noirceur assumée de White Light/White Heat, son ambiance digne d'un roman de Selby, sa force pompant à la source de l'énergie du rock, sans fard, en font un album qui réécrit l'histoire. Et le dernier album digne de ce nom des légendaires Velvet.
EDIT : j'avais complètement occulté l'originalité et la puissance de Moe Tucker, et je m'en veux, chaque coup de tambourin sur le premier album, ne serait-ce que sa position scénique, sa force de frappe, son influence majeure.

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Vous aimiez Mouse on Mars dans les années fin 90 ? C'est parce que vous ne saviez pas qu'ils avaient tout piqué à Cluster. Si je n'arrête pas d'utiliser le mot "original" ou de dire que tel groupe a créé la musique electro, ici, on peut dire que c'est le cas, de façon littérale. Singulier au point d'en devenir atemporel (difficile de mettre une date sur cet album en écoute aveugle), aussi important que Silver Apple pour l'electro, et en plus c'est un groupe de Krautrock.

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Bon, on ne va pas faire l'affront de présenter DAF quand même, les précurseurs directs de l'EBM, et leur puissance de frappe. Un groupe qui réussit à faire péter le rock aux coutures, le retourner comme un gant, quasiment aussi important que PIL à cet égard. Et bon, merde, c'est juste jouissif à écouter, des tubes aux choses plus intimistes, dans cet ambiance qui sent bon la sueur et les douches pour hommes...

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L'arrogance à l'état pur, détestables, prétentieux, obscènes, fous (certains au sens clinique du terme), Flipper, avant de basculer dans une sorte de hardcore metal de qualité moyenne, assènent l'album Generic au rock, un album qui lui aussi se retrouve sous le signe du calibré calbutte, de la rage primale, de la poisse sonore, de la puissance définitive. Un pont singulier entre Black Sabbath et les Melvins, avec quelque chose d'unique qui légitime complètement leur présence ici.

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S'il y a un album qui est sur la sellette dans cette liste, c'est celui-ci. C'est un de mes albums préférés, au son littéralement unique, offrant un rock dur et couillu qui n'est pas sans évoquer de loin le meilleur de Jesus Lizard, avec une touche qui dit autre chose, orchestré par le génial pince sans rire Steve Albini. Une claque, une vraie, inimitable et inimité, Shellac appartient à la légende du rock, offre aux 90's quelque chose d'unique, forcent sa mutation...mais suffisamment pour justifier leur présence ? (je sens qu'ils vont laisser leur place aux Monks dans pas longtemps...). Groupe essentiel, dans tous les cas.

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Présenté par un ami sage et mesuré comme peut-être le groupe le le plus méchant existant, musicalement parlant (dans le contexte du rock au sens large), Pete Missing est teigneux, brut de décoffrage, sombre, un peu flippant, burné, n'hésite pas à prendre feu au sens le plus strict du terme (ceux qui ont vu des live savent à quel point je parle au premier degré), 1933 a sa place ici, et que ceux qui en doutent aillent en parler à Pete, je suis sûr qu'il est devenu gentil avec le temps...

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San eux, toute la scène underground qui abrite les géniaux Earth, Sunn 0))), Burning Witch n'aurait pas pu exister. Black Sabbath invente le vrai Heavy Metal, Melvins effectue le leap of Faith et nous montre ce qu'il y a de l'autre coté.

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Première aventure dans le post-Throbbing Gristle de la moitié de leurs membres, PTV s'impose par sa richesse, son ambiance, sa beauté, à la croisée de la musique expérimentale, l'ambiant de Eno par moment, la brutalité ferme de TG, une moiteur sensuelle fleurant bon les dérives dans les platebandes d'Aleister Crowley et de Debord (le fameux TOPY tire ses racines de PTV). PTV a la volonté avouée de révolutionner, de pousser le public à percevoir ce que le consensus souhaite cacher, à faire péter aux coutures l'illusion médiatique en exploitant ses failles, et offre un premier album tout bonnement excellent.

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Pontage final entre l'electro et le rock, ligne de fuite au delà des genres, Coil commence son voyage ici, un pied dans le rock, l'autre dans la magie sombre et dense que sera sa musique à venir. D'autre récolteront les lauriers de leur génie créatif, mais qu'importe. Coil a imposé de son vivant leur éternité et génie posthume. Reconnu de leur vivant, écrire l'histoire de la musique en direct et la relire a posteriori.