Adaptations et relectures cinématographiques : "Dracula" de Bram Stoker (1897)

Annotation :

- Stoker par Murnau sous influences psychanalytiques -

Par souci financier, le réalisateur réalise cette adaptation officieuse en s'affranchissant des droits d'auteur, remaniant pour ce faire la totalité des noms propres du roman (ici rappelés entre parenthèses).

Thomas Hutter (Jonathan Harker), agent immobilier, doit partir brutalement en Transylvanie afin de finaliser un acte de vente avec le Comte Orlok (Dracula). Lors de sa visite dans la demeure du Comte, ce dernier découvre le visage d'Ellen Hutter (Mina Murray),  qu'il s'empresse de rejoindre.

Pensé, écrit et réalisé en pleine période expressionniste du cinéma allemand - qui, rappellons-le, produira entre autres le "Cabinet du Docteur Caligari" de R. Wiene et le "Métropolis" de F. Lang - "Nosferatu, eine Symphonie des Grauens", malgré ses symboliques troublantes et fantastiques, n'est toutefois pas fondamentalement ancré dans cette esthétique de l'artifice qui caractérise le genre.

Premier des trois films piliers de l'Oeuvre de Murnau, il marque assez nettement la distanciation de cette dernière avec le courant artistique de l'époque : si la volonté de démontrer la puissance du cinéma sur le spectateur est indéniable, on ne peut que souligner la différence graphique entre le "Caligari" de Wiene et la réalisation de Murnau, pourtant contemporaines. Loin des constructions stylisées et des arbres tortueux du premier, Murnau laisse ses personnages vivre dans des bâtisses imposantes et finement travaillées.

Rappelons enfin que les thèmes chers au réalisateur correspondent mots pour mots aux grandes lignes de l'expressionnisme allemand ainsi qu'aux notions abordées par Stoker : lyrisme, romantisme et fantastique... Une symbiose parfaite, donc, entre réalisation, inspirations et influences du moment.

Annotation :

- Jusqu'à un abandon de soi -

Si Fisher, Browning, Coppola et autres Badham se contentent, dans leurs réalisations respectives, d'une adaptation ultra classique du roman originel, Herzog opte - loin des apparitions sanguinolantes à l'envi du Comte - pour une approche beaucoup plus douce et raffinée de ses personnages et péripéties. Il dessine dans son "Fantôme de la nuit" la volonté commune à deux êtres antithétiques d'en finir avec la vie, plus même, il parvient à fixer sur la pellicule filmique la latence d'une telle volonté, laquelle sera allègrement servie par une esthétique picturale exceptionnelle. S'en suit donc l'obtention d'un sous-texte bien différent et peut-être plus intéressant de celui de l'époque.

Annotation :

- La solution de facilité -

Sans doute la plus emphatique des interprétations ici regroupées. "Bram Stoker's Dracula" semble n'être destinée qu'aux feignants férus 'd'histoires fantastiques', ayant refusé de s'adonner à la lecture du roman, préferant absorber littéralement cette petite aventure que Coppola leur livre très grossièrement emballée. Pauvre divertissement à la réalisation univoque sans suggestion aucune, "Bram Stoker's Dracula" regorge d'effets en tout genre, pullule de créatures aux aspects des plus déconcertants, sombrant par la même dans un pathos plus que nauséeux. Seule la bande originale semble résister, au fond de la mémoire, à l'usure du temps.