Cover Cinéphilie obsessionnelle — 2016

Cinéphilie obsessionnelle — 2016

Longs métrages uniquement. Revus : 39. Cinéma : 62.
↑↑ La Lettre inachevée, de Mikhail Kalatozov (1959) ↑↑

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Mois après mois, pour le meilleur et pour le pire des découvertes :

Janvier ...

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655 films

créee il y a plus de 8 ans · modifiée il y a plus d’un an

Un crime dans la tête
5.9
1.

Un crime dans la tête (2004)

The Manchurian Candidate

2 h 10 min. Sortie : 3 novembre 2004 (France). Drame, Science-fiction, Thriller

Film de Jonathan Demme

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

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À la fois thriller paranoïaque et film de complot politique, ce film aurait pu être d'un véritable intérêt s'il n'avait pas pris le soin d'intégrer autant d'éléments improbables dans son scénario. L'histoire devient de plus en plus abracadabrante, avec énormément de zones d'ombre (pas dans le bon sens du terme), avec de nombreux passages bâclés et de raccourcis dommageables. Les acteurs ne sont pas au top de leur forme (on a connu Denzel Washington plus charismatique très franchement), Liev Schreiber n'est pas un très bon premier-second rôle et Meryl Streep n'est pas vraiment à l'aise dans ce registre, au-delà de mon aversion pour ses personnages post 90s.

C'est d'autant plus dommage que la mise en scène est stylée, innove de temps en temps, mais sombre aussi souvent dans des excès et des écueils qui font passer le film pour un téléfilm des années 80 ou 90. J'aurais aussi aimé voir les aspects liés à la manipulation de la célèbre "Manchurian Global" beaucoup plus développés, une meilleure description des collusions entre la firme et les politiques, et les enjeux sous-jacents. Il y avait là un vrai matériau d'essai politique sur l'indépendance des représentants "démocratiquement" élus, et sur le côté "mécanique" de leurs actions / décisions. Vraiment dommage. À voir si la première adaptation de 1962 réalisée par John Frankenheimer souffre des mêmes défauts (ou de défauts autres, ayant trait à cette période largement anti-communiste).

Blow
6.8
2.

Blow (2001)

Blow

2 h. Sortie : 19 septembre 2001 (France). Drame, Biopic, Policier

Film de Ted Demme

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Je suppose que si c'est le premier film sur un dealer de drogues qu'on regarde, il y a quelques petits trucs à retenir. Ne serait-ce que la présence parfois magnétique de Johnny Depp, qui n'assure jamais autant que quand il porte ses vrais cheveux et pas ces perruques ridicules... Mais dans le cas contraire, il y a largement de quoi s'ennuyer devant ces deux heures qui égrainent tous les poncifs du genre : le stéréotype de la chute après la gloire constituée de fric et de coke à volonté, le stéréotype de la famille qui se divise face aux agissements du fils, le stéréotype de la mère qui veut garder l'enfant, le stéréotype du père qui ne tient pas ses promesses, le stéréotype du gros narcotrafiquant en la personne de Pablo Escobar, etc. Ça fait beaucoup de choses qu'on ne peut pas prétendre filmer comme si c'était la première fois qu'on voyait ça au cinéma... Le film n'est jamais vraiment désagréable en soi, pas trop en tous cas, mais il développe une forme de lassitude en lien au manque d'originalité qui était totalement prévisible.

Et je ne comprends pas très bien cette fin caractéristique du biopic censée faire pleurer dans les chaumières. Bah ouais, le mec a vendu des tonnes de coke, s'est fait choper par toutes les polices à de nombreuses reprises, n'a pas souvent tenu ses engagements, et on devrait pleurer parce qu'il se fait doubler par ses contacts et parce qu'il se retrouve tout seul à la fin ? Le smicard qui vit en face de chez moi me fait plus de peine que ce mec honnêtement.

The Intruder
7.5
3.

The Intruder (1962)

1 h 24 min. Sortie : 14 mai 1962 (États-Unis). Drame

Film de Roger Corman

Morrinson a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Un film sorti trois ans avant les marches de Selma (et donc 50 ans avant le déchet d'Ava DuVernay), sidérant dans son approche, rappelant de manière anachronique l'histoire de James Meredith, le premier étudiant noir-américain de l'université du Mississippi. On remarque assez vite ses petits défauts, que j'imagine en lien avec le budget que Corman n'a pas réussi à obtenir (une certaine pauvreté dans quelques compositions, et un léger vide / une légère rapidité dans l'évolution psychologique de certains personnages), mais s'il y a bien une chose qu'on ne pourra pas lui enlever, ce sont ses couilles politiques. Un vrai gros pavé dans la marre de la ségrégation des États américains du Sud, qui ne dévoile sa teneur et ses orientations que tard dans le récit.

Corman y va parfois avec ses gros sabots, gros sabots qu'il faut d'ailleurs relativiser et replacer dans le contexte de cette lutte pour les droits civiques du début des années 60, mais il aborde un certain nombre de thématiques et de problématiques plutôt séduisantes. La séduction / manipulation des foules faisant penser au Fury de Lang, les médias incapables d'enrayer la machine du lynchage par la pensée car tenus par les laisses de leurs actionnaires, et enfin cette absence criante de héros providentiel. Il n'y a pas de figure forte de l'opposition au racisme (latent ou exprimé) dans "The Intruder", que ce soit chez les Noirs (filmés comme des ombres stoïques, en retrait, impuissants faces à l'oppression omniprésente) ou chez les Blancs (tout à la fois). C'est peut-être une des choses les plus choquantes, ce qui contribue à ce final aussi dérangeant, très loin du happy end étant donnée la contingence du dénouement. On imagine aisément que dans une configuration légèrement différente, dans une petite ville pas trop éloignée, la foule serait allée au bout de sa furie.

Il est agréable de constater à quel point Roger Corman s'applique à ne pas enfermer son film dans les codes d'un genre prédéfini. "The Intruder" flirte autant avec le film noir qu'avec le brûlot politique et la série B (le petit budget se fait parfois sentir sans que cela ne soit trop préjudiciable), et brille à travers l'ambiguïté et les faiblesses du personnage interprété par William Shatner, représentant d'une association d'extrême droite camouflé sous les traits d'un réformateur social, un être maléfique au charme noir. Son arrivée dans la ville, cette musique, ce sourire, cette étrange gentillesse : tout est glaçant.

Dragon Blade
4.9
4.

Dragon Blade (2015)

Tian jiang xiong shi

2 h 07 min. Sortie : 9 février 2016 (France). Historique, Action, Drame

Film de Daniel Lee Yan-Gong

Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Vraiment déçu, même pas un bon gros navet à recommander : on ne voit Lorie que 2 minutes à tout casser (elle a vraisemblablement bien bossé son accent anglais !), et Adrien Brody est ridicule, surjoue à mort, mais sans plus, il n'est même pas pire que John Cusack.

Mais bon, il y a quelques sucreries à se mettre sous la dent, comme ces Romains en toges rouges (les gentils) et bleues (les méchants) perdus en Chine, c'est dire s'ils ont marché. Alors qu'ils devaient aller voir les Parthes... Les cartes de l'époque devaient vraiment être merdiques. Et puis il y a les Indiens (en blanc), les Ouïghours (en jaunes), et un peuple non-identifié vaguement perse, dont les soldats (en noir) balancent des boulettes puantes.

Sur un plan plus terre-à-terre, les effets spéciaux sont mauvais et rendent les décors vides détestables, la caméra crée un effet de flou incroyable lors des mouvements rapides des personnages, et les combats ne sont pas de très haute volée. Je ne sais pas pourquoi je ne descend pas à 1, quelque chose comme le bénéfice du doute pour ce grand blockbuster chinois qu'on croirait sorti des pires industries hollywoodiennes si le sujet de l'action n'était pas en Chine... Il y a une forme de gentille naïveté dans le discours, "changez vos ennemis en amis (quand c'est possible)", qui restera toujours infiniment moins détestable que ceux de la majorité des bollockbuster traditionnels.

Victoria
7.2
5.

Victoria (2015)

2 h 08 min. Sortie : 1 juillet 2015 (France). Thriller, Drame

Film de Sebastian Schipper

Morrinson a mis 4/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La seule chose que je savais en lançant ce film, c'est que SC en avait fait la promo (un peu agressive, comme toujours, sauf quand on a Element Hiding Helper comme moi désormais haha). Comme Birdman en fait, mais le rapprochement s'arrête à l'artifice de mise en scène, tant l'utilisation du plan-séquence (vrai, comme ici, ou truqué, comme chez Inárritu) est différente.

Je n'irai pas par quatre chemins : la forme ultra-contraignante a vidé, pour moi, le film de son contenu. La contrainte du film tourné en une seule prise est un facteur potentiel de réalisme, mais pas ici : les acteurs étant obligés d'improviser très souvent, les dialogues souffrent de nombreuses approximations et d'une certaine platitude qui touche parfois au consternant ; le tout sans parler de la mise en scène, avec des plans forcément bancals, des transitions maladroites (sortir d'une voiture, monter des escaliers, etc.). Seul point positif à ce niveau-là : il y a une vraie retranscription (sur deux blocs d'une ville qui en compte 5000) de la vie en ville la nuit. Ça, j'ai adoré. Mais ce n'est pas suffisant, et surtout, ça ne suffit pas à faire oublier les passages vraiment improbables du scénario, comme 1°) le fait que cette fille, Victoria, accepte de s'embarquer dans cette histoire abracadabrante en dépit de tout bon sens, et 2°) cette scène totalement ratée d'émotions devant le piano... le genre d'erreurs voire de fautes de goût qui me mettent hors de moi et me sortent du récit. Game over.

Je n'avais rien contre l'idée du plan-séquence intégral, bien au contraire même, mais force est de constater son effet néfaste sur la rigueur et la subtilité du scénario, le sens du rythme, et la longueur de l'ensemble. En fait, il n'aurait pas fallu dériver de la romance étrange au thriller, c'est dans cette partie que le film dérape : je ne demandais pas un réalisme parfait, mais un minimum de crédibilité, surtout étant donné le concept qui polarise directement l'attention du spectateur.

Jeepers Creepers - Le chant du diable
6
6.

Jeepers Creepers - Le chant du diable (2001)

Jeepers Creepers

1 h 31 min. Sortie : 3 juillet 2002 (France). Épouvante-Horreur

Film de Victor Salva

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

En matière d'horreur, je suis vraiment difficile, et ce Jeepers Creepers qui a somme toute une assez bonne réputation le prouve encore une fois. La première partie, bien que très classique dans le genre, est bien assurée. Les codes sont maîtrisés, l'ambiance est propice au malaise. La silhouette de M. Méchant est menaçante, on pourra juste regretter la relative absence de doute quant à ses (mauvaises) intentions... Reste la première plongée dans sa tanière, au sens propre comme au figuré, assez réussie.

Mais en fait, c'est quand les détails se dévoilent que le film déçoit. Je ne sais pas si c'est une question intrinsèque au film ou bien liée au fait qu'il a mal vieilli, mais je n'ai pas franchement apprécié la tête du méchant, trop typique, pas bien dévoilée, brisant le charme de son mystère. Pas plus que son histoire, ses motivations, etc. La pseudo-histoire avec la femme qui prévient les gamins n'est pas super non plus. Heureusement qu'un côté vaguement trash rehausse l'ensemble, quand il s'agit de couper des têtes et d'arracher des langues avec les dents, le film n'est pas frileux. Mais il s'essouffle dans sa deuxième moitié, ça tourne en rond, certaines séquences sont ratées comme celle chez la petite vieille au fusil, l'histoire avec la voiture qui marche pas bien (vraiment très bof comme péripéties...), etc. Le final fonctionne par contre assez bien en tant que petit shot d'horreur in extremis.

La Chute de la Maison Blanche
5.1
7.

La Chute de la Maison Blanche (2013)

Olympus Has Fallen

1 h 59 min. Sortie : 20 mars 2013. Action, Thriller

Film de Antoine Fuqua

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Bon, inutile d'épiloguer sur ce machin, parent du "White House Down" de Roland Emmerich sorti la même année, en beaucoup plus premier degré ici. La tartine patriotique qui nous est servie est vraiment hallucinante, le genre de film tellement sérieux dans ce qu'il propose qu'on en vient à se demander si tout cela n'est pas qu'une bonne plaisanterie... Mais bon, les "emprunts" à Die Hard ne laissent que peu de doutes quant aux intentions et à la qualité du bousin.

Explosions et meurtres en cascade, musique pompière (le bon gros refrain patriotique dès que le saint Président arpente un couloir... c'est à pleurer de rire), héroïsme bien dégoulinant de cet ange déchu qui veut se racheter, zéro humour, et méga happy end à la gloire de la seule vraie grande nation, the fucking united states of america, bien entendu. La métaphore du drapeau américain, d'abord sali puis brandi à nouveau, est à l'image du film : c'est d'un manque de subtilité absolu. Exaspérant. Le film ne fait au final que rappeler, à l'image de l'obélisque du Washington Monument qui s'écroule, le traumatisme du 9/11. Et que Gerard Butler devrait vraiment faire quelque chose au niveau de son bas de visage boursouflé. Picoler de manière un peu plus raisonnable par exemple, en bon Écossais. Hum.

Hannah et ses sœurs
7.3
8.

Hannah et ses sœurs (1986)

Hannah and Her Sisters

1 h 47 min. Sortie : 21 mai 1986 (France). Comédie dramatique

Film de Woody Allen

Morrinson a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C'est pour moi la suite logique de "Annie Hall" et "Manhattan" (vision tout à fait subjective puisque ce sont les deux seuls films de Allen sortis avant "Hannah et ses sœurs" que j'ai vus) : beaucoup d'idées, de concepts, de formules sont reprises ici et améliorées. Il y a une forme de maturité dans le style visuel et dans la façon de raconter l'histoire qui passe beaucoup mieux pour moi. Ou bien est-ce qu'on s'habitue peu à peu aux personnages, au style, à la grammaire du réalisateur ? Je ne saurais vraiment dire, mais ce fut un vrai plaisir.

Toujours sur le mode de la chronique, toujours un sommet d'acidité avec ce petit air de ne pas y toucher, certainement plus apaisé et maîtrisé que les deux films précédemment cités (déjà très bons). C'est d'une telle densité, les récits se croisent, les personnages s'entrecroisent, les époques s'enchaînent, et Allen jongle avec tous ces paramètres avec une aisance et une lisibilité tout à fait appréciables. Un petit air de "Fanny et Alexandre" également, dans ces trois repas qui marquent les trois temps forts du récit, dans des atmosphères bien particulières (gaieté, crise, résolution). On passe du comique au grave, du mélancolique à l'introspectif, le tout sans s'en rendre vraiment compte, de manière très naturelle. Jamais le personnage de Woody Allen (hypocondriaque invétéré) ne m'aura autant fait rire... Et Michael Caine n'est pas en reste, tellement lâche, tellement pleutre, tellement opportuniste ! On sent tellement le vécu qui sous-tend l'écriture de ses personnages, on ne sait plus s'il faut en rire. Un regard à la fois tendre et incisif sur la fragilité des relations humaines, familiales, amicales, ou amoureuses. Autant de retournements (quel final, il m'a achevé !), autant de solidarités qui se forment et se défont pour se muer en rivalités, et magnifiquement encapsulé dans le New York que Woody Allen aime tant.

The Bay
5.5
9.

The Bay (2012)

1 h 24 min. Sortie : 19 juin 2013 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction, Thriller

Film de Barry Levinson

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Pas franchement emballé par ce The Bay, ni par le film d'horreur, ni par le vrai-faux reportage télé. La composante subversive (de tout bon film d'horreur qui se respecte) n'est pas trop mal négociée, et c'est précisément d'où provient la clémence de ma note, mais reste tout de même un peu stéréotypée, peu profonde. Bon, on n'attend pas un vrai documentaire sur la pollution et les dangers de l'industrie agro-alimentaire et la gestion d'une ville en situation de crise, mais quand même. L'idée est bonne, la mise en application laisse un peu à désirer.

Mais par contre le côté horreur est bien raté à mon sens, trop de mauvaises interprétations qui cassent toute la tension que la mise en scène s'est appliquée à tisser. La première femme contaminée qui gueule au milieu de la foule, c'est la crédibilité zéro. Trop de jump scares aussi, et c'est là qu'on réalise que sur la jaquette il y avait écrit "par les producteurs de Paranormal Activity et Insidious"... C'est un scénario somme toute assez paresseux, rien de nouveau dans l'ensemble comme dans ses parties, sauf peut-être le coté pamphlet écolo. Mais au final, on échoue pas loin d'un film comme Contagion de Soderbergh, dans un registre totalement différent. La mauvaise qualité des interprétations est un frein à toute forme d'empathie, les dialogues creux manquent de perspicacité et de naturel, trop artificiels, trop démonstratifs. Et la rigidité de la mise en scène (je ne m'y ferai jamais... ou pas, j'aime beaucoup Blair Witch) n'aide en rien. Les effets visuels sont vraiment très moyens, les larves sont moches, le gore n'est pas tétanisant pour un sou : tout cela est fort dommageable quand on réalise un film d'horreur...

Welcome Back
4.8
10.

Welcome Back (2015)

Aloha

1 h 45 min. Sortie : 15 octobre 2015 (France). Comédie romantique

Film DTV (direct-to-video) de Cameron Crowe

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Netflix, je ne te remercie pas de titiller ce côté pervers masochiste qui sommeille en moi en proposant ce genre de daube... Au-delà du genre, la comédie romantique, qui me fait gerber deux fois sur trois, le scénario est particulièrement mal ficelé, l'ambiance qui règne est particulièrement maladroite, presque gênante, et l'action (si on peut ainsi parler) est particulièrement mal menée. Inutile de rentrer dans les détails honnêtement, c'est à pleurer. Au début, on ne comprend rien à ce qui se passe, on cherche la logique du machin, mais on abandonne bien vite tant c'est... mauvais, tout simplement. Réalisé à l'arrache probablement. Emma Stone et Bradley Cooper sont archi-mauvais. Que sont venus foutre dans ce merdier Alec Baldwin et Bill Murray ? On a l'impression qu'ils se débattent dans un script totalement vide. Je ne sais pas si le film a été tourné sur place, mais je suppose que oui et que la destination, Hawaï, était la principale raison d'une telle compromission.

Mais à quoi peuvent bien servir ces films sans déconner ?

Be Happy
6
11.

Be Happy (2008)

Happy-Go-Lucky

1 h 58 min. Sortie : 27 août 2008 (France). Comédie

Film de Mike Leigh

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Je suis totalement, profondément, inexorablement hermétique aux prétendus "charmes" de ce genre de comédie comme à ceux de l'actrice principale. Je commence à comprendre et connaître le style "Mike Leigh" quand il filme dans ce registre comique doux-amer, une sorte de surenchère qui sait se faire discrète, et si dans les intentions j'apprécie l'approche qui consiste à filmer les petites gens de manière sensible, dans les faits, je suis bien forcé de constater mon insensibilité absolue quand il s'agit d'illustrer une telle "positive attitude".
Mon cerveau comprend ce qu'il faut ressentir, cette tendresse qui doit irradier de la protagoniste, mais le cœur ne suit pas. Y'a rien à faire, je n'arrive pas à sentir ce qu'on est censé sentir, cette mélancolie / tristesse / fatalité qui se cache sous les traits de Sally Hawkins, en apparence chaleureuse, en vérité en souffrance. son mal-être ne m'a à aucun moment affecté. Elle m'insupporte même. Un peu comme Amélie Poulain. Les personnages secondaires me sont moins insupportables, mais souffrent de certains stéréotypes qui finissent par lasser (l'instructeur de l'auto-école amoureux-ahou-on-ne-s'y-attendait-pas-qui-pique-une-crise-tout-rouge, pfiou, quelle épreuve).

Control
7.6
12.

Control (2007)

2 h 02 min. Sortie : 26 septembre 2007 (France). Biopic, Drame, Musique

Film de Anton Corbijn

Morrinson a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Ce film est une petite surprise sur un plan tout à fait personnel, car n'étant pas un fan absolu du groupe (encore que, l'écoute toute récente de l'EP "An Ideal For Living" m'a donné quelques frissons, notamment No Love Lost, morceau qui illustre la scène où il sort dans la rue avec la mention HATE peinte sur son blouson), je m'attendais à rester relativement insensible à ce qu'on allait me montrer. Et que ce soit sur le plan de Joy Division, ou plutôt de Ian Curtis tant la caméra n'a d'yeux que pour lui (un peu dommage), ou sur le plan du regard de photographe que porte Anton Corbijn, ce film est une pépite aussi belle qu'amère.

Je mets de côté le fait que le film présente sous certains aspects une dimension légèrement catalogue, on sent que 1°) le genre biopic impose de caser quelques traits connus de tous (les fans) sur le chanteur, quel film il aime, comment il pète, comment il danse, et que 2°) le scénario épouse trop le point de vue du personnage de sa femme (qui a écrit le bouquin à l'origine du scénario, CQFD). Pas étonnant que le film s'attarde un peu trop à mon goût sur les problèmes de couple, et pas assez sur le processus créatif, etc. Mais passons. Car à côté de ça, j'ai été saisi par cette aura de poète maudit (chapeau à Sam Riley pour l'interprétation), filmé sans emphase, sans effets superflus, parfaitement cadré (on sent le photographe derrière la caméra, peut-être un peu trop), dans l'intimité (on sent le fan derrière la caméra, peut-être un peu trop). Corbijn filme bien l'éloignement progressif du chanteur, entre deux instantanés de scène rock assez savoureux. On assiste à l'éclosion d'un phénomène qu'on ne sait pas trop nommer, entre les éclats de l'artiste et le poids de son quotidien, sans avoir conscience de la terrible noirceur de l'arrivée, consécration de la noirceur de sa courte existence.

Et puis j'ai beaucoup aimé cette retranscription de l'Angleterre late 70s, l'atmosphère grise et humide de ces villes post-industrielles comme Manchester et Macclesfield. Une image, une rue, une série de maisons : on reconnaît très vite, on est tout de suite dedans. Le genre d'approche que je préfère cent fois à une comédie / un drame signé Mike Leigh ou Ken Loach, dans des styles à la fois proches (la toile de fond est un peu la même) et différents (l'état d'esprit n'a rien à voir).

Pour toutes ces raisons qui alimentent ma surprise devant un film que je pensais survoler de bien loin, point d'hypocrisie, j'arrose la note de pourboire.

Cogan : Killing Them Softly
5.9
13.

Cogan : Killing Them Softly (2012)

Killing Them Softly

1 h 37 min. Sortie : 5 décembre 2012 (France). Policier, Thriller, Gangster

Film de Andrew Dominik

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Je revêts mes habits de bougon blasé devant ce déluge d'effets qui rate le coche de ce qui aurait pu être un film au regard cynique intéressant. Ce sentiment tenace que Cogan est plus soucieux de son image que de son contenu, qu'il cherche trop à produire des effets sans soigner ce qui y conduit. Un manque de finesse en somme, de subtilité dans le propos comme dans la forme.

Parce que si le discours vaguement cynique, froid et réaliste sur la société contemporaine parvient à me séduire dans une sphère théorique, en pratique, c'est raté. Que ce soit l'esthétisation de la violence (la scène dans laquelle Ray Liotta se fait dégommer m'a passablement énervé, un peu moche, assez prétentieuse), la volonté coûte que coûte d'inscrire l'histoire dans un contexte précis (les élections américaines de 2008, singularité qui aurait pu être beaucoup mieux utilisée, si cela avait été fait de manière moins artificielle, en y faisant référence quand le récit le demande), ou encore cet énième resucée du film néo-noir (avec pieds nickelés du crime, commanditaires blasés et hommes de main sans scrupules), voilà autant de bonnes idées et de bonnes occasions manquées. Le manque de nouveauté dans la trame narrative et les personnages est ici un vrai handicap.

Il y a pour moi un décalage désagréable entre d'un côté le discours plus ou moins sous-jacent, sur fond de déclarations de George W. Bush et de Barack Obama défendant leur vision d'un peuple uni et la fin du pouvoir de l'argent et des armes, et de l'autre la frime constante assaisonnée de punchlines qui claquent (comme l'ultime "Now fuckin’ pay me!"). Tout cela ne fait chez moi que souligner la prétention de l'ensemble, loin, très loin du sobre "The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford". Tout est trop appuyé, comme la prise d'héroïne sur fond de Velvet Underground (non pas que je n'apprécie pas le morceau du même nom, mais quand même, c'est tellement cliché !) ou ces dialogues très bavards autour du cul, du fric, etc. (même si le personnage de James Gandolfini m'a bien plu, avec ses déboires et ses addictions). Il n'y a guère que le travail sur le son qui m'a relativement convaincu.

Marius
7.9
14.

Marius (1931)

2 h 05 min. Sortie : 9 octobre 1931. Comédie, Drame, Romance

Film de Alexander Korda

Morrinson a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Probablement un des premiers films parlants made in France, et pourtant, malgré ses 85 ans, Marius se déguste avec gourmandise. La simplicité de l'histoire et la rigidité de la mise en scène (un peu "théâtre filmé") ne m'ont jamais dérangé. Il faut dire que la qualité des dialogues et l'énergie que déploient les acteurs pour les faire vivre gomment toutes les imperfections... Et puis, Pierre Fresnay l'Alsacien avec l'accent marseillais, ça n'a pas de prix.

Mais c'est bien Raimu le personnage le plus gouailleur et l'acteur le plus époustouflant. Il EST César. Chacune de ses apparitions est une réussite, dans quelque registre que ce soit (comique ou plus mélodramatique, dans la relation avec son fils vers la fin notamment). Certains passages m'ont semblé un peu longs, mais cela n'a jamais entaché l'enthousiasme de l'ensemble et la verve qui transpire de la quasi totalité des interprétations. Et ces dialogues, honnêtement, j'adore, tout en observant un phénomène étrange : c'est dans les silences et les non-dits que se trouve l'essentiel de l'émotion, cette pudeur omniprésente. Et enfin, plus personnellement, cette image du Vieux Port que je ne connais que très peu mais dont j'apprécie beaucoup le reflet vieux d'un siècle que le film me tend.

"Il ne passait jamais au soleil, de peur d'avoir à traîner son ombre."

"Quand on fera danser les couillons, tu seras pas à l'orchestre."

"- Tu mets un tiers de curaçao, mais attention, un tout petit tiers. Un tiers de citron. Un bon tiers de Picon. Et alors un grand tiers d’eau.
- Et ça fait quatre tiers !
- Et alors ?
- Eh bien, dans un verre, il n’y a que trois tiers !
- Mais imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers !"

Le Tout Nouveau Testament
5.9
15.

Le Tout Nouveau Testament (2015)

1 h 53 min. Sortie : 2 septembre 2015 (France). Comédie

Film de Jaco van Dormael

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Ce film est une gigantesque arnaque. Ou plus précisément, la publicité qui en a été faite est on ne peut plus mensongère : le Poelvoorde en dieu le père punk et trash n'est pas du tout le sujet du film... Et tout ce qui s'annonçait comme un pur délire jubilatoire se transforme en soupe populaire façon Amélie Poulain à Bruxelles, les petites choses de la vie et tutti quanti. Toutes les scènes délirantes avec Poelvoorde qui fait le con en faisant chier les pauvres mortels sont dans la bande annonce. Mais je me montre relativement clément dans la note étant données la tromperie et l'approche du film (ça mériterait un 2 maximum), je n'appartiens clairement pas au public visé.

Mais quand même, parlons du reste. Cette mièvrerie et ce kitsch embarrassants filmés par un sous-fifre de Jeunet : un sommet de consensuel dressé contre la société traditionnelle qui nuit à l'émancipation de tous. "Il faut écouter la petite musique qui bat en nous, laisser libre cours à nos envies, dépasser nos limites et nos complexes", et blablabla. Vraiment écœurant de niaiserie. Non et puis visuellement, c'est tellement moche... Trop de regards caméra pour expliquer (niaisement) les sentiments (niais), et un abus dérangeant des plans bifocaux avec au premier premier plan la tête du personnage dont il est question au temps T et en arrière plan, les deux vrais protagonistes du film, Ea et son scribe. Cette composition répétée ad nauseam m'a rendu fou.

Un film qui peine à atteindre (ne parlons pas de dépasser) la somme de ses bonnes idées, noyées dans le flot de l'indifférence qui jaillit de tant d'insignifiance.

Joy
6.1
16.

Joy (2015)

2 h 03 min. Sortie : 30 décembre 2015 (France). Biopic, Comédie, Drame

Film de David O. Russell

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

[ Cinéma ]

La particularité de Joy, c'est qu'il est question d'une self made woman. Voilà.

Je pourrais m'arrêter là, tant le flot incessant d'images et de musiques a défilé devant mes yeux sans véhiculer le moindre sens, la moindre émotion (j'exagère, il y a bien deux trois séquences "émotion" qui sont pas trop mal foutues). Chaque scène chasse la précédente, c'est un ballet incessant qui vide les images de leur signification. C'est consternant, en plus d'être éprouvant. C'est vraiment désespérant de voir tant de films aussi paresseux, tant de metteurs en scène qui pensent qu'il suffit de dire / montrer une chose pour qu'on la gobe telle quelle, qu'on l'accepte sans ronchonner. Combien de fois je me suis demandé dans ce film, lors d'une transition, "mais bordel, pourquoi ?", "mais bordel, comment c'est possible, qui peut croire ça ?"...

C'est d'autant plus dommage qu'à côté de ça, les acteurs font vraiment le boulot, le premier d'entre eux étant la première, à savoir Jennifer Lawrence. Rien à dire. Mais franchement, ce film est une douce resucée d'American Hustle dans le style. J'avais su un tant soit peu fermer les yeux à l'époque, mais quand c'est pour me vendre l'American fucking way of life de la sorte, comme Joy veut vendre son balais magique, c'est trop. Certains y voient une satire du rêve américain, moi j'y vois à peu près l'opposé, à savoir une (énième) illustration du rêve américain avec quelques bâtons dans les roues d'un mécanisme archi-bien huilé.

Et puis quelle idée de prendre pour narrateur un personnage qui crève au milieu du film ??? Elle est où la logique ? Et quel est l'intérêt de ce retour en arrière qui dure 5 secondes, juste avant la fin ?

L'ouragan vient de Navarone
6.1
17.

L'ouragan vient de Navarone (1978)

Force 10 from Navarone

1 h 58 min. Sortie : 20 décembre 1978 (France). Action, Drame, Guerre

Film de Guy Hamilton

Morrinson a mis 6/10.

Annotation :

Suite du film sorti 15 ans plus tôt "Les Canons de Navarone", en théorie : sans la petite introduction relatant les événements du film de 1961 et l'indice que porte le titre, je n'aurais jamais deviné qu'il s'agissait d'une suite. Pas les mêmes acteurs, pas le même lieu, pas les mêmes contraintes. Reste le côté "film de commando" dont il semblerait que ce soit le dernier représentant plus ou moins officiel.

C'est rafraîchissant, les paysages yougoslaves sont bien mis en images, la présence de Harrison Ford est sympathique, il y a des surprises et des trahisons dans tous les sens, plein de petits trucs dans le genre mais sans plus, ce sous-genre du film de guerre n'est pas ma tasse de thé. Et puis les clins d'œil à l'univers James Bond familier du réalisateur (le stylo explosif, la présence du "monstre" Richard Kiel) ne laissaient rien présager d'excellent, en tant que non-fan de cet univers. Et puis les maquettes de ponts et autres utilisées pour les explosions et inondations finales sont assez rigolotes vues d'aujourd'hui... Un divertissement honorable, vaguement dépaysant, rien de plus.

L'Oracle
6.4
18.

L'Oracle (2013)

Der Medicus

2 h 35 min. Sortie : 4 janvier 2016 (France). Aventure, Drame, Historique

Film de Philipp Stölzl

Morrinson a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Il y a des fois où il ne faut pas trop chercher à comprendre. J'étais parfaitement disposé à détester ce film à l'origine. Des approximations historiques que j'imagine immenses, des CGIs au rendu pas toujours honorable, etc. Mais le fait qu'il s'agisse d'une production européenne (allemande qui plus est, quoique tournée en anglais), et la longueur inhabituelle pour ce genre de film auraient dû me mettre la puce à l'oreille. J'ai presque honte, mais je dois avouer que je me suis laissé prendre au jeu et au voyage de ce jeune barbier anglais vers la Perse médiévale. J'ai honte parce que je ne le recommanderais absolument pas aux férus de cette période de l'Histoire. Un petit plaisir coupable, on dirait.

Ces 2h35 ne sont qu'un bouillon de contradictions en ce qui me concerne. D'un côté, les élucubrations de Stellan Skarsgård me font marrer, et de l'autre, ces paysages de la campagne anglaise photoshopés à mort me donnent envie de vomir. D'un côté, on verse dans la misère de la mère pauvre et malade et de ses enfants, et de l'autre, on tranche des doigts de pieds en se marrant. D'un côté, les simplifications qui entourent les sociétés des mollahs et du Shah me dérangent, mais de l'autre, elles me paraissent inévitables pour ce genre de production grand public. D'autant que la romance (obligatoire bien sûr) ne prend jamais trop le dessus. Et j'ai bien aimé le fait que le film prenne son temps pour faire un minimum sentir la transition entre Angleterre et Perse.

Et plus généralement, d'un côté on a affaire à un divertissement enfantin avec voyage, quête émancipatrice, paysages dépaysants, découverte d'un nouveau monde, et de l'autre, on a pas mal de scènes crues avec des gens à poil, des têtes par terre, et des corps ouverts (au nom de la médecine et d'une forme d'apostasie). Bref, à partir du moment où on ne recherche pas l'exactitude en matière de vérité historique sur le personnage d'Ibn Sīnā (aussi appelé Avicenne en French), le voyage n'est pas si désagréable. Et dans ce genre de production, j'aimerais voir des choses comme ça bien plus souvent.

[Ce sentiment coupable de chercher à défendre un film qu'on ne souhaite pas défendre...]

Les Trois prochains jours
6.3
19.

Les Trois prochains jours (2010)

The Next Three Days

2 h 13 min. Sortie : 8 décembre 2010 (France). Thriller, Drame

Film de Paul Haggis

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Pour aimer ce film, il faut soit être un grand fan de Russell Crowe (pas mauvais au demeurant, mais il occupe l'écran quand même 99% du temps), soit aimer ce genre de thriller / drame familial à la tension grandissante et aux péripéties qui s'accroissent aussi rapidement que les invraisemblances. Non, vraiment, quand un film fait reposer l'essentiel de son intérêt sur des manipulations scénaristiques bidons, des séquences émotion à trois francs, et un deus ex machina toutes les 2 minutes dans la dernière moitié, c'est trop à avaler.

Non, franchement, ce gentil professeur de littérature classique qui se transforme en braqueur / voleur / tueur / bidouilleur de feuilles de soin professionnel, c'est totalement bidon. Le mec enseigne Cervantès le jour et va défoncer un dealer et son garde du corps (avec chien de combat) dans son propre meth lab la nuit, armé de sa conviction et d'un pauvre flingue. Tout semble tellement facile dans ce film, le nombre de coïncidences qui tombent pile au bon endroit pile au bon moment est invraisemblable, et le comportement du protagoniste donne l'impression qu'on est tous des John McClane en puissance. Et l'ensemble reste affreusement sérieux bien entendu, il n'y a pas un moment où l'on prend du recul sur l'histoire. Un concentré d’esbroufe.

Fanny
7.6
20.

Fanny (1932)

2 h 05 min. Sortie : 2 novembre 1932. Comédie, Drame, Romance

Film de Marc Allégret

Morrinson a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

"Fanny" commence exactement là où le premier volet de la trilogie, "Marius", s'achevait : le bateau La Malaisie quitte le Vieux Port de Marseille pour l'Australie, avec Marius à son bord, laissant la protagoniste éponyme seule en larmes. Cette dénomination donne d'ailleurs le la du film : on sera beaucoup plus dans l'intime et le mélo, et beaucoup moins dans le regard du sociologue (j'exagère à peine) du premier, avec ses allures de carte postale ensoleillée. C'est à ce titre que j'ai moins apprécié cette histoire-là, au-delà de quelques petits défauts (l'histoire s'essouffle vers le milieu, quelques petites facilités pour tirer la larmichette) et de quelques points meilleurs (la mise en scène semble mieux maitrisée, moins maladroite, plus dynamique).

Pour le reste, le texte de Pagnol reste toujours aussi efficace, moins gouailleur, mais toujours aussi surprenant dans sa capacité à faire surgir l'émotion des (voire entre les) scènes de dispute. On s'engueule mais on s'aime : c'est d'ailleurs un motif qui se répète par rapport à "Marius" mais aussi à l'intérieur du film, ce qui peut être légèrement gênant quand on est un chieur comme moi. Heureusement, de nombreuses scènes collector parsèment le film, comme cette vente de bateau par Panisse à Monsieur Brun qui a tendance à chavirer à cause de "sa trop grosse hélice, tellement grosse que c'est elle qui fait tourner le bateau et non l'inverse" (citation approximative). Ou encore l'écriture de la lettre de César (Raimu toujours impeccable) à son fils :

"Quand tu vas commencer à mesurer le fond de la mer, fais bien attention de ne pas trop te pencher, et de ne pas tomber par dessus bord et là où ça sera trop profond, laisse un peu mesurer les autres."

Par contre, l'interprétation d'Orane Demazis avec ses trémolos dans la voix, n'est pas magistralement convaincante... Les discours sur la paternité et sur les choix amoureux ne sont pas particulièrement éloquents entendus aujourd'hui, mais ils demeurent justes, loin de toute morale consensuelle, et surtout devaient à l'époque jeter une lumière tout à fait intéressante sur ces filles-mères, leur dimension dramatique, les choix cornéliens auxquels elles étaient confrontées (surtout quand ils impliquent en plus un petit "bâtard") et toute les disgrâces auxquelles elles s'exposaient.

Enfin, sur une note mineure, j'ai bien aimé le changement de perspective sur le personnage de Panisse. Moins monolithique, plus dans la nuance des sentiments que son rôle impose.

Eastern Boys
6.6
21.

Eastern Boys (2014)

2 h 08 min. Sortie : 2 avril 2014. Drame

Film de Robin Campillo

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Comment noter ce film ? C'est vraiment au pifomètre tant il y a du très bon et du très mauvais. Des postures un peu trop affichées d'"auteur" qui consistent à ne pas trop se préoccuper de la vraisemblance de ce qu'on avance, tant que cela participe d'une certaine ambiance : j'ai toujours eu du mal avec ce genre d'attitude. À de trop nombreuses reprises j'ai eu l'impression qu'il y avait un décalage entre les images qu'on voit à l'écran et ce que le metteur en scène voudrait qu'elles disent.

Je ne suis sensible ni à ce genre d'interprétations, ni à cette façon de titrer de manière pompeuse des chapitres, ni à ce dernier tiers pseudo-thriller mal fagoté. Vraiment, il ne suffit pas d'avoir quelques idées de scénario pour que l'ensemble des liens et des vides entres elles s'écrivent tout seuls, j'ai du mal à croire que le rendu final voulu était celui-là. Et puis, sur un plan plus idéologique, j'ai eu beaucoup de mal à "comprendre" l'évolution de la relation entre ce quadra bourgeois et ce jeune sans-papier. On nous demande de croire à la transition du plaisir vénal à l'amour filial, ce qui est déjà un sacré morceau, mais en plus c'est très mal amené. J'ai du mal à identifier le contenu du message, en partie pour les raisons évoquées précédemment, mais je trouve que sur une thématique telle, on se doit de prendre toutes les précautions pour ne pas laisser le spectateur s'égarer. Parce que non, prendre connaissance de la mort des parents d'une jeune personne avec qui on couche ne suffit pas (chez moi en tous cas) à motiver la volonté d'en faire son propre enfant. C'est une bien "drôle" logique... Ou alors le film parlait de propriété des corps au énième degré, mais j'en doute fortement.

It Follows
6.9
22.

It Follows (2014)

1 h 40 min. Sortie : 4 février 2015 (France). Épouvante-Horreur

Film de David Robert Mitchell

Morrinson a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur, l'a mis en envie et a écrit une critique.

Annotation :

J'aime beaucoup ce genre de cinéma d'horreur (et par extension ce genre de cinéma) qui impose par sa scène d'introduction une ambiance, un code, une esthétique, et qui s'y tiendra jusqu'à la fin. Ici, c'est une véritable opération de séduction : je suis resté scotché, prêt à suivre la suite comme un gamin collé à la vitre du marchand de bonbons. C'est pour moi un sans faute en la matière : une atmosphère tendue, des codes digérés qu'on maîtrise et dont on se joue (on s'attend à voir un mec mal luné poursuivre cette fille en petite tenue qui crie en sortant de sa maison, mais non... que fait-elle bon sang ?), une caméra et une photographie on ne peut plus soignées, qui se termineront sur une image gore choc du meilleur effet. On n'a rien compris à ce moment-là du film, mais on est totalement dedans.

Ce film est un vrai cauchemar, au sens propre comme au figuré, puisqu'il est directement tiré de l'expérience personnelle du réalisateur (qui regrette d'ailleurs que beaucoup de monde ait pris le film au premier degré en l'accusant de diaboliser le sexe). Je n'y ai jamais vu ça. Juste des ados qui essaient d'échapper à un cauchemar donc, d'en comprendre les rouages sans chercher à en expliquer la logique (on résout très rarement le problème d'un cauchemar). De survivre, en un mot.

On a attaqué le film sur 2 aspects.

1°) La morale, supposée puritaine.
C'est là où les subjectivités s'étalent et s'affrontent. On peut y voir une condamnation du sexe qui transmet le mal. On peut y voir un appel à rester prude (et vierge, donc). Mais je n'ai jamais perçu cela dans le regard du réalisateur. On peut tout aussi bien se dire qu'il est parti du constat que le sexe est une composante normale de la vie (adolescente, entre autres), et qu'il n'a fait que greffer à cela un scénario surnaturel d'horreur. Le sexe (et l'amour, cf la dernière séquence) comme une façon de repousser, au moins temporairement, l'inéluctabilité de la mort. Le sexe comme punition mais aussi comme sauveur. Je n'y ai rien vu d'autre. Et puis à plusieurs reprise on souligne la responsabilité / le doute (à moins que ce ne soit l'échec ?) de ces jeunes qui ont tenté de refilé la chose à des inconnus.

2°) Les références, supposée trop présentes.
Carpenter est partout, dans la musique, l'ambiance 80s, l'horreur épurée et protéiforme, la vision unique du mal par le protagoniste, mal qui poursuit sa quête éperdument

[suite en critique, plus la place ici]

Rescue Dawn
6.6
23.

Rescue Dawn (2006)

2 h. Sortie : 5 juin 2008 (France). Biopic, Guerre, Drame

Film de Werner Herzog

Morrinson a mis 6/10.

Annotation :

Ce Herzog est quand même un type vraiment curieux... Entre un début très plan plan dans une base militaire américaine (au fin fond de la guerre du Vietnam) et une fin absolument hallucinante de bons sentiments (au-delà du fait que l'on puisse comprendre la joie des uns et des autres, elle met un peu mal à l'aise tant elle détonne avec le corps du récit), il arrive à construire une atmosphère prenante et palpitante 1°) dans un camp de prisonniers et 2°) au milieu de la jungle.

Ce que j'aime beaucoup ici, c'est cette approche quasi-documentaire de son sujet. Cette façon de filmer les paysages et les décors naturels (la Thaïlande en fait), cette façon de terminer une séquence fermée sur ses personnages en l'ouvrant sur des étendues lointaines, cette façon de pénétrer caméra à l'épaule (sans que le rendu ne soit désagréable) dans les villages en même temps que les prisonniers et leurs gardes... Un style vraiment particulier, un ressenti que je ne saurais décrire avec précision, mais quelque chose de très vivant. La séquence dans le camp est une réussite en matière d'immersion, au bout d'une dizaine de minutes, on connaît sa géographie comme si on y avait séjourné, avec les désirs des uns, les mentalités des autres. C'est un sentiment vraiment étonnant.

Tout aussi étonnante est cette transition vers la jungle lors de leur évasion. Je ne me rappelle pas avoir déjà vu la jungle filmée de cette façon (d'autres "belles" façons existent, et celle de Predator me vient instantanément en mémoire). Agressive, envahissante, elle colle à la peau et donne la nausée. Une broussaille incroyable, farcie de chenilles comme les eaux le sont de sangsues, c'est tout bonnement dégueulasse.

Il y a aussi cette façon de filmer des groupes de personnages, non pas en plan large mais depuis l'intérieur, à courte focale, avec ces mouvements de caméra qui nous font tournoyer successivement autour de plusieurs personnages. Il me semble que c'est un peu la marque de fabrique de Herzog, je n'ai en tous cas jamais vu ce genre de prises de vues étranges ailleurs. J'aime beaucoup le déséquilibre que cela crée, le vertige qui me gagne : c'est notamment le cas avant que les deux groupes de prisonniers ne se séparent avant de partir dans la jungle. Malaise garanti.

Et pour terminer, j'ai beaucoup aimé le côté halluciné et totalement habité de Christian Bale. C'est vraiment lui qui cristallise les hallucinations, c'est lui qui devient peu à peu animal.

Police
6.6
24.

Police (1985)

1 h 53 min. Sortie : 4 septembre 1985. Policier, Drame, Romance

Film de Maurice Pialat

Morrinson a mis 5/10.

Annotation :

Je tombe de haut avec ce "Police". Fort des attentes suscitées par le magnifique "Van Gogh" (sorti 6 ans plus tard, mais peu importe), je m'y suis lancé les yeux fermés. Et si on retrouve tous les aspects d'un matériau brut, à tendance documentaire, à aucun moment je n'ai été convaincu par l'allure du film, ses enjeux, ses temps forts comme ses passages à vide.

La dynamique ne m'a jamais emporté, je suis resté profondément insensible aux tentatives de Pialat, et je pense que c'est le niveau global des interprétations qui est en cause. En dépit des nombreux grappins qui sont lancés pour tenter d'émouvoir doucement le spectateur, avec ces histoires d'amours croisées, avec ce personnage de Mangin tout en faiblesses, le final m'est apparu comme un sommet d'artificialité. Le regard perdu de Depardieu comme un coup d'épée dans l'eau. Mais je ne peux pas non plus rejeter toute la faute sur les épaules de Marceau et Anconina...

Je ne saurais trop dire si c'est cette histoire "banale" (pas dans le mauvais sens du terme) dans un commissariat qui me passionne de moins en moins... Mais non, en y réfléchissant, j'avais beaucoup aimé retourner en arrière chez Tavernier, avec son L.627, un des éléments de la matrice du polar français dont les ambitions étaient beaucoup plus terre-à-terre, mais qui les assuraient peut-être de manière plus sûre. Il m'avait fallu un long moment avant de rentrer dans la biographie très localisée du peintre batave, et l'effet en avait été au final décuplé ; j'ai attendu ce moment-là en vain dans "Police".

Le Garçon invisible
5.9
25.

Le Garçon invisible (2014)

Il ragazzo invisibile

1 h 40 min. Sortie : 15 juillet 2015 (France). Fantastique, Aventure, Jeunesse

Film de Gabriele Salvatores

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Une note qui ne vaut qu'en prenant en considération le public visé (chose que j'ignorais totalement eau moment de lancer le film) : les enfants. Pré-ados à la limite.

Cette pondération dans l'appréciation permet de passer outre la multitude de clichés que l'on considérerait comme totalement stupides dans un film pour adultes. Mais du point de vue du conte pour enfant, qui demande ce genre de clichés et de raccourcis monumentaux, ce n'est pas le premier film que je montrerais à mes enfants mais il ne s'en sort pas trop mal. Disons plutôt qu'on fait bien pire. Le regard sur la parentalité, le premier amour, et l'utilisation des super-pouvoirs pourrait être plus ridicule et premier degré. Et quelque part, c'est un des seuls films de super-héros doté d'une telle sensibilité (pour enfants de 12 ans, je le répète, même si pour une raison inexpliquée, le réalisateur et/ou le monteur ont cru bon de laisser dans la version finale un plan où l'on voit la culotte d'une fille de 14 ans en jupe... c'est un peu gênant).

Il demeure cette question : sous prétexte que le public visé est d'un plutôt jeune âge, cela donne-t-il droit de bâcler l'intrigue et d'écarter toute forme de subtilité ?

César
7.4
26.

César (1936)

2 h 18 min. Sortie : 11 novembre 1936. Comédie dramatique, Romance

Film de Marcel Pagnol

Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Une note un peu dure, vue de l'extérieur, mais qui tient compte des attentes qu'ont constitué les deux premiers volets durant les derniers jours.

C'est une réaction étonnante de ma part car il m'arrive d'avoir du mal avec le "théâtre filmé", alors qu'ici, plus on progresse à travers la trilogie, plus on se détache de ces codes-là, et plus mon appréciation s'est étiolée. Une chose est sûre, Pagnol seul à la réalisation sur cet ultime volet a atteint un niveau d'aisance et de fluidité dans la mise en scène qui est très agréable. La caméra virevolte à plusieurs reprises et suit les personnages au gré de l'action de ce règlement de comptes à Marseille. Les nombreux épisodes en extérieur apportent aussi une fraîcheur tout à fait surprenante dans le contexte de cette trilogie, et bienvenue.

Mais j'ai du mal à voir l'intérêt de ce "César" au-delà de la conclusion obligatoire des deux premiers films, une réponse aux nombreuses questions laissées en suspens. La seule composante intéressante et novatrice, qui ne soit pas de la répétition, c'est le constat d'une histoire d'amour contrariée et de deux vies gâchées. En dépit du happy end, il est évident que Marius et Fanny auront bien du chemin à parcourir avant d'éventuellement retrouver leur idylle originelle. Mais le personnage-clé censé cristalliser ce déchirement, Césariot, n'est pas du tout à la hauteur. Qui de l'acteur ou du personnage est trop lisse, je ne saurais trancher, mais l'importance que constituait son rôle a pas mal déçu mes attentes. Où est passée la grandeur du sacrifice de ses parents ?

En fait, si on le compare au volet précédent, c'est l'aspect mélo qui est raté ici. La scène des retrouvailles est censée être teintée d'une certaine émotion, la scène des engueulades d'une certaine tension, mais que nenni. Beaucoup de répliques que les personnages s'assènent les uns les autres tombent à l'eau. À aucun moment la puissance des non-dits et des existences malheureuses ne m'est apparue. Je ne sais pas si le fait que "César" soit le seul film de la trilogie a avoir été directement écrit pour le cinéma y est pour quelque chose, mais je n'ai pas retrouvé ce qui faisait le charme des deux premiers. La seule séquence pleine de gouaille, c'est celle du jeu avec le chapeau melon, et elle exclut les protagonistes. La seule séquence vraiment poignante, d'une tristesse contenue, c'est celle de la partie de cartes avec la chaise de Panisse légèrement en retrait, désespérément vide. Trop peu pour moi.

La Chambre interdite
6.5
27.

La Chambre interdite (2015)

The Forbidden Room

1 h 59 min. Sortie : 16 décembre 2015. Aventure

Film de Guy Maddin et Evan Johnson

Morrinson a mis 6/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

[ Cinéma ]

Il y avait quelque chose de vaguement masochiste dans cette séance, étant de nature assez frileuse quand il s'agit de se farcir 2 heures de pellicules expérimentales (l'emploi du terme "pellicule" n'est pas totalement injustifié ici). Même l'expérimental un minimum intelligible à la Kenneth Anger ne m'émeut que très peu. Mais je ne savais pas vraiment ce qui m'attendait. Et au final, si ce machin ne m'a pas totalement emballé, il n'en reste pas moins fascinant sous certains aspects, dans le registre 'l'effet du LSD sans LSD". Sortir cet obscur objet bien barré le même jour que le dernier Star Wars en France, il fallait oser quand même.

Il y a un côté assez surprenant dans "La Chambre interdite", puisque on n'est ni dans l'abstrait le plus total, ni dans le parfaitement compréhensible. Comme si les auteurs jouaient sur cette ligne de démarcation et nous y maintenaient dans un équilibre instable. On est à deux doigts de perdre pied, de ne plus rien y comprendre, et puis on est rattrapé par une séquence clairement intelligible, par une référence à une action antérieure dans le film, etc. Petit à petit, armé de ciseaux et de colle, on remet bout à bout les fragments de ce qui ressemble à une trame narrative. Je précise que je n'étais absolument pas au courant du procédé, basé sur l'exploitation de scénarios de films perdus :
http://www.grand-ecart.fr/portraits/interview-chambre-interdite-films-perdus-pompidou-winnipeg-rencontre-guy-maddin

Restent des performances hautement hétéroclites, un magma esthétique bouillonnant aux imperfections, aspérités, impuretés soigneusement travaillées. Et ce, dès le générique. Un vrai bordel visuel, mais un bordel assez ordonné tout de même. Un son chaotique, souvent erratique mais parfois harmonieux, des passages endommagés façon pellicule brûlée ou qui saute, des teintes tour à tour très colorées et très fades, etc. Un vrai festival.

Mais bon, au bout d'un moment, on se lasse. Deux heures sur ce thème, c'est long, et l'hommage perd de sa saveur. On s'agace rapidement de ne pas pouvoir lire confortablement les intertitres qui apparaissent de manière aléatoire. Et puis j'ai souvent eu du mal à faire la différence entre expérimentation vaguement avant-gardiste et jusqu'au boutisme qui vire à la démonstration hermétique. Un peu comme quand on traîne trop longtemps dans les étages consacrés à l'art contemporain dans un musée. Ce n'est pas pire que de croiser une œuvre vidéo de 8h de Warhol au MoMA, mais quand même.

La Belle Saison
6.5
28.

La Belle Saison (2015)

1 h 45 min. Sortie : 19 août 2015. Drame, Romance

Film de Catherine Corsini

Morrinson a mis 5/10.

Annotation :

Sur une thématique un peu casse-gueule (la retranscription des mœurs d'une époque passée, la lutte pour le droit des femmes, les amours saphiques) qui peut facilement verser dans le consensuel ou le caricatural, Catherine Corsini s'en sort pas si mal. Elle évite les principaux écueils des genres, ce qui est déjà un bon point. On peut simplement regretter que l'intrication des luttes les unes dans les autres, la concurrence qu'il peut y avoir entre l'émancipation d'une femme en tant que femme dans la France giscardienne des 70s et une femme en tant qu'homosexuelle (ça, pas sûr que ça ait beaucoup changé depuis) n'ait pas été plus développée. C'est un sujet passionnant, la lutte des "minorités" à l'intérieur d'autres minorités, et comment les intérêts adverses tirent profit de cette configuration. Le film prend très vite une tout autre direction, dommage.

L'autre direction, c'est celle de la ferme des parents d'Izia Higelin où elle va devoir conjugueur sa "nouvelle vie" avec Cécile de France et la vie sur une exploitation agricole. Disons-le d'entrée, autant dans les AG féministes, beaucoup d’interprètes féminines étaient passablement insupportables (être femme, on dirait que ça se résume à gueuler hystériquement dans tous les sens, ça me paraît légèrement réducteur), autant dans ce cadre-là, les deux actrices rayonnent. C'est d'autant plus étonnant qu'Izia était radicalement insupportable dans la purge Samba...

La photographie s'épanouit dans ces lieux, tout comme la passion des deux femmes quand elles ne sont pas confrontées aux obstacles de la société d'alors, pas tout à fait libérée des contraintes que Mai 68 était censé avoir levées. Mais ces longues étreintes, dans la chambre comme dans le champ, avec leur répétition, lasse un peu à la longue. C'est une sorte de lyrisme un peu poussif (notamment ce soleil en extérieur, c'est un peu trop gros comme symbole). Reste une histoire honnête, généreuse, tendre, et qui ne sombre pas dans le mélo excessif et la caricature comme tant des productions semblables.

5 centimètres par seconde
6.7
29.

5 centimètres par seconde (2007)

Byôsoku 5 senchimêtoru

1 h 03 min. Sortie : 3 mars 2007 (France). Romance, Animation

Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai

Morrinson a mis 7/10.

Annotation :

Je n'imagine pas un instant que ce film d'animation puisse plaire à tout le monde. Non pas qu'il soit trop expérimental, trop orienté idéologiquement, ou trop raté, mais simplement, c'est un genre de cinéma de l'émotion qui parlera à certains et laissera les autres totalement interdits devant une telle vacuité sirupeuse.

Et je fais partie de la première catégorie, tout en me montrant beaucoup moins enthousiaste que la horde de commentateurs qui ont vu en Shinkai le nouveau Miyazaki. Je ne comprends pas la comparaison, et je ne la trouve vraiment pas justifiée, mais passons. Très simple, assez court, on comprend vite qu'il sera question du temps qui passe, des distances qui séparent, et des amours contrariées, le tout sous l'angle de la contemplation mélancolique, vaguement poétique.

Chacune des trois parties (Essence de fleurs de cerisier / Cosmonaute / 5 centimètres par seconde) contient sa dose de mélodrame (lié à l'enfance / l'adolescence / l'âge adulte), mais ça ne m'a pas tant dérangé. Pris individuellement, chaque court-métrage s'approche dangereusement de la coquille sentimentale vide coincée dans l'écrin d'une animation incroyablement soignée — parfois trop, même, à la limite du poussif, du kitsch, du too much. Mais pris en tant que tout, les trois vignettes dépeignent un tableau de plus grande envergure, une illustration possible de la dynamique de l'amour et de la vie. Ce discours sur la difficulté du temps présent, hanté par un passé trop prégnant, peut paraître niais, vain, et ça le sera pour beaucoup de personnes, mais ce petit côté "À la recherche du *bonheur* perdu" a trouvé une certaine résonance chez moi.

Lore
6.5
30.

Lore (2013)

1 h 48 min. Sortie : 20 février 2013 (France). Drame, Guerre

Film de Cate Shortland

Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le pitch mettait vraiment l'eau à la bouche : livrés à eux-mêmes après l'arrestation de leurs parents nazis, une adolescente et ses petits frères et sœurs traversent l'Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. On imagine la difficulté de la période transitoire, les enjeux entre les différentes populations à l'heure de la reconstruction, et un récit d'apprentissage dans un cadre plutôt original... Eh bien non, rien de tout ça. En lieu et place de ces espoirs (déçus serait un mot bien faible... broyés, pulvérisés, désintégrés sont des adjectifs qui conviendraient mieux) naïvement entretenus, un film absolument infect, manipulateur, à gerber tant sur le plan moral qu'esthétique.

De son thème et sa configuration historique si particulière, l'australienne Cate Shortland ne fait rien de bon. Je ne connais pas cette réalisatrice, mais je ne pense pas me tromper en affirmant qu'elle a autant de retenue qu'un 18 tonnes lancé à pleine vitesse. On enchaîne les situations abjectes et putassières, les musiques criardes, les cadres à vomir. L'exemple parfait d'une absence de rigueur esthétique : l'essentiel de l'action est filmé en téléobjectif rivé sur des détails au mieux insignifiants, au pire tout à fait répugnants. Cerise sur le gâteau, cette succession de postures pseudo-artistiques n'est à aucun moment stable. Aucun plan ne s'inscrit dans la durée, toujours dans le flot écœurant d'un action filmée caméra à l'épaule.

Et en terme de sordide gratuit et crétin, allons-y gaiement : des images sales et dégoulinantes de pathos, en veux-tu en voilà. Une mère froide et sadique qui n'éprouve aucun regret au moment de quitter ses 4 enfants pour toujours, des voisins forcément gros connards envers ces nouveaux orphelins, des images bien gores de femmes fraîchement violées, avec sang et fourmis, des cadavres qui pourrissent, etc. On ne demande pas non plus de nier une certaine réalité, mais à ce niveau-là d'instrumentalisation des images c'est purement scandaleux. Non, il faut vraiment voir ces plan serrés sur le trou dans l'œil d'un homme qui vient de se suicider pour mesurer le niveau d'abjection morale, il faut voir la réaction de la gamine qui prend la main d'un quasi-inconnu pour la lui fourrer dans sa culotte pour mesurer le degré de stupidité de l'entreprise. Tous les gens rencontrés sont des connards d'opportunistes qui refusent l'entraide, monnaient tout service et tirent sur un gamin de 3 ans sans vraie raison.

Bref, en un mot comme en cent : à fuir.

Morrinson

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