Cover Nikita Mikhalkov - Commentaires

Nikita Mikhalkov - Commentaires

L’inspiration est noble, les coutures sont belles, l’emballage sans défaut. Avec ces quelques films d’une (parfois trop) parfaite fécondité littéraire et cinématographique, Mikhalkov pourrait apparaître comme le champion d’un art russo-romanesque sûr de ses références et de ses inspirations. On peut ...

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7 films

créee il y a presque 9 ans · modifiée il y a presque 7 ans

Esclave de l'amour
6.7

Esclave de l'amour (1976)

Raba lyubvi

1 h 29 min. Sortie : 27 septembre 1976 (Union Soviétique). Drame, Romance

Film de Nikita Mikhalkov

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

En pleine révolution rouge, une équipe de cinéastes fuit Moscou pour tourner, dans la Crimée paisible et ensoleillée, un mélo typique en costumes. Progressivement, l’insouciance est rattrapée par les événements, et la diva superficielle contrainte de prendre part au mouvement qui transforme la conscience et l’histoire. Loin du monumentalisme héroïcisé du cinéma soviétique officiel, Mikhalkov joue habilement des rapports entre réalité et fiction, fait vivre des personnages capricieux de comédie avant de faire naître une gravité crépusculaire dont l’image finale porte l’empreinte : l’héroïne poursuivie sur un tramway "murnauien" par des cavaliers cosaques, et qui s’éloigne vers un horizon aveuglant. Un fort joli film, un peu brouillon peut-être, mais au charme désuet, singulier et vaporeux.

Partition inachevée pour piano mécanique
7.4

Partition inachevée pour piano mécanique (1977)

Neokontchennaia pesa dlia Mekhanitcheskogo pianino

1 h 40 min. Sortie : 5 septembre 1977 (Union Soviétique). Comédie dramatique

Film de Nikita Mikhalkov

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Adaptant la première pièce inachevée de Tchekhov, le cinéaste restitue le dit et le suggéré, la surface et les profondeurs, la gaieté d’un marivaudage butineur et l’insouciance des nantis qui se teinte d’une inquiétude prémonitoire, les rires s’étranglant au moment où apparaît la tentation des confessions masochistes et l’obscur désir de transformer un univers endormi. Révélatrice d’une société entraînée malgré elle vers les remous d’une inévitable révolution, cette peinture intimiste cerne toute la fragilité d’êtres qui se font et se défont le temps d’un orage d’été et d’un feu d’artifice, jusqu’à ce qu’une très belle déclaration d’amour conjure la futilité des cœurs et la blessure des pensées. Le soleil se lève, un enfant endormi lui tourne le dos, l’émotion de cette douce musique perdure.

Quelques jours de la vie d'Oblomov
7.4

Quelques jours de la vie d'Oblomov (1980)

Neskolko dnei iz jizni Oblomova

2 h 25 min. Sortie : 8 septembre 1980 (Union Soviétique). Comédie dramatique

Film de Nikita Mikhalkov

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Ilya Ilitch Oblomov est un oisif indolent en instance de certitude, abdiquant devant les tâches et les exigences qui incombent à l’être ambitieux. Son camarade d’enfance, Stolz, serait plutôt la mouche du coche, le propagandiste assidu d’une Russie nouvelle. Le monde s’écoulant irrémédiablement, mieux vaut peut-être rester comme la feuille de l’arbre, disponible à tous les tourments et à tous les renouveaux. Avec un lyrisme tutoyant parfois le sacré, une vraie truculence dans la drôlerie et la légèreté, une mélancolie suave qui dit les craintes et les hésitations d’un homme inadapté, avec la chaleur d’une amitié fidèle ou d’un amour naissant, ce beau film capte ces instants de l’existence où, tout ayant été dit, on guette dans le silence de la nature la réponse d’autrui à des questions qui vous dépassent.

Les Yeux noirs
7.4

Les Yeux noirs (1987)

Oci ciornie

1 h 57 min. Sortie : 9 septembre 1987 (France). Comédie dramatique

Film de Nikita Mikhalkov

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Trois nouvelles de Tchekhov entremêlées en un long voyage rétrospectif chargé de souvenirs heureux et de regrets étouffés, que nous raconte un vieil homme passé à côté de sa vie. Au terme du récit, on comprendra que la destinée du héros a basculée depuis longtemps dans l’insignifiance et l’oubli et que sa dérive spatiale traduisait en fait son naufrage dans le temps, seul vainqueur de toute histoire. Pour y arriver, Mikhalkov nous invite à une fantaisie virevoltante, entre la bourgeoisie italienne du début du siècle et la Russie des tsars. Cela sent parfois un peu trop l’hommage (coucou Fellini) et le savoir-faire (l’image de carte postale guette), mais de l’insouciance à la joie enfantine, du bonheur qui enivre à l’angoisse qui étouffe, tout garantit la verve et le dépaysement du numéro de charme.

Urga
7.6

Urga (1991)

1 h 59 min. Sortie : 25 septembre 1991 (France). Drame

Film de Nikita Mikhalkov

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Emporté par les ciels qui roulent des nuages de lumière, par les collines qui passent du vert acide à l’ocre chaud, par ces visages fendus de deux yeux où se lit quelque chose de l’éternité, Mikhalkov fait son "Dersou Ouzala". Sans troquer son regard de cinéaste contre celui d’ethnologue, il filme l’immensité de la steppe mongole comme une "terra mater" livrée à la temporalité intérieure de la contemplation, à deux modes de rapport contradictoires (le plein et le vide, la plénitude et le manque), et offre un film réactif, vif, dépouillé de tout signe extérieur de richesse. Mais s’il manifeste son amour des personnages en faisant ressentir plutôt que dire, il finit rattrapé dans son échappée belle par un débat conventionnel entre nature et culture, artifices de la société de consommation moderne et valeurs écolos.

Soleil trompeur
7.6

Soleil trompeur (1994)

Utomlyonnye solntsem

2 h 15 min. Sortie : 31 août 1994 (France). Drame, Guerre

Film de Nikita Mikhalkov

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Cette lumière paisible est celle de la campagne russe où le colonel Kotov sirote une sereine euphorie avec sa femme, blonde comme le blé, sa fille, petit lutin extralucide qui forme à elle seule le chœur antique du récit, et leurs proches. L’harmonie règne sur la datcha, les babouchkas bavardent, le thé noir coule dans les tasses de porcelaine, on porte des chapeaux de paille et des costumes de lin blanc. Mais en ce jour de 1936, la menace s’insinue insidieusement au sein du petit paradis champêtre, la mort arbore le visage d’un ami, et le spectre de Staline finit par flotter au vent tel le jugement dernier. Le long d’une chronique mélodieuse et nostalgique, d’une tragédie douce où la fatalité s’offre une pause entre cancan et tango, le cinéaste regarde vivre des hommes, les surprend à aimer, rêver, philosopher.

Le Barbier de Sibérie
7.1

Le Barbier de Sibérie (1998)

Sibirskiy tsiryulnik

3 h. Sortie : 12 mai 1999 (France). Comédie dramatique, Historique, Romance

Film de Nikita Mikhalkov

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Il faut d’abord reconnaître les clichés de dépliant touristiques (le général d’armée rouge ivrogne, la polka dans les rues, le rite du verre de vodka cul sec…) et la nostalgie douteuse du réalisateur pour l’époque tsariste, avec ses fastes militaires et ses magnificences bouffonnes. Images d’Épinal certes, mais qui alimentent les tourbillons romanesques et les grands sentiments d’une saga slave ayant "Le Docteur Jivago" dans le collimateur, pleine de festivités de carême, de machines délirantes et d’officiers d’opérette à mi-chemin des Marx brothers et des cadets de Gascogne. Lancé à vive allure sur les rails d’un grand huit, Mikhalkov alimente le feu de son engin infernal avec une énergie burlesque, en équilibre calculé sur le fil séparant la virtuosité du trop plein d’amour. Sa saga est indéniablement spectaculaire.

Thaddeus

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