Rentrée littéraire 2013 ou une poignée des 555 (trop nombreuses) parutions

Annotation :

1982, un jeune metteur en scène français quitte Paris pour monter Antigone de Anouilh à Beyrouth, Liban, prenant pour comédiens un membre de chaque communauté religieuse en guerre. Je ne m'attendais pas à être aussi touchée par ce roman. L'écriture de Sorj Chalandon, simple, directe, mais belle et efficace, vous va droit au coeur, et son sujet difficile vous laisse tremblant, ému. Pour l'instant le meilleur élève de la rentrée française.

Annotation :

Bon, moi je mets Même pas mort dans la rentrée littéraire, d'une part parce qu'il sort pour la rentrée, et d'autre part parce que malgré son affiliation au genre de la fantasy, je le mettrai sur la table littérature française de ma librairie et le défendrai autant qu'un Sorj Chalandon et bien plus qu'un Amélie Nothomb. Car Même pas mort peut aussi rentrer dans le genre du roman historique, l'antiquité celte, et de ses guerriers redoutables qui habitaient notre ancienne Gaule. Superbe, onirique et fantastique, la saga de Jaworski est déjà pour moi une série culte. (et j'attends toujours la suite!)

Annotation :

Alors voilà, on en sort tout déboussolé de ces Grands romans américain, car c'est bien comme ça que je vois le Ken Kesey, et c’est pas cool parce qu’après il faut arriver à trouver le bon ouvrage qui te fera atterrir en douceur, en général tu tombes sur une bonne bouse qui te dégoûte et te fais dire « **tain c’était bien quand je lisais mon Ken Kesey », mais tu t’en remettras, et tu n’oublieras jamais cette lecture et tu conserveras jalousement ton ouvrage dans ta bibliothèque entourés par ses pairs, pour peut-être le relire dans tes vieux jours.

Annotation :

American Prophet est un roman coup de poing qui bouscule les préjugés, ordonne les esprits et porte un message social fort et important. Et ça, Paul Beatty réussit à le faire sans verser dans la caricature (à ce point-là ses personnages, bien que complètement dingues, semblent plus vrais que nature), sans tomber à côté de la plaque, avec adresse et excellence. On sourit et on rit, on se laisse embarquer par ce destin hors norme d’un héros atypique. C’est remarquable, ça ébranle sans être dérangeant (ce n’est pas le cas de tous les romans engagés comme celui-ci qui tendent à embarrasser le lecteur par trop de ferveur), c’est un roman de génie.

Annotation :

Vous avez déjà lu un roman sur la Bulgarie ? ET sur la Bulgarie en pleine guerre froide ? Et sur un petit génie du piano de l'Ecole supérieure de musique de Sofia qui mélange un peu trop le sexe, l'alcool, la clope et la rébellion au régime communiste ? Bon, ben voilà ce que nous raconte Wunderkind, mêlant avec une plume sublime Histoire, roman d'apprentissage et musique.

Annotation :

Il est tellement difficile de conseiller ce roman. Non pas qu'il soit mauvais, c'est tout l'inverse. C'est un monstre de qualité, une oeuvre grandiose. Un roman dur à résumer à cause de l'ampleur de son histoire, de ses histoires, qui nous mènent du moyen-âge à la seconde guerre mondiale, en passant par l'Inquisition, les luthiers de Crémone et les SS de Birkenau, et l'histoire d'amour entre un érudit philosophe en mal d'amour et une artiste endommagée. Une oeuvre passionnante, qu'il faut lire sans se laisser dérouter par le style particulier de l'auteur.

Annotation :

Encore une fois, comme avec Ce que je sais de Véra Candida, on est face à la construction d’une femme après une éducation pesante et négative, la recherche d’une identité, l’envie de liberté et de délivrance, d’échapper à un conditionnement et à une sorte de malédiction familiale. Si au premier abord on pouvait s’attendre à un roman féminin, à un roman facile d’accès et grand public, il n’en est absolument rien. L’écriture de Véronique Ovaldé est particulière, composée de peu de points, de longues phrases enroulées de virgules, qui donne un ton à la fois grave et homérique au récit. Très bon roman !

Annotation :

L'île Invisible, c'est l'île de Margarita au Venezuela. Pour ma part je n'avais pas encore mit les pieds dans cette contrée lointaine, autant en terme de voyage que de littérature. Francisco Suniaga nous dépeint son île avec une langue d'une véritable beauté. L'histoire, quant à elle, nous transporte entre l'aspect paradisiaque de cette île où se pressent de nombreux touristes pour savourer cocktails et fruits exotiques sur une plage blanche, et le véritable visage de l'île, où le temps passe à un rythme incontrôlable, où les habitants semblent vivre sur une autre planète, et où le chant des coqs de combat vous tient éveillé au petit matin. C'est un portrait saisissant, soutenu par la belle plume de Francisco Suniaga, à découvrir.

Annotation :

Western épique et agité, Céline Minard réussi le pari de faire aussi (voire mieux) qu'un américain qui se lancerait dans un roman sur la conquête de l'Ouest. Florilège de personnages caricaturaux mais jouissifs, cowboys versus indiens, c'est bien écrit, on prend son pied, et ça mérite d'être lu ! Voila.

Annotation :

Pas tout le monde ne sait qui est Philippe Halsman, il a pourtant marqué le monde de la photographie en prenant des clichés reconnus de Marylin Monroe, Churchill, Gide ou encore Einstein. Il a surtout marqué les esprits en Europe pour le fait divers qui a entaché définitivement sa vie de douleur et d'injustice. A 20 ans, lors d'un voyage dans les alpes autrichiennes, il a été condamné pour le meurtre de son père, qu'un autre à poussé d'une falaise. Dans l'Autriche antisémite de la fin des années 20, les rouages du système l'accablent et le détruisent sous les yeux de sa famille et du monde entier. Il en sortira, brisé, et se reconstruira en France, puis aux Etats-Unis, pour faire face à une autre guerre à travers l'oeil de son objectif. Ratner nous raconte ça avec un style bien à lui, beaucoup de monologues intérieurs et nous fait sentir la détresse, la brisure de Philip, puis sa reconstruction avec une force incroyable.

Annotation :

Lire Neige, c’est se perdre dans l’esprit sinueux et mystérieux de l’auteur. [...} Sachez juste, si vous avez l’envie de lire ce roman, que c’est un voyage fantasmagorique, qu’il ne faut pas avoir envie de factuel et de sentiment de réel, parce que tout dans Neige semble nous balader à travers un rêve, parfois féerique, parfois dantesque, et qui dans tous les cas ne laisse pas indifférent. C’est une écriture envoûtante, qui donne l’impression d’être dans le coton, et le lecteur ne sait plus si c’est sa lecture qui est confuse ou si son propre esprit lui joue des tours.

Annotation :

Un futur proche existe où vous pourrez génétiquement modifier votre fœtus pour donner à votre enfant un Upgrade, lui filer des gênes de Mamba vert ou bien, qui sait, de loup ? Un futur où les plus forts dévoreront les plus faibles, mais Gunzig nous raconte cette histoire avec un humour jouissif et une prose très cinématographique. Une histoire à la frontière du réel, complètement barrée.

Annotation :

Si comme moi vous avez une petite obsession pour New York, vous aurez peut-être envie de découvrir Triburbia. Karl Taro Greenfield nous raconte l'histoire de six jeunes pères de famille dans le quartier branché de TriBeCa à Manhattan. Tous, ou presque, sont de jeunes artistes paumés, entretenus par leurs femmes, en pleines crise de la quarantaine ou questionnements existentiels, à la fois sur eux-mêmes et sur ce quartier assez particulier de la ville où immeubles abandonnés se sont transformés en résidences de lofts luxueux bien gardés.Un roman à plusieurs voix sur un thème au premier abord assez banal, mais très bien mené par ces discours entremêlés qui façonnent l'histoire, et livrent une critique sévère mais juste de la petite société de TriBeCa.

Annotation :

Un jeune anglais décide de partir travailler à Moscou en 1994. Owen Matthew dépeint la vision d'un occidental vivant dans l'ex-Urss au milieu des années 90. Brutal et violent, le pays a de quoi secouer les habitudes du héros. Malgré un événement important du bouquin malheureusement trop surréaliste (le meurtre dont le personnage principal parle dès la première page), j'ai aimé ce roman sur la descente aux enfers d'une jeune occidental qui se laisse griser par la vie facile et la corruption.

Annotation :

Arvida est un recueil de nouvelles d'un jeune auteur québécois prometteur. Je n'aime pas forcément lire des recueils de nouvelles, le problème étant qu'on est toujours déçu par l'une ou l'autre de celles-ci. Arvida n'échappe pas à la règle, certaines nouvelles - qui tournent toutes ou presque autour de la ville d'Arvida, située au Saguenay - ne sont pas à la hauteur de l'ambition de l'auteur. Mais j'ai vraiment aimé la plupart d'entre elles, certaines sont sombres et entourées de mystères, d'autres brutales et teintées d'humour noir, et certaines encore sont contées avec le langage des habitants du Saguenay et écrites avec la virtuosité de grands auteurs nord-américains. Une très belle découverte en tout cas que l'univers de Samuel Archibald.

Annotation :

Je n'avais jamais lu de Colum McCann, j'avais essayé trop tôt son "Danseur" sur Noureev que je n'ai jamais terminé, j'avais 15 ans. Bref, Transatlantic était une bonne surprise, bien que je n'accroche pas trop au style de l'auteur, des phrase courtes et choc, pas trop mon genre. Mais j'ai aimé l'histoire, cette façon de suivre une dynastie de femme sur deux siècles, toutes marquées par un personnage historique important pour l'histoire des Etats-Unis et surtout de l'Irlande, pays de l'auteur. Pour avoir rencontré Mr McCann, c'est justement un irlandais charmeur et bon vivant, peut-être que ça a un peu influencé mon jugement !

Annotation :

J'adore cette période, la chute des Borgia, l'ascension de Jules II, Michel-Ange et son talent incomparable. Malheureusement il y a trop de moment où je me suis ennuyé dans ce roman. On rentre dans une période de la vie de Michel-Ange, où il va choisir les morceaux de marbre qui serviront à l'execution du tombeau du nouveau pape (une commande qui ne se refuse pas), et à travers cette histoire Léonor de Recondo nous évoque l'esprit torturé de l'artiste, son caractère soupe au lait et ses problèmes identitaires : homosexualité (pitêtre), problèmes de mère non résolus. Bref, belle écriture, poétique, très rapide à lire. Trop peut-être.

Annotation :

Difficile de lire le Tom Drury en entier quand vous attendez d'un roman une intrigue un peu punchy. La fin du vandalisme nous raconte l'histoire sur plusieurs années d'un Comté américain moyen, à travers (de loin) l'histoire d'un shérif et d'une jeune femme qui se tombent dans les bras. Autour d'eux, une soixantaine de personnages gravitent, et leurs rencontres provoquent de superbes dialogues menés par un Tom Drury passé maître dans l'art. Malheureusement pas franchement d'intrigue punchy, passé un certain nombre de pages... gare à l'ennui.

Annotation :

Ce n'est juste pas ma came. J'adore l'écriture de l'auteur, cette façon de se mettre en scène dans le roman, l'autodérision et les apartés à l'éditeur, mais à part ça je n'ai pas accroché à... un roman que je ne saurai pas décrire. Mais pour le coup c'est vraiment une bonne écriture, les précédents écrits de l'auteurs paru dans Le Tigre devraient me plaire.

Annotation :

Je ne suis pas allée au bout pour deux raisons. D'une part l'écriture du roman, j'en attendais plus de la part de l'italien Giordano, et finalement c'est une écriture très page turner, à l'américaine, sans subtilité et sans véritable style, mais très efficace. Première déception. D'une autre part, l'histoire ne m'intéressait pas vraiment. Des romans sur la guerre en Afghanistan ou en Irak, ça pullule ces derniers temps, et j'en ai lu qui dès les premières pages m'apportaient de la qualité littéraire et un intérêt humain bien plus rapidement. Donc j'ai arrêté à la moitié, un peu lassée. On m'a dit que la fin était phénoménale, alors qui sait, peut-être n'aurais-je pas du m'arrêter ? Ca ne m'empêchera pas de dormir, en attendant ça plaira aux amateurs de Full Metal Jacket et de romans de guerre.

Annotation :

Cécile Coulon écrit bien. Je dois bien lui concéder ça. Même si j'ai du mal avec ses phrases courtes qui s'enchaînent trop rapidement. Le rire du grand blessé est peut-être un hommage aux romans d'anticipation comme Farenheit 451 de Bradbury, mais n'est vraiment pas de la même qualité. Le fait est que je n'y ai pas cru une seule seconde. L'idée est bonne : une société où le roman est utilisé comme une thérapie, donné à la société comme une drogue qui les pousse à consommer une certaine forme de littérature contrôlée par le gouvernement. Les lectures publiques sont aussi épiques que des combats de gladiateurs, surveillées par une garde nationale analphabète. Mouais, en fait même raconté comme ça... je ne suis pas convaincue.

Annotation :

Une oeuvre totalement inégale, injustement comparée à Murakami. Personnellement, je n'ai pas franchement compris le rapprochement à part le Japon. La narration en deux temps ralentie le rythme, et l'une d'entre elles, celle de "l'auteur", est ennuyeuse et plombe la lecture. On apprend néanmoins certaines choses très intéressantes sur le Japon, mais il faut s'armer de patience pour avoir accès aux bons romans du livre, trop peu nombreux pour valoir le coup.

Annotation :

C'est irritant, c'est assez grotesque, et malgré une très bonne idée et un message important, on y croit pas une seule seconde... je n'y crois en tout cas. Et là c'est la déception.
Donc non, malgré sa prose travaillée, les Renards Pâles est pour moi un flop retentissant.

Annotation :

Que dire, le roman m'est tombé des mains au bout de vingt pages écrit en police 48 avec des marges de 4cm de long en haut et en bas. Déception, aucune envie de continuer, mais alors vraiment aucune. On se demande pourquoi La Confrérie des moines volants n'a pas été édité chez Actes Sud comme son précédent roman et best-seller Le Turquetto. Ben moi je sais.