Du cul sans grande saveur

Le scénario est assez simple: la jeune et très naïve Anastasia Steele rencontre le beau milliardaire Christian Grey, de qui elle tombe amoureuse dès le premier regard. Ce dernier va la séduire par la suite et lui révéler certaines de ses parts d'ombre, qui en encourageraient plus d'une à prendre la fuite. Révéler...peut-on le dire vraiment? le mystère entoure cet homme et ses étranges lubies en ce qui concerne le sexe. Les ébats des deux tourtereaux devront avoir lieu dans une pièce réservée à cela, une sorte de chambre de la torture, où il s'agit de manier le fouet ou la chicotte avec élégance pour l'homme, devenu "dominant". Aussi étrange que cela puisse paraître, ce livre à la réputation sulfureuse ne m'a pas vraiment choquée. Non. Il m'a plutôt agacée. Les personnages sont tellement cliché qu'ils en manquent d'épaisseur, ne deviennent que de froides icônes d'une sexualité désincarnée dont il s'agit en réalité de faire l'éloge. La première scène de sexe entre les deux m'a cependant donné l'illusion d'un frisson. J'ai même pris un plaisir coupable à la lecture. Mais j'ai été vite refroidie par l'écriture répétitive, les détails sans intérêt, le côté cul cul et même relativement neuneu de l’héroïne qui s'extasie sur tout et n'importe quoi, la faiblesse d'un scénario basé uniquement sur la réunion entre ces deux êtres Seule chose un peu troublante, la propension à se laisser aller et à se laisser soumettre du personnage principal. Le fait que ce soit elle qui raconte l'histoire n'y est pas pour rien dans cette étrange impression que l'on a au bout du compte. La tension du livre réside peut être dans cette question: "jusqu'où ira-t-elle"?; plus en tout cas que dans l'histoire d'amour qui est ici en jeu. La fin du livre laisse d'ailleurs présager des difficultés dans leur couple, là aussi intéressantes, sur les limites de leur relation, ou plutôt de la relation que l'homme voudrait leur imposer. Une affaire à suivre, donc, mais sans grande passion pour ma part.