Critique garantie NSFW, et prolongée.

Oh boy. Quand même, y a un souci au niveau de l’égalité des sexes dont il FAUT parler, aujourd'hui : si ces messieurs n’ont pas le droit de lire Playboy en public, ces dames ne devraient pas avoir le droit de lire ce genre de torchons. Fanfiction.net (où, je le rappelle, on peut trouver de petits bijoux) est là pour ça ! Sur votre ordinateur ou tablette. Chez vous. Sous vos draps. Où vous voulez, je m’en fous. Mais pas dans le métro !

Bref. Cinquante nuances de Grey… putain, rien que dire ça, ça me donne envie de rire et de gerber en même temps. Mais surtout de rire, en fait. Tant mieux.

Alors oui, c'est du porno, en ce sens que le scénario quasi inexistant ne sert qu'à mener à des scènes de sexe. Incroyablement nulles, au passage (et pas hardcore pour deux sous comme on le prétend). On pourrait penser qu'au moins, l'auteure soignerait un tantinet les scènes *essentielles* de son bouquin. Mais elles sont incroyablement chiantes (et inutiles de le préciser, pas réalistes pour deux sous). Elles sont tout juste sauvées par les commentaires soit disant sexy de M. Grey, et les réflexions de cette conne d’Ana, aussi excitée que je suis écroulée de rire.

Parmi les expressions collector, je note le sempiternel « bébé » (tu avais raison @San, c’est hyper poilant !), le « brushing post-coïtal » et le perpétuel mordillage de lèvres.

Un mot sur les personnages.

Anastasia révèle dès les premières pages la digne héritière de Bella Swan en matière de gourderie. Elle commence quand même son palmarès en se lançant dans une interview préparée par sa meilleure amie 1) sans se renseigner sur le type qu’elle doit interviewer (use the Internet, bitch!), 2) sans lire les questions préparées par sa pote. Elle aime la littérature, mais on s’en fout, parce que le sexe va vite devenir son centre d’intérêt premier.

Et évidemment, vu que c'est un livre porno pour nanas, elle est pucelle, donc forcément une petite fleur coincée, même si ça dure pas, Grey se débarrasse de cette inconvenance rapidement pour la métamorphoser en grosse obsédée. D’ailleurs pourquoi toutes les pucelles dans la fiction tombent systématiquement dans la catégorie effarouchée, genre, qui rougissent dès qu’on leur effleure l’épaule ?

Pour résumer notre héroïne est une grosse conne coincée, une donneuse de leçons, une hypocrite absolue (je veux qu’il m’aime mais oh j’aime quand il me donne la fessée JE VAIS LUI FAIRE VOIR LA LUMIÈRE), moche-mais-en-fait-non, bref un personnage féminin self-insert typique de très mauvaise chick flick que son auteur adore et que toi, tu détestes.

Je garde un souvenir ému du passage où elle s’auto-congratule d’aller dîner sans culotte. J’ai beaucoup, beaucoup ri.

Mais que serait un mauvais livre pour nanas sans un love interest « Who's your daddy » insipide dont le principal trait de caractère est d'être canon, ce qui excuse son comportement de connard absolu tout le long du livre ? Nan, nan, je suis pas honnête là. En fait Christian Gray est le seul élément du bouquin qui m’a sincèrement fait crever de rire. C’est comme si l’auteure était tellement persuadée que son personnage est sexy que tout ce qui sort de sa bouche va faire mouiller ses lectrices. Perdu.

C'est d’ailleurs quand même assez incroyable de constater que ce type est censé être l'anti-Edward (parce qu'il FAIT L'AMOUR ouuuh le p’tit coquin ;D), et que les deux soient aussi similaires (et chiants) dans leur rôle en tant que personnages : canons, donc on leur pardonne d’être manipulateurs, chiants et stalkers.

Maintenant d'un point de vue strictement qualité d'écriture, fond et forme. Rien à dire sur le style... de surprenant, du moins. Il est à chier : il pue la fanfiction (oui, je sais que c'est tiré d'une fanfiction de Twilight), le self-insert, le point de vue à la première personne suffit d'achever toute once de plaisir susceptible d'émoustiller le lecteur. Quant au contenu, il viole allègrement la règle d'or « Show, don't tell ». Exemple : Anastasia est étudiante de littérature, un rat de bibliothèque. Ok, on nous le dit, mais comment le voit-on ? Elle lit JAMAIS ! Pareil, Ana, arrête de me dire que Grey est sexy. Si EL James écrivait bien, y aurait pas besoin de le dire, je le saurais toute seule. Si ton but c’est de m’émoustiller (et ça a l’air d’être le but de la manœuvre), écris des trucs qui émoustillent, pas que ce connard est sexy ! Retravaille ses répliques plutôt, parce qu’y a du boulot, cocotte !

Bref, plus divertissant que Twilight dans sa chiantise, quand même, faut… attendez une minute…
http://www.actualitte.com/international/la-lecture-de-fifty-shades-of-grey-peut-conduire-au-divorce-38115.htm
HAHAHAHAHAHA OH MON DIEU.
Bon, euh… nan mais HAHAHAHAHAHA.

***TL;DR*** : Une histoire d'amour (voire même juste de cul), c'est chouette quand c'est bien écrit. Ça veut dire se rappeler la règle d'or « Show, don't tell », donc qu'il faut créer des persos intéressants avec une alchimie, de vrais traits de personnalité, une ambiance qui colle et un scénario. Et ne pas compter que sur les scènes de sexe (en particulier quand elles sont aussi mauvaises) pour sauver le bateau du naufrage. Mais quand même, j’ai bien rigolé.
Karrie
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le 14 nov. 2012

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Karrie

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