Une biographie de rock stars, c'est encore mieux quand c'est bien écrit. Ici on est à mi-chemin du roman de société car le sujet du livre, c'est la tournée américaine des Stones à l'été 70, mais à travers le phénomène des Stones, c'est aussi une photographie de l'évolution de la société occidentale pendant les années 60. Parce que Booth, qui connaissait déjà les Stones avant la tournée, les a tous rencontrés avant et après et est resté l'un de leurs biographes récurrents. Il alterne donc le journal de la tournée avec l'histoire du groupe, la genèse, les concerts, l'hystérie dangereuse des fans...il s'interroge souvent sur la capacité du groupe à survivre à la mort de Brian Jones.

Dès le début, on sait que le dernier concert de la tournée, c'est Altamont. Un genre de Woodstock de la côte ouest (organisé par le même gars) qui a dégénéré à cause des Hell's Angels, chargés du service d'ordre qui ont tué un spectateur (et en ont molesté un grand nombre).

Altamont est le point culminant du roman, l'auteur y consacre deux chapitres qui alternent avec deux chapitres sur la mort de Brian Jones. Peut-être parce que ce concert s'est si mal passé qu'il aurait pu sonner le glas du groupe, tout comme la mort de son créateur. Contrairement à ce que dit Keith Richards dans sa biographie, les Stones, s'ils ne savaient pas exactement ce qu'il se passait, voyaient bien que les Angels étaient incontrôlables et plus dangereux que le public. Mick Jagger essaye à plusieurs reprises de calmer le public et Keith menace de quitter la scène si les Angels n'arrêtent pas de frapper les gens. Et Booth d'ajouter qu'il ne sait pas si les Angels ne vont pas finir par massacrer tout le monde, groupe compris...

Ce qui fait la force du livre, c'est aussi la chronique des années précédant la tournée, avec cette libération des moeurs à laquelle les groupes de rock anglais ont contribué. Les scènes d'hystérie pendant et après les concerts, les horde de groupies qui poursuivent le groupe, arrachent chemise, cheveux, phares de voitures. Le harcèlement de la police (avec en point d'orgue le burlesque procès de Brian Jones pour possession de cannabis après la découverte d'une demie barrette de shit dans son appartement). La concurrence avec les Beatles, les premiers concerts américains, la rock star attitude, l'amour de la musique...

Ce qui fait la force de ce livre c'est enfin son écriture. On n'a pas affaire à une énième bio de rockstar mais à un vrai récit journalistique, un morceau de littérature américaine.
rivax
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le 30 déc. 2012

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