Guerre et Paix
8.2
Guerre et Paix

livre de Léon Tolstoï (1867)

Natacha sera malheureuse. Elle ne sait pas quel homme aimer.

Je n'ai fini qu'un premier tiers, enfin, je pense, j'en suis au mariage raté de Natasha Rostov avec André Belkonski, mais j'ai envie de faire un petit point parce que vu la vitesse à laquelle je le lis ce sera vite oublié. Ça doit faire huit mois que je l'ai commencé, je comprends pas pourquoi des fois j'y passe la soirée, j'ai lu quoi, 30 pages ? Et comme il ne se passe pas grand chose... c'est difficile. Enfin au bout de 500 pages j'ai enfin à peu près saisi qui était qui. Et les trois personnages principaux issus des trois familles principales ont des traits dominants, le problème c'est que 500 pages pour le faire apparaitre, c'est un peu long. Quand j'ai fermé le livre, j'ai versé une larme. Ce n'est pas le bonheur d'avoir fini le premier tome, c'est que les personnages sont magnifiques quand on sait qui est qui, quand Tolstoï a enfin fait son choix et a décidé sur qui il allait se focaliser. Mais en attendant, c'est dur.
L'intrigue alterne entre fêtes, soirées mondaines, bals, en temps de paix, et batailles et vie de caserne en temps de guerre. Etrangement le plus intéressant n'est pas forcément la guerre, les personnages sont un peu perdus au milieu des conflits et certains ont le temps de se poser beaucoup de questions. Ce n'est pas comme chez Victor Hugo, personne ne nous dit comment évolue la bataille, il faut le comprendre à partir de ce que les personnages voient et entendent. Et même quand l'armée russe se replie les commandants ne parlent pas de défaite, alors n'étant pas suffisamment versé dans les campagnes napoléoniennes, la plupart du temps je ne sais pas si c'est une victoire ou une défaite.
A cet égard il y a un passage savoureux, quand un personnage lit la lettre d'un ami racontant une défaite de l'armée russe où la seule chose qu'elle voulait était la peau d'un de ses généraux. L'armée française n'apparait même pas. En fait les russes, bien qu'on nous rappelle tout le temps que ce sont des meilleurs combattants que les européens car plus endurants et plus courageux, passent leur temps à fuir, étant inférieurs en nombre, mal ravitaillés et mal commandés, leurs nombreux généraux se disputent ou tombent malade et quand il y en a un qui arrive à les faire attaquer, c'est la boucherie. En plus, Napoléon est plus malin, et son armée lui obéit.


Je ne saurais dire si parmi les personnages importants il y en a beaucoup qui meurent au combat, comme dans Game of Thrones. Je dirais "non", mais je n'ai pas retenu beaucoup de noms. Parler des intrigues loin du front va s'avérer compliqué, les choses se résument à qui va épouser qui, qui aime qui, et comme j'ai l'impression qu'ils s'appellent tous Boris, André et Nicolas... Ils font des fêtes. Ils dansent. Ils discutent. Ils boivent.
Enfin, j'ai compris que Natacha va être malheureuse. Ça c'est sûr.


La suite dans 8 mois ?




5 mois plus tard.


J'ai enfin fini le livre. Le tome 2 est beaucoup plus intéressant. On s'attache beaucoup plus aux quelques personnages, oui, là vraiment je voyais qui était qui. Comme il a été signalé ici, la place accordée aux personnages féminins diminue drastiquement, même si le personnage de Maria prend de l'ampleur (la moitié des rôles féminins). Un truc qui m'a énervé, c'est que 90% du temps les nobles russes sont courageux, intelligents, respectent les dames. Alors que les paysans ne vivent que pour voler leur argent, ils sont sales, fourbes, arrogants. Ça fait un peu Tintin chez les bouseux.
Ça m'a fait penser à ma prof de russe. Elle ce qu'elle aime dans une chanson russe, ce n'est pas le rythme, ça, non. La portée philosophique des paroles, non plus, la plupart du temps c'est une histoire d'amour à deux roubles. C'est quand c'est pittoresque. Pittoresque. Elle le répète tout le temps. Chez Tolstoï c'est pareil, il faut que ce soit pittoresque. Je sais pas si il en est conscient de ça. A mon avis il a écrit ça parce que ses petits enfants lui réclamaient une histoire, et parce qu'il en avait marre d'entendre les historiens raconter, n'importe quoi sur Napoléon et la campagne de Russie. Ah, qu'est-ce qu'il est bête et ridicule, Napoléon. Un opportuniste, c'est tout. On a compris papy, c'est bon. Y a une disserte de philo pas inintéressante sur ce qu'est le libre-arbitre à la fin, les déterminismes, mais elle dure des plombes. Quand après il se lance dans une réflexion sur les spécificités de la littérature russe par rapport aux autres littératures, alors que son histoire est finie depuis au moins 40 pages, QUARANTE PAGES !!! j'ai craqué. Il devait me rester 4 pages, mais c'en était trop. Fermé le bouquin.


J'ai lu le Trône de Fer après. Ça fait un effet étrange. Tolstoï, chaque mot est compacté dans la phrase, chaque phrase découle de la précédente et entraîne la suivante. Comme une démonstration scientifique. En lisant le Trône de Fer, j'avais toujours l'impression d'être sur une pente, de glisser, je voulais arrêter les mots, m'y accrocher, mais pas moyen, tout glissait trop vite. A un point que j'en regrettais papy Tolstoï.


Je ne conseille donc la lecture de ce livre qu'à ceux et celles qui lisent très vite, qui ont du temps et qui veulent le compte-rendu russe de la campagne de Russie. Et qui n'ont pas de crèmes au caramel dans le four en train de brûler, ce qui est mon cas.

VincentJ
5
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le 1 sept. 2015

Critique lue 3.5K fois

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VincentJ

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