Le début m’avait semblé très prometteur avec ce meurtre dans des conditions sordides et surtout la personnalité d’Hugo qui émerge très facilement dans ces premières pages. Hugo a voulu jouer au plus fin, mais il a été pris à son propre piège, avec un meurtre mené de main de maître. Ce prologue annonçait une suite très forte mais j’ai vite déchanté. Ce n’est pas assez psychologique au niveau de la tension des personnages, de l’enquête. Suite au meurtre d’Hugo dans les conditions effectuées, on imagine très vite et très bien à quel genre de personnage on a fait affaire.

Même si Laura explique dans ses lettres tout ce qui peut se passer entre elle et son mari, ça a duré quand même 10 ans, cette tension que l’on souhaite n’existe pas. Est-ce dû aux termes employés, à la traduction – dont je trouve les phrases mal tournées -, aux phrases superficielles des personnages ? Je ne sais pas. On dirait un roman pour adolescent et non pour un amateur de thrillers. C’est tout de même bien dommage. Car avec ce qui lui arrive, le lecteur aurait pu être transporté dans un univers beaucoup plus noir avec cet homme qui torture psychologiquement toutes ses victimes et elles sont nombreuses. C’est insidieux quand même cette torture. Alors même si Laura a voulu lui donner toutes ses chances – elle semble un peu niaise au départ, trop amoureuse, heureuse également du confort procuré par l’argent car elle pensait qu’il faisait tout pour elle et surtout parce qu’elle aimait sa fille, elle a mis du temps, comme toujours avec les victimes, pour connaître à qui elle avait affaire. Et le drame de l’auteur c’est de ne pas avoir su nous donner l’atmosphère propice, au gré des révélations faites dans les lettres, et surtout lorsque Laura a découvert la vraie nature d’Hugo, qu’elle a été enfermée. Mais il ne fallait pas en dire trop pour que le suspense dure un tant soit peu, surtout que Tom et Laura semblent avoir beaucoup d’affinités. Ils ont de la compassion l’un pour l’autre. Car Tom s’est également confié sur ses problèmes personnels. On pourrait dire qu’ils sont devenus amis lors de cette enquête. Je trouve quand même que c’est un peu tiré par les cheveux qu’il ne reste pas suffisamment en retrait, voulant changer l’approche policière que l’on peut retrouver dans les romans. En tous les cas, la police avec ses personnages est assez perspicace et chacun a sa propre approche.

Malgré le drame vécu par Laura et surtout cette vision d’horreur que nous apprenons à la fin, elle ne veut pas trop en dire. Comme toutes les victimes de sévices psychologiques, elle se sent coupable de ne pas avoir réussi à sauver toutes ces femmes., elle éprouve de la honte. Mais, assez, vite, elle est libérée, retrouvant un peu la santé. Et surtout, une seule personne la maintient en vie. Avec cette libération, elle va se retrouver, être qui elle est vraiment et contourner la manipulation encore exercée par Hugo même mort.

J’avais des doutes concernant le coupable. Mais, même si ce coupable doit être condamnée, on ne peut absolument pas lui reprocher ce crime pratiquement parfait. Je dis pratiquement car la police n’a pratiquement pas d’indices, se focalisant plutôt sur l’amie de Laura, même si les preuves ne sont pas forcément tangibles.

Le roman oscille donc entre le présent (l’enquête), le passé (les lettres avec les révélations de Laura) et des passages en italique. Ceux-là nous font nous interroger. Qui est cette personne qui semble enfermée ? Les détails sont révélés au fur et à mesure car la prisonnière se dévoile.

On va tout de même laisser du temps à l’auteur puisque c’était son premier roman. En espérant que les suivants, déjà deux publiés, sont beaucoup plus intenses, niveau thriller.
Angélita
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le 29 nov. 2014

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