Je ne le nie pas : seule ma passion pour le cinéma m’a attiré vers ce livre, que je ne connaissais pas au-delà du fait que le personnage est script-doctor et que l’histoire tournait autour d’un film à massacrer. Vraiment ? Non bien sûr, l’aspect cinématographique ne servant que de décor puis de ressort dramatique à une histoire relativement touchante d’un salaud qui se plante en voulant devenir un bienfaiteur. J’ai beaucoup apprécié le personnage de Saul Karoo, être méprisable mais pas trop, stéréotype de l’artiste aigri mais qui ne sombre jamais dans la caricature en contrastant ses actes et ses pensées. Pour le reste, bof : le style de Steve Tesich est assez banal en soi (comprendre : ça ne m’a pas excité de le lire) même si quelques intentions humoristiques sont louables, l’histoire relève de la tragédie antique sans grande innovation (un triangle père-fils-mère plein de secrets) et l’histoire est longue, longue, trop longue. Tesich a toutefois la décence de ne jamais prendre le lecteur par la main tout de suite, le laissant cogiter un peu avant de donner les réponses aux interrogations (même si, honnêtement, les twists sont très prévisibles). Karoo est un livre qui me frustre car il veut trop aborder en même temps (le cinéma, la paternité, les relations humaines, la solitude) et reste finalement très souvent en surface. Dommage.