L'Étranger par Gourgandine
Je n'apprécie pas vraiment le style de Camus. Ca, c'est dit, c'est personnel. Je suis consciente que ce "détachement" est voulu et sert tout à fait les ambitions du bouquin, mais même au delà du détachement et de cette sorte de non-implication, l'écriture à la fois simpliste et étudiée m'a légèrement rebutée.
Légèrement, ça ne m'a pas empêchée de le lire d'une traite. C'est remuant. Camus ne nous ménage pas, surtout à partir du procès. On se retrouve en total désaccord avec soi-même et ses principes. On est amené à penser tout et son contraire, le narrateur, le héros, vient lui-même à penser tout et son contraire à son propre sujet. On est malmené, tiré dans tous les sens. On est perdu, comme cet homme est perdu. Perdu aux yeux de la société, mais perdu lui-même et pour toujours depuis longtemps. Une perte totale d'humanité que cette société incompréhensible cause depuis toujours, et avec toujours plus de force. Une perte d'espoir.
Au delà, une réflexion sur la conscience morale humaine : le monde, l'espèce humaine, la conscience, la morale, sont enfermés dans des carcans ridicules. Car rien n'est noir, rien n'est blanc. Tout est brun comme la peau de Meursault et de Marie, brûlant au soleil d'un désir sans amour (l'amour est mort ?), basané comme celle de l'arabe tué.