Amis lecteurs, je viens vers vous chamboulé. Je viens de finir cette œuvre et je n'arrive pas a me remettre de mes émotions. J'ai besoin d’écrire une critique. D’extérioriser cette expérience.


Quelle claque. Il est difficile de trouver les mots pour décrire une telle émotion. Je suis un grand lecteur de science-fiction et de fantasy comme chacun le sait, et il m'est déjà arrivé d’être transporté par un livre. Mais la Horde du contrevent vient d'amener une nouvelle tournure à ma vision de la littérature. Écrit d'une main de maitre, ce livre est d'une complexité pouvant en effrayer plus d'un. Ce récit - très philosophique- raconté de points de vues si différents, est difficile à suivre. Mais on se laisse emporté, rapidement. On se laisse envahir par l’émotion.


L'histoire de base est pourtant simple. Une Horde, formée de vingt-trois individus, tous ayant leur spécialité (cueilleuse, feuleuse, aéromaitre, fauconnier, scribe, ...), contrent le vent permanent de ce monde afin d'en découvrir son origine. Pour cela, ils dédient leur vie, en partant de l'Extrême-Aval, afin d'atteindre l'extrême-Amont. A pied. Car leur quête est légendaire, et le seul moyen d'atteindre l'extrême-Amont, c'est de découvrir les neuf formes du vent, sans quoi ils n'auront pas l'expérience suffisante pour survivre aux épreuves à venir.


Ils ont tous leurs propres personnalités, leurs propres forces mais surtout leurs propres faiblesses. Nous les suivons tout du long et nous avons le plaisir de les voir évoluer, d'en apprendre plus sur eux, de vraiment faire partie de cette Horde. Car c'est ça la puissance de ce livre, au même titre qu'un livre-dont-vous-serez-le-héros, vous voici le 24ieme membre de la Horde et vous ne pourrez y réchapper. Ce qu'ils vivront, vous le vivrez avec eux, jusqu'au bout.


D'une qualité littéraire impressionnante, l’écriture d'Alain Damasio est menée d'une main de maitre. Il prend des risques mais sait exactement ce qu'il fait et où il va. Certains passages sont tellement épiques que vous aurez envie de les relire, une ou plusieurs fois. Moi-même après avoir fini le livre, j'ai déjà envie de m'y replonger -une première dans mon histoire de lecteur.


Le livre n'est tout de même pas exempt de tout défaut : il est n'est que très peu accessible, par une complexité à tous niveaux :
- Les changements de point de vue -qui évoluent entre les membres de la horde, ce qui fait donc vingt-trois narrations et styles différents- sont difficiles a suivre, mais on s'y habitue,
- Le champ lexical du vent est d'une richesse incroyable et d'une profondeur impressionnante, quitte à vous perdre dedans, mais on s'y habitue,
- L’écriture de Damasio est riche, complexe et parfois lourde, mais on s'y habitue,
- Certaines longueurs dans le récit sont parfois un peu dures à surpasser et avaler, mais on s'y habitue.


On s'y habitue car Alain Damasio est un auteur d'une qualité incroyable, qui sait nous muer et remuer, nous tordre et nous mordre, nous lâcher et relâcher, mais qui sait plus que tout nous retenir et nous soutenir, pour mieux nous aider à nous immerger... Et à force d'habitude, on forge son chemin, on accompagne notre Horde à contre-vent. L’expérience du lecteur est la même expérience que peut vivre la Horde à laquelle on s'attache tant tout au long du récit, nous sommes, physiquement et psychologiquement, avec eux. On contre avec eux. On subit la puissance fulgurante du furvent avec eux, leurs joies et leurs chagrins. Jamais je n'ai été aussi immergé dans une histoire, jamais je n'ai été aussi proche de personnages fictifs. C'est une maitrise de l'art littéraire qui est fulgurante. J'ai pris une rafale de furvent en pleine face, et en plein cœur. Mes émotions sont encore liées à ces personnages et je peine à m'en remettre. Ce fut une expérience bouleversante et extraordinaire.


Je tiens tout de même a vous prévenir, ce livre n'est pas très accessible, il faut être prêt. Ça passe où ça casse. Amis lecteurs d'un jour, je ne peux que vous conseiller, plus fort que jamais, de tenter votre chance sur ce livre, qui m'a tant chamboule.


Pour moi en tout cas, il est certain qu'il y a un avant Damasio et un apres Damasio -chapeau l'artiste.

Boon
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le 17 nov. 2015

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