Pas mal, mais pas le mille : un premier roman en demi-teinte
Du bon et du moins bon dans ce premier roman d'Alain Damasio. Très bonne science-fiction politique, construite en huis clos sur une colonie terrienne implantée sur un satellite de Saturne.
La société dépeinte, pas si éloignée de la nôtre, fait un peu frémir, et certains points développés par Damasio sont très bien vus, voire, pour certains, prémonitoires.
Le roman est bâti comme une œuvre (ré)voltée, un appel vibrant à la (ré)volution anarchique contre le carcan de la société. On trouve déjà des thèmes qui seront présents dans La horde du Contrevent : le vif, Nietzsche, l'importance de la vitalité chez l'homme par exemple. Côté écriture, c'est du Damasio (déjà) : langue modelée, gentiment maltraitée et toujours cette exubérance qui fait que, quelque soit l'impression finale du livre, on se dit : "c'est bien écrit".
Alors oui, c'est bien écrit, mais... Car on l'aura compris, il y a un mais. Le récit est parfois longuet, et personnellement, j'ai alterné les moments de dévorage pour "savoir" et ceux, tout aussi nombreux (et c'est là où le bât blesse), de désintérêt total, au point de ne pas toucher au bouquin pendant plusieurs jours !
Deuxième reproche : le prosélytisme affiché du livre m'a gonflé. Violemment. Le message martelé à longueur de pages : "Nietzsche, c'est trop un génie ! Waow ça troue le cul !" ; "le confort c'est caca, ça éloigne de la révolte" ; "l'homme vivait pleinement quand il avait une espérance de vie de 45 balais"... et j'en passe ! C'est gavant à la longue. Celui qui ne comprend pas que Damasio est fan de Nietzsche en lisant ce livre a dû louper des pages...
Bref, j'aime pas le prosélytisme, même d'extrême gauche.
Au final, un bon roman de science-fiction politique, clairement utopique, mais qui, à mon goût, aurait gagné à être moins bêtement revendicatif. C'est du "rentre-dedans" et du coup, ça perd en impact (paradoxalement).
Je trouve qu'à trop vouloir bousculer son lecteur, Damasio le prive de la réflexion sur la société que son texte aurait pu enclencher et y substitue un sentiment mi-goguenard, mi-agacé tant par moments il énonce des énormités.