Souffrance, providence, vengeance, Voilà les trois mots qui pourraient définir à eux seul cet immense pavé de 1500 pages qu'Alexandre Dumas a terminé d'écrire un beau jour de 1844.

Je ne vais pas m'ennuyer à raconter l'intrigue, tout le monde la connaît plus ou moins. Edmond Dantès dix neuf ans à l'aube d'une vie heureuse se retrouve enfermé sans se voir donner aucune explication au château d'if et lorsqu'il parvient finalement à s'en échapper jure de se venger par tous les moyens de ceux qui l'ont envoyé croupir là bas.

Ce pitch aux allures simpliste n'est bien sûr que l'ossature autour duquel va s'articuler ce qui a fait de ce roman une œuvre littéraire de premier ordre. C'est à dire en premier lieu une belle vision romancée de la France et du paris du XIXème et bien sur du mythique personnage qu'est le comte de Monte cristo.

Décrit comme un homme d'une élégance rare, qui rive sur lui tous les esprits par sa simple présence. Irréellement jeune au point d'en avoir l'air vampirique, il est surtout mue par une volonté implacable qu'il met en exergue avec une intelligence rare. Car ce livre à le bon goût de décrire avec une infinité de précaution comment chaque nœud s'enroule lentement,imperceptiblement et inextricablement autour des victimes du comte jusqu'à des dénouements digne des plus grands drames ou les malheureux reçoivent leur « justes » châtiment devant un Monte Cristo exultant qui tombe le masque.

La narration de l'évolution du personnage est d'ailleurs très soignée, d'Edmond Dantès jeune et naïf qui ne voit que le bien en toutes choses et dont les pensées sont fidèlement retranscrites, l'on arrive peu à peu au comte dont les pensées nous sont rarement retranscrites et que l'on se doit deviner au grès des diverses description physique qui nous sont soumises, ce qui nous relègue nous lecteur au rang des simples badaud qu'il domine si aisément. Mais si rares qu'ils soient, le livre nous offre néanmoins de grands passage d'introspection et de crise, passages aussi sublimes qu'ils sont rares ou le comte vengeur quasi angélique redevient un simple mortel perdu au milieu de ses semblables.

Dumas semble d'ailleurs prendre un malin plaisir à nous rejouer des tragédies grecques et shakespiriennes tout au long de son livre, que ce soit les multiples références à la providence ou les dates qui concordent toujours jour pour jour à de grands événements passé, en passant par des intrigues secondaires digne d'un roméo et juliette ou d'un macbeth.

Le portrait dressé de la haute société parisienne n'a d'ailleurs rien de reluisant. L'on y voit traîner tout un tas de nobles oisifs qui jouissant de leurs rentes ont pour seul plaisir de venir s'épier les uns les autres, et de vivre au gré de la rumeur populaire ou bien encore de ragots digne de la plus roturière des ménagères.

Au milieu de tout ce petit monde le comte fait bien sur figure d'exception, toujours sûr de lui toujours raffiné, savant en tout domaine, épéiste hors pair et tireur d'exception il se place incontestablement en homme qui pose sa supériorité en vertu et qui secrètement porte sa vengeance comme un sacerdoce.

Néanmoins le livre possède un certain nombres de personnages digne d'intérêt autre que lui.

En premier lieu on pourra citer le procureur Villefort, presque aussi hautain et secret que le comte, travailleur infatigable se voyant comme une incarnation de la justice et pourfendant avec zèle presque avec jouissance les criminel pour noyer ses propres doutes et remords que le comte habile chirurgien extirpera au grand jour.

Mercédès fait aussi figure de grand personnage, tragique et fière comme savent l'être les espagnols, elle acceptera avec une grande dignité la ruine de toute son existence et sera la première personne à rappeler au comte qu'il n'est qu'un homme et que la vie pour lui comme pour elle ne s'est pas arrêté ce fameux jour de 1815 ou son existence à basculé.

Le comte de Monte cristo nous compte donc une histoire quasi biblique ou Edmond Dantès mort dans les cachots humides du château d'if ressuscité en ange pourfendeur, envoyé de la providence pour expurger le mal. Mais ou celui ci prenant conscience dans un dernier soubresaut de sa conscience que sa vengeance allait le péricliter à jamais dans le malheur finit par pardonner et redevient humain. Et échappent à l'hubris par le pardon retrouve ainsi la simplicité du bonheur qui lui avait échappé 23 ans auparavant.
Brume_Ondeblois
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le 20 janv. 2014

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