Alors que s'achève le XIX°s, Dorian Gray, jeune dandy, initie sa jeunesse au grand monde londonien, en posant pour Basil Hallward, peintre novateur et passionné, qui se prend d'une fascination sans limites pour son modèle, dans lequel il croit voir toute la pureté et l'innocence, disparues de son siècle et de sa société.A l'inverse, son ami Lord Henry se plaît à faire découvrir au jeune homme toute l'ironie du monde superficiel qu'ils habitent, et l'art subtil de la manipulation psychologique.Réussissant à percer les rouages des mondanités au-delà de toutes les espérances de Lord Henry, Dorian Gray évolue comme un éternel enfant gâté, et pour cause, le portait réalisé par Hallward vieillit et accuse les rictus mesquins du pêché et de l'âge, alors que Dorian Gray demeure paré de tous les attributs de la jeunesse et de l'innocence que le peintre avait tant souhaité qu'il incarne.
Le "Portrait de Dorian Gray" est finalement une double histoire: celle d'un homme qui croit tant que la pureté et l'innocence existe encore, et celle d'un homme qui comprend que l'époque n'est plus à ses considérations mais à l'individualisme et à la survie.Leurs fins, en tout points proches et dramatiques, est la marque de leurs respectifs échecs, mais aussi la mise en scène d'une certaine impasse. Existe-t-il toujours une perspectives entre ces deux écueils? La seule possible finalement, réside dans l'observation cynique, la résignation acide que témoigne Lord Henry, spectateur nihiliste d'un monde en ruine. Et finalement quoi de moins étonnant, lorsque l'on sait dans quelle impasse, dans quelle prison, Oscar Wilde termine lui-même?
Dans un roman fantastique, lucide, Oscar Wilde nous présente ce qui est la schizophrénie d'une société entière, avant d' être celle d'un homme.
madamedub
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le 22 juil. 2011

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