Avouons-le franchement, d’habitude, je ne suis pas vraiment fan des prix Goncourt qui m’ont souvent déçue (Trois femmes puissantes, Un Roman français, …). Je leur préfère de loin leur petit frère, le Goncourt des Lycéens, qui m’a déjà valu quelques coups de cœur (Le Club des incorrigibles optimistes, Le Rapport Brodeck, …).

Cette fois, pourtant, une amie exilée à Montréal, où elle joue les libraires (veinarde !), m’a conseillé de le lire, me précisant qu’elle courait derrière ses clients depuis plusieurs semaines pour le leur faire acheter ! Il n’en fallait pas beaucoup plus pour me laisser convaincre (je suis terriblement influençable en matière de littérature, d’autant plus, quand les conseils viennent de mes amies romanistes qui ont de très bons goûts, il faut bien le dire).

J’ai été assez surprise par ce roman, surtout par son dénouement, plutôt brutal (bon, j’avais bien compris qu’on était dans une tragédie et que ça ne se terminerait pas bien, mais là…). J’ai également éprouvé beaucoup de difficultés à rentrer dans l’histoire et à comprendre, au début de certains chapitres, à quel personnage l’auteur faisait référence. Mais cette difficulté peut être en partie imputée au fait que j’ai été contrainte de hacher ma lecture, trajets en métro obligent. Certains événements, je pense notamment à tout ce qui tourne autour des amours d'Aurélie, n’ont pas réellement de liens directs avec l’histoire principale et avaient tendance à me faire perdre le fil de l’intrigue. Les chapitres concernant la jeunesse de Marcel sont plus pertinents car ils témoignent d’une certaine continuité dans le déclin de ce monde et surtout, de la lucidité de Marcel face à cet événement inéluctable.

Les personnages principaux (Mathieu, Libero, Marcel) sont attachants, bien qu’assez bourrus et souvent vulgaires. Par contre, il ne faut pas être trop féministe pour apprécier ce bouquin car la vision de la relation homme/femme des protagonistes est assez primaire.

Plus que l’histoire de ce café corse, c’est la langue de Jérôme Ferrari qui m’a séduite dans ce roman. Rares sont, aujourd’hui, les auteurs qui parviennent à témoigner d’une telle maîtrise de la langue, d’une telle poésie, sans tomber dans un travers verbeux qui les rend illisibles.

Au final, ce roman m’a bien plu sans devenir pour autant mon nouveau coup de cœur de l’année. Il dépasse de loin les derniers Goncourt, c’est certain, mais d’autres auraient mérité ce prix tout autant (je pense à Lame de fond de Linda Lê qui était très touchant et tout aussi bien écrit). Néanmoins, j’avoue qu’il m’a donné envie de découvrir d’autres romans de Jérôme Ferrari, que je ne connaissais pas du tout avant la sortie de ce roman.
Maghily
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le 5 déc. 2012

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Maghily

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