Les Souffrances du jeune Werther, c’est une histoire d’amour qui commence comme toutes ou presque toutes les histoires d’amour. Werther rencontre par hasard Charlotte, jeune-fille vive, pleine d’esprit, aimante envers ses frères et sœurs dont elle a la charge depuis la mort de sa mère, et de suite tombe éperdument amoureux d’elle. Rien que de très commun aussi dans le fait de voir les sentiments du garçon forcés à rester tapis dans l’ombre car la demoiselle est déjà promise à un autre, et Werther, avec la moralité qu’est la sienne ne se voit pas trahir et celui qu’il commence à considérer comme un ami, et la pureté de celle qui petit à petit deviendra la seule chose qui compte dans sa vie, qui deviendra sa vie.

Les Souffrances du jeune Werther, ce n’est pas qu’une histoire d’amour. Le jeune-homme porte un regard acerbe sur les différences de castes (très marquées dans l’Allemagne de Goethe) entre les « pauvres gens », les bourgeois dont il fait partie et l’aristocratie, qui bien que le tolérant, ne l’accepteront jamais et freineront une possible ascension professionnelle à cause de la naissance de ce dernier. Werther nous (enfin quand je dis « nous » c’est plutôt à Wilhelm, son correspond, nous sommes dans un roman épistolaire mais unilatéral) fait partager aussi ses points de vue sur le caractère de l’homme, l’importance des enfants et dans de superbes envolées si chères au style romantique, nous conte les magnificences de la nature.

Goethe dépeint avec justesse et précision le caractère et les sentiments très exaltés de cette première figure du romantisme et c’est aussi à cause de cela que certains pourront être « gonflés » par ce livre. Oui l’histoire pourrait être racontée beaucoup plus vite (et pourtant le livre est déjà court, environ 150 pages) mais ce ne serait plus LE roman précurseur du style romantique, duquel ne peut que se réclamer René, de Chateaubriand, par exemple. On adhère ou pas. Pour ma part j’ai trouvé Les Souffrances… passionnant, facile d’accès, se dévorant en quelques heures et là où Faust m’avait plu mais m’avait paru tout de même assez suranné, celui-ci, de par le sujet (les tourments de la jeunesse, son jusqu’au-boutisme) reste plus actuel. Et c’est un régal à lire, certains passages sont magnifiques et donnent envie de replonger à travers ces pages pour s’en imprégner encore un peu. Après-tout, rien de si surprenant, Goethe n'étant pas réputé pour écrire avec les pieds, ce qui anatomiquement serait de plus fort étrange.

En refermant ce livre, j'en suis même venue à penser que s’il m’était tombé sous la main à la fin de l’adolescence, il aurait surement fait partie de mes livres préférés tant l’on comprend en le lisant l’engouement qui fut suscité chez beaucoup de jeunes-gens, contemporains de Goethe, quand d’autres trouvèrent cette œuvre scandaleuse, y voyant une ode au suicide.

Une bonne entrée en matière pour ceux qui souhaiteraient découvrir l'auteur allemand.
Pravda
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le 16 avr. 2013

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