Malevil
8.1
Malevil

livre de Robert Merle (1972)

Classique, efficace, un livre de "faiseur"



L'apocalypse nucléaire a eu lieu. Un groupe de survivants occupe un château fort du moyen âge et essaye de survivre dans le monde hostile d'après "l'événement" : rareté de la nourriture, bande de pillards errants... Le lecteur ne saura jamais rien du pourquoi de l'événement ou de ce qui passe dans le monde, la force du livre c'est de s'intéresser à un groupe de personnes et de voir comment ils réagissent et évoluent dans une situation terrible.

Malevil c'est un roman d'anticipation qui traite plutôt bien un sujet assez classique, la réorganisation des survivants dans un monde post-apocalyptique.

Je dis plutôt bien car Merle est un excellent conteur et son récit est très accrocheur : les rebondissements sont nombreux, l'action omniprésente, c'est bien écrit (sobre, classique mais efficace), les personnages sont bien campés même si ils sont un peu archétypaux. Les rebondissement sont toutefois plutôt classiques (enfin pour ce genre de thème) ainsi que les solutions que trouvent nos héros.

Les questionnement surgissent à chaque page : comment faire face au quotidien dans un monde détruit ? faut il renoncer à l'ancienne morale pour adopter des comportements permettant la survie ? quelle place pour l'amour? la violence ?


Merle mêle avec adresse récit d'aventure et interrogation sur l'homme et sur la civilisation et ce roman avait donc vraiment tout pour me plaire et décrocher au moins quatre étoile. Mais j'ai eu un gros problème pendant tout le roman : le narrateur. Qui est aussi le personnage principal et le chef de la communauté, malheureusement pour le lecteur.

En fait il m'a été insupportable dès le début : infaillible, prétentieux, sur de lui, don juan, chef de guerre génial, fin politique, adulé par ces camarades qui encensent chacune de ses décisions etc etc. Non seulement il a trop de qualité pour ne pas être absolument inintéressant mais en plus il est totalement prétentieux. Et comme il est également le narrateur cela m'a rapidement agacé pour rester poli.

Alors je me doute bien que cette prétention qui transpire est plus ou moins voulue par l'auteur mais je me suis demandé pendant toute la lecture, pourquoi ? Sans jamais trouver la réponse, je dois bien l'avouer.

Et puis toutes ces qualités dans une seul personne c'est vraiment très lassant. Alors que les autres personnages sont très humains avec leur force et leur faiblesse (la psychologie des personnages est toutefois limitée dans tout le livre), le narrateur est un surhomme que tout le monde adore avoir comme chef et lui trouve ça tout a fait normal.

Ce ne sont pas les rares et courts contrepoints venant d'un autre narrateur qui viendront changer ce sentiment très désagréable qui gâche quand même pas mal le livre je trouve.

Finalement j'étais très content d'avoir fini pour être enfin débarrassé d'Emmanuel Comte.

Au final j'ai le sentiment d'un récit plutôt classique dans sa thématique et dans son traitement, conté avec talent mais qui reste loin du chef d'œuvre à cause d'une psychologie des personnages plutôt sommaire et d'un narrateur simplement insupportable.

Un livre de "faiseur" comme certains les appellent : ces auteurs qui savent construire conduire une histoire, savent écrire bref qui savent faire des bons romans mais à qui il manque la petite flamme qui fait les vrais chefs d'œuvre
Coriolano
6
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le 13 juin 2010

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Coriolano

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